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Canicule cet été dans les Alpes : désastre pour les glaciers
Les Alpes ont connu un été aussi chaud qu'en 2003. Les glaciers ont beaucoup souffert. Bilan et analyse de La Chaîne Météo.
Si l'été 2015 se classe en 2ème position des étés les plus chauds en France depuis 1950, il est même l'un des plus chauds au centre-est du pays, en particulier en haute montagne, où les températures ont été parfois plus élevées qu'en 2003, année de la canicule.
Les Alpes du Nord ont connu un réchauffement climatique plus rapide et plus intense que dans le reste de l'Europe depuis les années 1950, et surtout depuis 1998 avec 2°C de hausse (contre 1,3° en moyenne pour les plaines environnantes). Ce réchauffement s'est accompagné d'une diminution des chutes de neige - et même des précipitations en général, ce qui reste assez complexe à expliquer.
Au final, une diminution des cumuls de neige conjuguée à une fonte estivale plus marquée provoque une accélération de la fonte des glaciers et des névés : c'est la configuration la plus défavorable qui soit.
Alpes : aussi chaud qu'en 2003
Ainsi, le mois de juillet 2015 a été aussi chaud que le mois d'août 2003, période de la canicule exceptionnelle qui avait concerné toute la France. A l'Aiguille du Midi, au-dessus de Chamonix (74), à 3842 m d'altitude, il n'a pratiquement pas gelé pendant les 20 premiers jours de juillet, avec une maximale atteignant 13°C. Le mois d'août fut, par contre, un peu plus frais.
Cet été particulièrement chaud en haute montagne survient après un hiver assez peu enneigé, à l'inverse des Pyrénées. Ainsi, le manque de neige hivernal conjugué à un été chaud a mis à mal les neiges "éternelles" et les glaciers, multipliant les éboulements et les chutes de séracs. Que l'on se rassure, les neiges et glaciers alpins ne risquent pas de disparaître de sitôt, mais cette année 2015 s'incrit dans une période globalement chaude et sèche depuis 2003.
A ce jour, les étés les plus néfastes aux glaciers furent 2003, 2006 et 2015.
Une conjonction d'hivers secs et d'étés très chauds
Pour se maintenir, les glaciers doivent présenter chaque année un bilan positif entre l'alimentation (chutes de neige) et l'ablation (fonte estivale). Ce phénomène annuel connait des variations cycliques : par exemple, il est admis que les glaciers alpins ont connu une diminution de surface et d'épaisseur depuis la fin du Petit Age Glaciaire (fin du 19 ème siècle), mais au sein de ce retrait, on a pu observer de petites crues glaciaires (c'est à dire : des reprises d'extension) à la faveur d'hivers très enneigés et d'étés frais et humide (années 1970 à 1980 notamment).
De même, à plus petite échelle, les glaciers et névés (plaques de neige subsistant tout l'été) se sont plutôt bien portés entre 2009 et 2013 à la faveur d'étés plus frais.
Pour les Pyrénées, le cas est encore plus flagrant : là aussi, le recul est général depuis le début du 20 ème siècle, mais une succession récente d'hivers exceptionnellement enneigés a permi à certains de ces glaciers d'avancer à nouveau ces dernières années.
Eté 2015 : désastre pour les glaciers alpins?
Le terme est exagéré mais les glaciers ont beaucoup souffert jusqu'à plus de 3500 mètres d'altitude. Ils ont perdu en épaisseur, ils se sont fissurés, provoquant des chutes de séracs (blocs de glace qui se détachent). Le permafrost (sols et roches qui restent gelés en permanence) a été fragilisé, provoquant des éboulements et mettant en danger des pylones de téléphérique reposant sur ces socles rocheux.
Pour espérer une stabilisation de ce recul glaciaire accéléré, il faudrait un hiver particulièrement enneigé en montagne (afin de reconstituer les stocks de neige fraîche en amont) suivi en 2016 d'un printemps frais et humide et d'un été pourri. Il suffirait de quelques années maussades à la suite pour que nos glaciers regagnent ce qu'ils viennent de perdre, à l'image de leurs cousins pyrénéens.