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Orages au sud-est : le danger des crues éclairs
Le passage de violents orages au sud-est de la France peut faire craindre de brusques inondations. On déplore souvent des victimes lors des épisodes cévenols.
La France paie un lourd tribut à ces épisodes brutaux. Ainsi, le géographe Laurent Boissier a estimé à plus de 200 personnes qui ont perdu la vie dans le Sud de la France suite à une inondation (Vaison-la- Romaine en 1992, Aude en 1999, Gard en 2002, Var en 2010…) lors de ces 25 dernières années.
La gestion du risque
Malgré les progrès réalisés en matière de prévention (alertes météo, surveillance des cours d’eau…), ces épisodes présentent souvent un lourd bilan, humain et matériel. A ce sujet, Isabelle Ruin, géographe à l’IGE (Institut des géosciences de l’environnement), au CNRS à Grenoble (Isère), indique – dans une interview donnée à Olivier Schlama pour « Dis-Leur » - que de nombreux décès pourraient être évités ; en effet, les alertes sont valables pour un département, alors que les gens sont souvent surpris dans le fond de petites vallées sèches qui se transforment alors en torrents furieux en quelques dizaines de minutes.
Malgré la récurrence quasi annuelle de ces épisodes pluvieux, les zones inondées ne sont pas toujours les mêmes, ce qui explique pourquoi on peut encore, à notre époque, se faire surprendre par un « crue-éclair », souvent en voiture.
Alors que les inondations du Texas – dont l’occurrence est également annuelle à la même saison – sont de grande ampleur et beaucoup plus durables, on assiste, en région méditerranéenne, à des épisodes très courts et très brutaux. La topographie escarpée joue en la défaveur des habitants : pour Isabelle Ruin, « selon la taille du bassin versant on n’aura pas la même réaction à ces pluies. Si elles sont parfaitement localisées sur un petit bassin versant avec de très fortes pluies, cela va surprendre tout le monde. Et si elles sont à cheval sur deux bassins, il n’y aura pas forcément une crue. On est au kilomètre près voire en deçà. C’est très compliqué. »
La voiture : piège mortel
En cas de crue subite, 40% des victimes sont prises au piège dans leur véhicule en France. Aux USA, cette proportion passe à près de 70% car le nombre de voiture par habitants est plus élevé. Alors qu’on se sent faussement en sécurité dans sa voiture, rappelons que dès que le niveau de l’eau sur une route atteint le bas de caisse, le véhicule commence à flotter. Si le courant est fort, ce qui est le cas lors d’une crue par ruissellement, la voiture est emportée dès 30 cm d’eau. Quand l’eau atteint le niveau des portières, on ne peut plus les ouvrir. Le moteur cale. Le courant emporte le véhicule, qui plonge vers l’avant en raison du poids du moteur. En revanche, un Homme debout peut résister dans un fort courant jusqu’à 70 cm de profondeur.
Les parkings souterrains
Autre cause de mortalité : les parkings souterrains. Habituellement drainés pour évacuer l’eau, ils se transforment aussi en piège mortel lorsque des flots d’eau se déversent dedans : ce fut le cas lors de la crue de Nîmes le 3 octobre 1998 (11 morts) et à Cannes (octobre 2015) : les gens ont péri noyés en tentant d’aller remonter leur véhicule.
Quels conseils pour les automobilistes ?
Il est formellement déconseillé de s’engager sur une route inondée, car, par définition, on ne voit pas la profondeur de l’eau, surtout en phase de crue, où l’eau peut monter très rapidement. Au pire, on laisse sa voiture et on demande un abri aux maisons alentours, si possible. Si on se fait surprendre par une rapide montée des eaux, on essaie de rester sur un point haut, même si, bien souvent, les automobilistes tentent de forcer le destin (pour traverser un gué submergé, par exemple).