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Catastrophes météo : Top 5 des villes les plus à risque en France

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Alors que l'actualité météo nous rappelle que la France est vulnérable face aux risques météorologiques, vous êtes nombreux à nous demander quelles sont les villes les plus dangereuses en France. Découvrez le Top 5 des villes les plus exposées aux aléas climatiques.

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© La Chaîne Météo

En terme de catastrophes naturelles la France est un pays relativement exposé, notamment si l'on prend en compte les départements et Collectivités d'Outre-Mer. Au niveau mondial, elle serait classée au 40 ème rang des pays les plus exposés aux risques. Cependant, sa capacité d'y faire face (infrastructures, niveau de développement...) place la France métropolitaine aux alentours du 150 ème pays à risque (mais la Guyane française se situe au 24 ème rang mondial), alors que les Pays-Bas sont au 12 ème rang d'exposition et au 51 ème rang pour le risque (1).

Des risques essentiellement d'ordre météorologique

Alors que certains pays sont davantage menacés par les risques sismiques ou industriels, la France est particulièrement exposée aux risques climatiques et océanographiques, souvent liés. Pour réaliser ce "TOP 5", non exhaustif, nous avons étudié les régimes climatiques, la récurrence d'événements marquants et leurs impacts sur la société (dégâts, victimes). On aboutit ainsi à un "indice d'exposition au risque". Il en résulte que les villes d'Outre-Mer détiennent la palme d'esposition aux risques, tandis qu'en Métropole, ce sont les villes du sud de la France qui s'avèrent être les plus dangereuses. A l'image du continent Européen, c'est en allant vers le nord que l'on est le plus en sécurité face aux aléas météorologiques.

Quels sont les risques ?

Ceux qui reviennent fréquemment en France sont majoritairement les inondations, qui représentent 56% des coûts en terme d'assurance et de réassurance (état de catastrophe naturelle). Il convient néanmoins de nuancer ce risque, car une crue éclair n'a pas le même effet qu'une crue fluviale lente. Les tempêtes et ouragans viennent ensuite, notamment pour nos départements d'Outre-Mer qui battent de nombreux records mondiaux d'exposition aux risques naturels (en particulier les Antilles, fortement exposées aux ouragans, tandis que La Réunion fait plutôt face aux plus fortes pluies de la planète).

Enfin les risques liés à la mer (surcote, submersion, fortes vagues) sont en relation avec les conditions météo, même si le lien de cause à effet est moins direct : nous en avons tenu compte dans ce TOP 5.

Le TOP 5 :

1) - Saint-Pierre (Martinique) : rayée de la carte à tout moment

© La Chaîne Météo

A la sous-préfecture de la Martinique, on pourrait adjoindre Fort-de-France ainsi que d'une manière générale les villes des Antilles (et dans une mesure un peu moindre, de la Réunion). Le climat de la Martinique est, comme celui de tout l'arc Antillais, tropical humide et sujet à de fortes pluies tout au long de l'année mais plus particulierement en été et en automne, saison des ouragans. Le risque est maximal d'août à fin septembre. Le climat est régi par les vents d'est réguliers, les alizés, qui apportent l'air humide de l'Atlantique. Il arrive que des "ondes d'est"plus puissantes dégénèrent en tempête tropicale, voire même en ouragan. A ce jour, le dernier ouragan dévastateur en date fut Dean en août 2007 (avec des rafales à 215 km/h), occasionant de lourds dégâts.

Les sources historiques témoignant des catastrophes passées en Martinique sont nombreuses depuis la colonisation : plusieurs centaines d'ouragans ont causé d'inonbrables victimes, tant en 1780 qu'en 1970 (Dorothy). En l'occurence, Saint-Pierre cumule des risques naturels qui parfois se conjuguent : ouragans, raz-de-marée et éruption volcanique (les années 1902 et 1903 furent dramatiques à ce sujet). Rappelons que l'agglomération de Saint-Pierre est située au pied du volcan actif de la Montagne Pelée.

2) - Nîmes (Gard) : sous la menace des crues-éclairs

Inondation © Julien cancemi

Le 3 octobre 1988 se déroula l'une des pires catastrophes météorologiques françaises du XXème siècle. Un orage stationnaire déversa plus de 420 mm de pluies torrentielles dont 263 mm dans la matinée. Les eaux déferlèrent des hauteurs surplombant la ville et convergèrent vers le centre-ville. Hormis la destruction de la ville, des automobilistes furent piégés et l'on dénombra 10 victimes.

Cette configuration est caractéristique du climat méditerranéen, en particulier dans les départements cévenols : c'est pourquoi les météorologues parlent d'épisodes cévenols. Nîmes n'est pas la seule ville exposée à ce risque : l'actualité récente nous a montré que Montpellier n'est pas à l'abri (mais le relief plus plat diminue la violence de ce risque). On se souvient aussi des crues éclairs survenues à Alès en septembre 2002, à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) en septembre 1992 ou encore à Draguignan (Var) en juin 2010 (26 morts). Les crues du domaine méditerranéen sont donc redoutées depuis la nuit des temps pour leur violence et leur récurrence, survenant généralement à la fin de l'été. Les travaux de calibrage des cours d'eau et des fossés depuis ces épisodes ont permis de diminuer les effets de ces pluies torrentielles.

3) - Grenoble (Isère) : entre canicules, risque de crues et vagues de froid

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Les villes situées au fond d'une cuvette sont particulièrement vulnérables à presque tous les risques météorologiques. Compte-tenu de la situation géographique de Grenoble au fond d'une cuvette, cernée par les montagnes, avec deux grosses rivières qui se rejoignent (l'Isère et le Drac), une catastrophe serait possible. C'est déjà arrivé : éboulements et chutes de blocs de pierre en 1997, 1998, 1999. Crue de l'Isère et inondations en 1990, 2008, 2013...Grandes crues historiques au 16 ème siècle. Tempête de neige (cassant tous les arbres vers la gare) en octobre 2012 et janvier 2013... Sans compter que Grenoble connaît des extrêmes de températures pénibles à supporter pour les personnes fragiles (conjuguées à la pollution de l'air) : canicule en été, froid extrême en hiver (on passe de presque 40° en été à parfois -15° en hiver)...A cet égard, Grenoble offre une forte exposition aux risques, auxquels on peut ajouter des pics de pollution de l'air et le risque industriel. La configuration géographique de la cuvette grenobloise l'expose au risque de vents forts (pouvant causer de gros dégâts comme en 2007), d'orages stationnaires déversant de grandes quantités de pluie et de grêle. En outre, les périodes de canicule ou de grands froids sont exacerbées car l'air y est plus difficilement brassé. Grenoble est également exposée aux grandes crues de l'Isère et du Drac, car située à leur confluence. Les digues particulièrement élevées témoignent de la lutte incessante des urbanistes depuis le XVI ème siècle.

4) - Nice (Alpes-Maritimes) : menacée par la mer et la montagne

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Dans la liste des villes méditerranéennes, nous avons voulu différencier les villes cévenoles du reste du pourtour méditerranéen. Nous aurions pu y adjoindre Marseille, Perpignan ou encore Bastia pour des risques similaires, mais il est vrai que Nice cumule une forte exposition aux risques météorologiques, sismiques et géomorphologiques (glissements de terrain). La configuration de la 5ème ville de France en amphithéatre, coincée entre la montagne, la mer et la vallée du Var, en fait un lieu de forte exposition avec d'importants enjeux (urbanisation). Les risques principaux viennent de la mer (coup de mer, submersion et tsunami) ainsi que des hauteurs (ruissellement torrentiel en cas de forts orages). Le Paillon, ce petit fleuve côtier qui se jette dans la Baie des Anges, est partiellement couvert et endigué notamment dans sa traversée du centre-ville; Cette configuration en fait un objet de surveillance car ses crues brutales peuvent être dévastatrices (comme en 1979 et en 1994). Quant au risque de tsunami, à ne pas confondre avec les vagues parfois gigantesques qui déferlent lors des "coups de mer", il est lié à la sismicité du bassin méditerranéen, pouvant occasionner des raz-de-marée.

5) - Quimper (Finistère) : à la merci d'une submersion

plancoet sous les eaux © La Chaîne Météo

Les villes de l'ouest de la France sont moins exposées aux risques météorologiques, malgré le passage des tempêtes océaniques parfois très puissantes (Lothar et Martin en 1999, Klaus en 2009, Xynthia en 2010...). Mais d'une façon générale, les effets liés au vent sont moins brutaux et occasionnent moins de victimes que les crues éclairs, sauf en cas de submersion (Xynthia en 2010) par conjonction des grandes marées sur une côte basse (Vendée).

Certaines villes vivent avec le risque récurrent de submersion lorsque la crue d'un fleuve côtier coïncide avec une marée haute de vive-eau, et lorsque les vents violents empêchent l'écoulement des eaux vers la mer. Elles connaissent ainsi des années dramatiques comme lors de l'hiver dernier où Quimper, Quimperlé ou encore Morlaix, toutes situées à l'embouchure de petits fleuves côtiers (l'Odet, la Laïta), ont été totalement inondées à chaque grande marée. Une telle situation revient environ tous les 10 ans, mais on a pu noter des périodes plus néfastes (1990, 1993, 1995, 1999, 2000, 2003, 2011, 2013). Malgré les coûts élevés de ces inondations, les victimes sont rares car les montées des eaux restent assez progressives.

(1) Synthèse de diverses sources dont CatNat, l'ONU et "Planète Gaïa".

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