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Saints de Glace 2015 : doit-on craindre le gel ?
Des jardiniers comme des frileux, les Saints de Glace sont craints pour leur coup de froid légendaire. Retour sur les origines de cette croyance, et première tendance météo.
Issus d’une vieille croyance populaire européenne du deuxième millénaire, les Saints de glace sont fêtés chaque année les 11, 12 et 13 mai. Les régions les plus septentrionales (notamment l'Alsace, où les gelées sont généralement plus tardives) ont ajouté également les 19, 20 et 25 mai. Les agriculteurs des régions du Nord de la Méditerranée imploraient Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais de protéger les plantations de la baisse de température et du gel qui survenaient généralement à cette époque. Il pouvait en effet arriver que les récoltes subissent un gel destructeur, survenant de manière plus ou moins brutale, dans les zones montagneuses jusqu’à fin mai. Au-delà de cette période, à partir du 26 mai, on considère généralement que les jardiniers peuvent commencer à semer et planter sans craindre un coup de froid fatal. De là découle toute une série de proverbes et dictons régionaux tels que « Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace », « quand il pleut à la Saint Servais, pour le blé, signe mauvais. », « quand la Saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré » ou encore « Saint Servais, Saint Pancrace et Saint Mamert font à trois un petit hiver ».
L'explication physique
Cette légende prend sa source au début du deuxième millénaire alors que la mini-vague de froid printanier apparaissait réellement au cours du mois de mai dans certaines régions du monde. Les populations du Nord de la Méditerranée avaient observé une chute des températures nocturnes et matinales une fois tous les deux ans à cette époque. Les astrophysiciens expliquent l’origine de cette croyance par le fait que vers mi-mars l’orbite de la Terre traverse une zone de l’espace chargée de poussières (constituées de résidus de planètes) qui représente un obstacle aux rayons du soleil. Les effets du soleil sur la Terre seraient alors diminués, ce qui conduirait à une baisse significative des températures. De nos jours, il semblerait que celle-ci ait été avancée d’au moins un mois, plutôt dans le courant du mois de mars. Il n’est pourtant pas impossible qu’une vague de froid se produise au mois de mai. En effet, des courants froids venus des hautes latitudes envahissent parfois la France. Ils engendrent une baisse marquée des températures. Sous un ciel dégagé et sans vent, des gelées tardives peuvent alors se développer. La légende des Saints de Glace a donc bien un fond de vérité, même si les observations basées sur les dernières années tendent à montrer que le mois de mai s’avère être de moins en moins une période à risque pour les plantations.
Des statistiques peu probantes
Si l'on observe le temps qu'il a fait au moment des Saints de glace ces dernières années et au cours des précédentes décennies, on s'aperçoit qu'aucune corrélation n'apparait : il y a autant de Saints de glace chaud que de froid. Le gel reste rare, puisqu'aux cours des dernières années, seule 2010 a vu de réelles gelées sous-abri. En moyenne, par décennie, on observe entre 2 et 3 années où il fait froid à cette période.
Un risque de gel cette année?
Pas de gel a craindre d'ici les Saints de glace puisque les rafraichissements temporaires ne seront pas suffisants pour permettre aux températures de s'abaisser sous le 0°C en plaine. Ironie du sort, la période des saints de glace du lundi 11 au mercredi 13 mai correspondera même à une situation météo quasi estivale avec des températures nettement au dessus des valeurs de saison. Grâce au flux de sud, les températures devraient atteindre 28°C en région parisienne et même plus de 30°C dans le sud-ouest.
Fraîcheur marquée mercredi matin au nord de la Seine
Dans la nuit de mardi à mercredi, l'advection d'air plus frais venu de la mer du Nord, et la présence d'un ciel étoilé feront plonger le thermomètre aux alentours de 2 à 5°C de la Normandie au Nord-Picardie. Quelques faibles gelées blanches, dans des zones abritées, ne sont donc pas totalment exclues très localement.