Actualités Météo
2015 : année planétaire la plus chaude ?
A quelques jours de la fin de l'année, 2015 s'annonce d'ores-et-déjà comme la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés contemporain en 1880, devant 2014 et 2010. En France, il s'agirait de la 4ème année la plus chaude.
Depuis le début des relevés météorologiques contemporains (considérés comme fiables depuis les années 1880 à 1900), les années les plus chaudes au niveau planétaire sont observées depuis 1998, avec une forte concentration depuis 2003. L'année dernière 2014 avait été la plus chaude avec un excédent de +0,68°C par rapport à la moyenne du 20 ème siècle : 2015 va battre ce record avec une anomalie probablement proche de +0,9°C.
Des différences dans les mesures
Il faut rappeler que les mesures météo ont bien évolué depuis le début du 20 ème siècle : non seulement l'urbanisation a englobé des stations jadis situées en campagne, mais d'autre part, la précision des instruments n'est plus réellement comparable. Depuis les années 1980, les mesures thermométriques ont laissé de plus en plus la place aux mesures altimétriques (par satellite), ce qui permet aussi de mesurer la température de la surface des océans et des banquises, ce qui n'était pas le cas auparavant. Il en résulte des différences qui sont réajustées informatiquement, mais qui peuvent engendrer de légers écarts.
Il est important de noter aussi, comme l'indique l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) que " les valeurs afférentes aux années les plus chaudes ne diffèrent que de quelques centièmes de degré les unes des autres, et que le classement varie légèrement selon le jeu de données considéré".
2015 : le pic du réchauffement climatique?
Malgré ces précautions d'usage, force est de constater que l'année 2015 sera, au niveau planétaire, de loin la plus chaude depuis le début des relevés, battant ainsi le précédent record de 2014. La marge serait importante, puisqu'on se rapprocherait d'un excédent de près d'un degrès par rapport à la moyenne du 20ème siècle.
Dans ce contexte, la France n'enregistrerait que sa 4ème année la plus chaude, derrière 2014, 2011 et 2003. Malgré un été très chaud, l'hiver dernier avait été dans les normales, puis les mois de septembre er d'octobre frais ont compensé l'excès estival.
Les phénomènes qui aboutissent à cette surchauffe sont principalement liés à un hiver dernier peu marqué sur le continent eurasien et sur tout l'ouest de l'Amérique du Nord. Les vagues de froid se sont essentiellement concentrées sur le nord-est des Etats-Unis et le Québec.
La saison estivale de l'hémisphère nord fut souvent très chaude (Europe et Méditerranée, Ouest des Etats-Unis, Inde, Australie, Afrique tropicale notamment). Les anomalies froides (Europe du Nord, nord du Québec) n'ont pas suffit à infléchir la tendance globale.
Le phénomène El Nino dans l'océan Pacifique est considéré comme un puissant amplificateur du réchauffement planétaire : chaque année "El Nino" s'est caractérisée par une surchauffe, notemment en 1998 (considérée comme l'année la plus chaude jamais observée selon certains modes de calcul). Le Nino 2015 apparait désormais comme l'un des 3 plus intenses depuis 1950 (avec 1983 et 1998). Il devrait perdre en intensité à partir du printemps 2016, avant le retour à une situation normale (dite "neutre") pour l'hiver prochain.
Conjugué au réchauffement climatique contemporain, le phénomène El Nino engendre donc le pic de chaleur de l'année 2015. Avec son affaiblissement prévu, l'année 2016 pourrait être un peu moins chaude. Selon l'hypothèse d'une lente baisse de l'activité solaire, et en tenant compte de la variabilité naturelle du climat, il serait plausible que la tendance au réchauffement planétaire se stabilise ces prochaines années avant une baisse un peu plus nette dans la décennie 2020 - 2030. Cette évolution sera sans doute dépendante de l'impact des activités humaines, mais dans une fourchette qui fait encore débat à l'heure actuelle au sein de la communauté scientifique internationale.