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Vendanges 2018 précoces : l'influence du climat
Les vendanges sont particulièrement précoces cette année suite à un été chaud et sec. Est-ce que cette année précoce s'inscrit dans une tendance générale et à quoi doit-on s'attendre d'ici la fin du siècle ?
Des vendanges 2018 très précoces après un été chaud et sec
La saison 2018 a commencé dans une ambiance souvent humide pour de nombreuses régions viticoles française. Des orages violents ont traversé le Bordelais à deux reprises le 26 mai et le 15 juillet apportant de fortes chutes de grêle et provoquant de nombreux dégâts. Au total ce sont environ 3000 ha de parcelles qui ont été touchés. Ceci est arrivé juste après une saison 2017 déjà compliquée avec deux épisodes de gel tardifs.
Cependant on se dirige vers une année 2018 très qualitative grâce à un été chaud et sec qui a été favorable à une bonne maturation des raisins. Dans ce contexte chaud, deux vagues de très fortes chaleurs (Tmax > 35°C), ont concerné la France à deux reprises, une du 23 au 27 juillet et une autre du 1er au 8 août. La vigne n’a cependant pas souffert de la sécheresse car ses racines ont pu aller puiser dans les sous-sols l’eau, souvent tombée avec excès au printemps.
Ainsi, les vendanges 2018 sont particulièrement précoces et abondantes cette année (hormis dans les secteurs touchés par la grêle). Les vendanges ont même débuté le 7 août à Fitou dans l’Aude.
Changement climatique : vers des dates de vendanges de plus en plus précoces
Le développement de la vigne est étroitement lié à la température. C’est pourquoi certains scientifiques ont mis en place des indices basés sur des sommes de températures qui permettent de classifier les climats viticoles des plus frais au plus chaud. Ainsi, une somme de températures élevée correspondra à une année précoce, alors qu’à l’inverse une faible somme de température (année fraîche) sera une année plus tardive.
Les dates de vendanges observées aujourd’hui en France sont 15 à 20 jours plus précoces qu’il y a 40 ans. Une période fraîche pendant l’après-guerre a connu des dates de vendanges assez tardives, en moyenne entre mi-septembre dans le sud à mi-octobre dans le nord. Depuis la fin des années 80, la tendance s’est accélérée, ce qui est en lien avec l’augmentation de la température en France (voir graphique ci-dessus). Il est à noter que les pratiques de conduite de la vigne adoptées par l’Homme sont également responsables d’une partie de cette précocité, mais cette part reste difficile à quantifier.
Les impacts du changement climatique sur la viticulture
Avec l’augmentation de la température, les zones potentiellement cultivables en vigne devraient être amenées à se déplacer vers le nord dans l’hémisphère nord et vers le sud dans l’hémisphère sud. Ainsi de nouvelles terres deviendront cultivables et d’autres au contraire deviendront trop hostiles à la culture de la vigne. Il faut noter que ceci s’est déjà produit dans le passé, notamment pendant l’optimum médiéval (950 - 1350) où des vignes étaient cultivées jusqu’au sud de l’Angleterre ou de la Norvège.
Les conditions favorables à la culture de la vigne vont également migrer en altitude avec des terroirs à priori moins favorables qui deviendront beaucoup plus qualitatifs.
Quelles projections climatiques futures et quels impacts en France ?
Les différents scénarios du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Expert sur le Climat) prévoient une hausse de 1,5 à 4,5°C en France d’ici à 2100. L’un des scénarios médian (RCP 4.5) prévoit une hausse moyenne de 2°C, seuil pour lequel les viticulteurs auront encore des marges d’adaptation, notamment en modifiant leurs pratiques culturales. Au-delà, les marges de manœuvre seront plus étroites et certaines régions, notamment du sud de la France pourraient envisager de modifier les cépages par exemple.