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Climat : peut-on faire confiance à l'énergie nucléaire?

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

EDF a indiqué la semaine dernière que le parc nucléaire allait être renouvelé pour les prochaines générations de centrales en France, avec les "EPR" de nouvelle génération (comme à Flamanville). Cette perspective engage la France pour les 50 à 60 prochaines années, le temps nécessaire à l'arrêt planifié des centrales actuelles qui ont déjà 30 ans.

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Sans entrer dans des considérations d'ordre politique, il est clair que la France ne saurait se passer de l'énergie nucléaire, du moins pas pour l'instant. Pour se faire, il faudra poursuivre le développement des énergies renouvelables, dites "propres", telle que l'éolien ou encore le photovoltaïque. Mais à ce jour, la transition énergétique n'est pas encore de taille à répondre à la demande.

Dans ce contexte, et compte-tenu de la lutte programmée contre les émissions de gaz à effet de serre, le nucléaire reste donc la seule énergie de masse capable d'assurer l'indépendance de la France tout en respectant les quotas "carbone", qui sont taxés. Indiquons tout de même que cette indépendance est à relativiser car, à ce jour, l'uranium utilisé en France est importé.

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Une énergie propre?

L'avantage climatique du nucléaire est l'absence de rejet de gaz à effet de serre et de polluants dans l'atmosphère. Le nuage que l'on voit au-dessus des tours de refroidissement n'est que de la vapeur d'eau. Cela dit, ce n'est qu'un aspect de la problématique, car en période de pics de consommation, on fait appel aux centrales thermiques à flamme qui émettent du CO². Mais ce n'est rien comparé aux émissions liées à la combustion des énergies fossiles, tel le charbon. D'autre part, les opposants au nucléaire relèvent que l'industrie nucléaire émet des quantités non négligeables de gaz à effet de serre lors de l'extraction de l'uranium et de la fabrication du combustible nucléaire (CO2, mais aussi oxydes d'azote). Un rapport récemment publié par le cabinet indépendant WISE Paris montre d'ailleurs que "la contribution du nucléaire à la réduction des émissions de gaz à effet de serre est trop médiocre pour qu'on puisse le considérer comme une solution".

Les opposants à l'énergie nucléaire mettent aussi en exergue des problèmes de fond encore en suspens : les eaux de refroidissement des réacteurs sont rejetées dans les rivières et fleuves, ou dans la mer pour les centrales situées sur le littoral. Ces eaux sont censées ne pas être radioactives, mais elles sont chaudes et modifient les écosystèmes locaux. De même, en cas de sécheresse ou de très fortes chaleurs, ce problème est accentué lorsque le débit des fleuves diminue.

Et puis surtout, il reste l'épineux problème du stockage des déchets radioactifs : certes, il existe des projets visant à les enfouir dans des sarcophages en sous-sol imperméable, mais pour des siècles voire des millénaires, même si certains éléments radioactifs (tel le Césium 137) perdent la moitié de leur radioactivité en 30 ans.

Enfin, le coût reste avantageux malgré tous ces problèmes, les coûts de gestion et de stoskage étant compris dans le prix du Kw/h, selon la Cour des Comptes.

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