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Menace de crue à Saint-Gervais : l’explication du glaciologue

Par La Chaîne Météo
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Alors que les opérations de forage ont débuté ce mercredi sur le glacier de Tête Rousse, en vue d’éviter un &e

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Glacier du Mont-Blanc © LCM

Alors que les opérations de forage ont débuté ce mercredi sur le glacier de Tête Rousse, en vue d’éviter un écoulement dévastateur sur la ville de Saint-Gervais, explication de la situation avec le glaciologue Christian Vincent.



L’objectif : un écoulement naturel



Actuellement sur place pour contrôler le bon déroulement des manœuvres, Christian Vincent nous éclaire sur la manière dont le glacier va être vidé de sa gigantesque poche d’eau : « il y aura au moins 3 forages, verticaux, jusqu’à 40 mètres de profondeur. Le glacier a une épaisseur d’environ 70 mètres de profondeur. La poche d’eau se trouve à 40 mètres de profondeur. L’objectif de ces jours-ci est de réaliser un premier forage vertical, puis de descendre la pompe émergée, ce jeudi ou vendredi, qui devrait permettre de refouler l’eau en surface. Celle-ci devrait ensuite s’écouler naturellement dans le torrent, sans aucun risque sur la population. Le problème, c’est qu’on ne sait pas comment toute cette eau est répartie, nous ne connaissons pas encore la localisation de tout le volume, seulement d’une partie. »



Une menace imminente




Si une telle poche a pris plus d’une centaine d’années à se constituer, pourquoi tant d’agitations autour de ce glacier lors de cet été 2010 ? « Nous avons commencé à étudier ce glacier en 2007 pour savoir s’il présentait un risque pour la population. Au fil de ces études, notamment par radars, nous avons découvert une zone d’anomalie qui contenait de l’eau liquide. Cette supposition a été confirmée par les forages en 2010. La comparaison avec la catastrophe de 1892 est tout à fait valable car à l’époque, la poche d’eau contenait 80 000m3, aujourd’hui elle en contient 65 000, les valeurs sont donc similaires. De plus, lorsque nous avons commencé à percer, l’eau est immédiatement remontée en surface. Cela signifie que les valeurs de pression sont importantes. Et ce cas-là, nous savons que la situation est très instable et qu’il ne faut pas attendre » explique le glaciologue.



Le changement climatique, une cause valable ?




A l’heure des discours dissonants sur le changement climatique et ses menaces éventuelles, l’expert admet que la réponse est encore sujette à vérifications : « le lien avec le changement climatique existe, mais est très indirect. Il faut se demander comment cette eau a pu être retenue dans ce glacier. Il s’agit d’un petit glacier de 8 hectares, dans lequel nous avons un régime thermique particulier : ce sont en effet ses températures qui nous étonnent. Nous avons donc installé des capteurs thermiques en juillet dernier. La partie la plus haute du glacier est à 0°C, et la partie la plus basse est à –2°C. Cette glace froide d’en bas est étanche et imperméable à l’eau. L’eau qui provient du haut est donc retenue lorsqu’elle descend et rencontre la glace froide d’en bas. Pourquoi la langue du glacier est-elle froide ? Nous avons effectué des simulations à l’aide de modèles et notre hypothèse actuelle est que ce refroidissement est dû à un rétrécissement du manteau neigeux. Ces dernières années, nous avons en effet constaté que le volume du manteau neigeux a chuté dans de nombreux glaciers. Or, ce manteau constitue généralement un isolant. Le lien avec le changement climatique est indirect et paradoxal : de manière très simplifiée, le réchauffement cause une fonte du glacier, qui a pour conséquence un refroidissement de la langue située tout en bas. Cette base froide a ensuite pour effet de maintenir une poche d’eau qui s’accumule progressivement. »



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