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Le El Nino 2015 sera-t-il historique ?
C'est en tous cas ce que craignent certains météorologues américains. La situation actuelle dépasse déjà le seuil du précédent El Nino historique de 1997 - 1998.
Le phénomène El Nino est une anomalie chaude se produisant dans l'océan Pacifique. Selon des cycles décennaux, les alizés changent de direction le long de la zone intertropicale, poussant les eaux chaudes vers la côte américaine. A l'opposé, les eaux froides remontent du coté australien et des archipels indonésiens.
Ce processus naturel produit des bouleversements climatiques au niveau planétaire, essentiellement le long de la ceinture équatoriale : pluies et tempêtes vers l'Amérique Centrale et le Pérou, davantage de cyclones dans l'océan Pacifique, sécheresse sur l'Australie, et moins d'ouragan dans l'Atlantique.
Ces modifications océaniques et atmosphériques bousculent aussi le climat nord américain, tandis que l'Europe reste plutôt à l'écart, bien que des corrélations éloignées soient possibles : à ce sujet, des études scientifiques font toujours débat.
Un automne à haut risque pour la planète?
Le phénomène El Nino, qui a débuté au printemps, est toujours en phase de renforcement. Les températures de l'océan Pacifique Oriental sont supérieures de 1,2°C à la moyenne, ce qui constitue un épisode marquant, mais pas encore historique. Mais selon les résultats communiqués par des climatologues de la NOAA américaine, le réchauffement de la mer dans cette zone pourrait atteindre +2°C cet automne et en début d'hiver, ce qui constituerait alors un évènement aussi intense qu'en 1997 - 1998, voire encore plus fort si l'anomalie se poursuivait à ce rythme. Le phénomène El Nino devrait persister jusqu'au printemps 2016.
Les conséquences pour la planète sont rappelées ici. En résumé, il faut redouter - entre autres - des tempêtes et pluies torrentielles sur le sud des Etats-Unis et l'Amérique Centrale, des cyclones très intense dans l'océan Pacifique et une sécheresse en Australie.
Quelles conséquences pour l'hiver?
Les relations de cause à effet d'un épisode El Nino sont plutôt bien définies pour le continent américain : l'hiver serait doux et très humide sur le sud des Etats-Unis, tandis que le Québec et le nord-est des USA seraient exposés aux vagues de froid et aux tempêtes de neige liées au décrochage du vortex polaire.
Pour l'Europe, les conséquences sont plus incertaines. Il est communément admis que les hivers sont plus doux et plus humides en Europe de l'ouest lors des années El Nino. Cependant, on a constaté qu'environ 40% des années à fort El Nino présentent des hivers beaucoup plus froids que la moyenne, notamment en Europe Centrale et en Russie (déficit de -1° à -3°). Ce scénario n'est pas envisagé majoritairement par nos modèles saisonniers, avec la perspective d'un hiver doux et humide. Mais d'autres résultat numériques modélisent quand même l'accumulation du froid sur la Russie et la Sibérie, à la différence de ces deux derniers hivers : c'est donc du coté de la Sibérie qu'il faudra guetter des signes précurseurs dès l'automne.
Si l'on compare l'hiver 1997 - 98, année du dernier épisode El Nino historique, la France avait connu un temps standard, alternant des jours froids en fin décembre 1997 et début janvier 1998, puis à nouveau en début février 1998. Le reste avait été plutôt doux et assez sec.
A Moscou, le mois de décembre 1997 avait été normal, janvier plus doux que les moyennes et février normal. Il n'y a donc pas de corrélation probante à ce sujet.
L'Atlantique Nord est au plus froid depuis les années 1980
Un autre paramètre est à prendre en compte : la température de l'Atlantique Nord, qui est au plus froid depuis les années 1980, ce qui a valu un été particulièrement frais pour l'Islande, l'Irlande et l'Ecosse cette année. Cette anomalie pourrait soit être favorable au creusement des dépressions sur l'Islande cet hiver, entrainant un vigoureux flux d'ouest doux et humide vers la France, ou, au contraire, provoquer un blocage anticyclonique sur l'Atlantique nord. A titre de comparaison, la situation était similaire de juillet à septembre 1985, précédent alors un hiver partiellement froid et neigeux sur toute l'Europe. Mais l'année précédente était un contre exemple : l'hiver avait été rigoureux, mais les eaux de l'Atlantique nord étaient plus chaudes. Rien de probant à chercher de ce coté-là non plus.