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Pourquoi les orages seront nombreux et violents ces prochains jours
Alors que certains départements, comme la Drôme, ont été touchés par de fortes chutes de grêle le week-end dernier, les orages vont continuer de faire l'actualité ces prochains jours. Régis Crépet, météorologue-climatologue pour La Chaîne Météo, vous explique pourquoi de nouveaux phénomènes violents sont possibles jusqu'à la fin du mois.
Les orages de grêle ont été dévastateurs samedi 15 juin, peut-on s'attendre à un phénomène aussi violent en France dans les 10 prochains jours ?
Régis Crépet : La prévision de grêle reste encore très difficile à élaborer en météo, et il n'est pas possible de prévoir des chutes de grêle locales plusieurs jours à l'avance. Cependant, on connait les configurations météorologiques à risque sur un plan physique. On peut dire que les orages de ces prochains jours provoqueront indéniablement de nouvelles chutes de grêle (comme cela a été le cas en Normandie ce mardi soir), mais sans pouvoir spécifier leur localisation précise. Les régions les plus à risque sont cependant connues : le centre-est, le nord-est, ainsi que les Alpes du Sud et l'est des Pyrénées.
Quels sont les ingrédients météo propices au déclenchement d'orages vraiment violents et destructeurs ?
Régis Crépet : Le cocktail explosif pour former les orages les plus puissants résulte surtout de forts conflits de masses d'air, ce qui est le cas actuellement au-dessus de l'Europe de l'ouest et sur la France. Mais cela ne suffit pas : il faut aussi des vents forts dans le nuage d'orage, soufflant de façon opposée à différentes altitudes (on parle de cisaillement de vent, redoutable pour les avions), ainsi que de forts courants descendants et ascendants. La présence d'air froid en haute altitude renforce le dynamisme de l'orage.
Les mois de mai et juin ont été très peu orageux, pourquoi la situation orageuse s'active d'un coup mi-juin ?
Régis Crépet : Le mois de mai a été plutôt frais sur la France (-1°C de déficit thermique), ce qui n'est pas propice au développement des orages. Certains se sont quand même formés en mai, mais de façon plus isolée. Il s'agissait alors d'orages "d'air froid", plutôt comparable aux giboulées que l'on trouve généralement en avril. Cette même situation s'est prolongée en première décade de juin, avec l'accentuation des contrastes thermiques et de la chaleur sur notre pays, les orages ont trouvé davantage d'énergie et de carburant pour devenir violents.
Combien de temps cette situation instable/orageuse va-t-elle encore durer : 1 semaine, 2 semaines... ?
Régis Crépet : Cette situation orageuse récurrente sur la France semble devoir durer au moins jusqu'à la fin du mois, tant que le conflit de masses d'air entre la chaleur de l'Europe centrale et la fraîcheur de l'Atlantique se poursuivra. Les températures seront donc souvent chaudes sur l'est de notre pays, et plus fraîches sur l'ouest.
Entrevoit-on ensuite une vraie période calme, estivale et agréable s'installer ?
Régis Crépet : Il est tout à fait probable qu'une période plus calme et plus estivale se dessine en juillet, mais à ce jour, nos prévisions n'envisagent pas encore le retour d'une belle période durable avant la semaine du 14 juillet. Cela rejoint d'ailleurs nos prévisions saisonnières qui envisagent un été très changeant et orageux, ne laissant donc pas de place à de grandes vagues de chaleur durables, mais plutôt à des coups de chaud tournant à l'orage.
Se dirige-t-on vers un mois de juin record en termes d'orages, avec les violents orages de samedi et ceux de la Normandie mardi, et ceux prévus cette semaine ?
Régis Crépet : A ce jour, l'activité orageuse est restée très inférieure à la normale en cette première quinzaine de juin (40% inférieur à la moyenne). Le nombre d'impacts de foudre est en moyenne de 3000 par jours, c'est à peine ce qu'ont généré les vagues orageuses de ces derniers jours. Mais avec la rapide augmentation actuelle des vagues orageuses, on devrait finir le mois dans la moyenne standard sur la France avec certainement de grandes disparités entre la Bretagne, peu foudroyée, et le Centre-Est qui concentre jusqu'à présent l'activité orageuse la plus virulente.
Peut-on en conclure quelque chose pour la suite de l'été ? L'été s'annonce-t-il très orageux avec des phénomènes violents ?
Régis Crépet : Cet été pourrait ressembler à ceux des années 1995 à 2000, qui étaient assez chauds en moyenne mais très orageux après des printemps frais. Nos prévisions saisonnières avaient permis de mettre en évidence cette tendance, avec, parallèlement, une atténuation de la sécheresse de surface. On peut donc craindre de fréquentes vagues orageuses potentiellement violentes, avec les aléas qui s'ensuivent : grêle, inondations, chutes d'arbres, qui caractérisent les gros orages.