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Pourquoi l'hiver 2013 est-il exceptionnel?
Alors que le printemps est théoriquement bien entammé, l'hiver joue les prolongations sur la moitié nord de la France, avec des
Ce froid inhabituel maintient son emprise sur toute l'Europe du nord, où l'on assiste au mois de mars le plus froid depuis 1883 en Grande-Bretagne, 1845 en Belgique ou encore 1922 dans le nord de la Suisse. Les tempêtes de neige survenues en Ukraine sont les plus fortes de ces 50 dernières années à cette période. En Angleterre, le bétail est en perdition dans le blizzard, et l'on se souvient de la tempête de neige historique survenue en Normandie le 12 mars.
Un hiver tardif qui joue les prolongations
La question est souvent posée: cet hiver tardif est-il exceptionnel? A cela, l'on peut répondre par l'affirmative concernant la période de l'année : dans l'ouest, par exemple, il n'avait pas fait aussi froid fin mars depuis 1987. A ce sujet, les années 1985 à 1987 correspondent au dernier cycle d'hivers rigoureux qui avaient concerné la France, et qui avaient été bien plus sévères qu'actuellement (la vague de froid de janvier 1985 figure parmi l'une des plus rudes du 20 ème siècle en France). Au bilan, ce mois de mars 2013 devrait afficher un déficit de température de l'ordre de 1,5°C, avec des pointes à -3° pour les régions les plus au nord-est (du Nord à l'Alsace).
Concernant la neige, là encore, pas de record : des chutes de neige tardives sont déjà tombées en plaine de façon occasionnelle jusqu'en première décade d'avril (1999, 2008), plus rarement jusqu'en début mai (neige sur la touraine en mai 1997). On peut considérer que la neige en plaine est possible sur la moitié nord de la France jusqu'au 15 avril, avec parfois des épaisseurs importantes (20 cm sur le boulonnais en avril 2008).
Un phénomène cyclique
Notre vidéo et nos graphiques ci-dessus mettent bien en évidence le caractère cyclique des hivers en France (cyclicité que l'on observe d'ailleurs pour toutes les saisons). Le 20 ème siècle a connu plusieurs phases d'hivers, dont les plus rigoureux se sont produits dans les années 40, 70 et 80. Des périodes " sans hiver " sont également survenues notamment dans la décennie 2000, caractérisée par des vents d'ouest réccurents, de fortes pluies et tempêtes, de la douceur interminable et un manque de neige criant en montagne : à cette époque, les partisans du réchauffement climatique se sont emballés tandis que les stations de sports d'hiver envisageaient désormais un avenir sans neige.
Mais les temps changent et les cycles fluctuent : globalement, depuis 2003 / 2005, l'Europe et la France ont renoué avec le retour des hivers froids et enneigés; depuis 2006, l'enneigement en montagne est aussi marqué qu'au milieu du 20 ème siècle, tandis que les plaines ont retrouvé des épisodes neigeux aussi intenses que dans les années 80. Certes, on n'a pas (encore) retrouvé des vagues de froid aussi intenses qu'en janvier 1985, 1963 ou février 1956, mais celle de février 2012 fut plutôt rude. Parallèlement, depuis 2006, la France renoue aussi avec des étés frais (mais cela reste une exception à l'échelle de l'hémisphère nord).
Hivers froids, étés chauds : est-ce normal?
Force est de constater que depuis 10 ans maintenant, les contrastes saisonniers sont plus marqués sur la planète : alors que l'hiver actuel vient d'être très froid dans l'hémisphère nord, n'oublions pas que l'été vient d'être marqué par des records de chaleur absolus dans l'hémisphère sud. De même, l'été dernier a été historique en Amérique du Nord ainsi qu'en Russie. La thèse d'un "refroidissement climatique " ne peut donc pas être avancée, de même que celle du réchauffement doit être tempérée : à cet égard, certains chercheurs membres du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat) viennent de suggérer à mots couverts que " le réchauffement planétaire s'est arrêté depuis 17 ans ", l'année 1997 ayant été la plus chaude (1).
Depuis, les températures sont en phase de plateau. La suite reste très incertaine : reprise de la hausse, stabilisation durable ou tendance à la baisse ? les thèses sont nombreuses, influencées par les cycles solaires, la superficie des glaces polaires, les cycles océaniques multi-décennaux, et la réaction de l'atmosphère aux rejets des gaz à effets de serre, entre autres multiples paramètres...
En définitive, on le voit bien, la variabilité naturelle du climat semble être le paramètre principal qui détermine nos saisons, éventuellement influencée par les activités humaines, mais dans une mesure que l'on ne sait pas quantifier précisemment. Il serait prétentieux d'affirmer que telle ou telle théorie est meilleure qu'une autre. Le débat reste ouvert et la recherche doit encore avancer. Quant à notre climat, pour en savoir plus sur sa réelle évolution, il faudra encore au moins une quarantaine d'années avant de pouvoir déceler une tendance claire vers un réchauffement, un refroidissement ou une phase de palier.
Ce sujet fera l'objet d'une prochaine enquête de La Chaine Météo, visant à exposer de façon impartiale les différentes thèses en cours sur la question.
(1) - Dr Rajendra Pachauri : « Il n’y a pas de réchauffement depuis 17 ans. » Les enregistrements du centre Hadley et de l’Unité de Recherche sur le Climat (CRU en anglais) (basée à l’université d'East Anglia) ne montrent aucune hausse des températures depuis 18 ans (v.3) ou 19 ans (v.4), et l’ensemble des données du satellite RSS (Remote Sensing Systems) n’affichent aucune élévation depuis 23 ans (information délivrée par Werner Brozek). L'ingénieur Pachauri a déclaré que l'arrêt du réchauffement aurait dû durer de "30 à 40 ans au moins" pour casser la tendance de réchauffement mondial à long terme. De plus, les meilleurs spécialistes mondiaux du climat ont écrit dans le rapport sur le climat de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) en 2008 que 15 ans ou plus sans réchauffement indiquerait une discordance entre les modèles imaginés et la réalité mesurée.
Sources : contrepoints.org / The Australian / Watts Up With That
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