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La canicule de la semaine sera exceptionnelle
La canicule se maintient de lundi à samedi. En quoi cette canicule revêt-elle un caractère exceptionnel ? Eléments de réponse avec Pascal Scaviner, responsable du service prévisions de La Chaîne Météo.
Comment comparer la canicule possible la semaine prochaine à la dernière en date, celle d’août 2018 ?
Pascal Scaviner : Elles ne sont pas comparables. Celle de juin 2019 s’annonce différente de par la position des centres d’action qui la mettront en place et du type de flux qu’ils installeront. En août 2018, la masse d’air était très sèche, car véhiculée par un air continental, piloté par un anticyclone sur les îles Britanniques. Cette configuration a permis un fort ensoleillement qui a contribué à maintenir des températures très élevées. Celle à venir se formera par la rencontre de plusieurs flux d’origines différentes, venant à la fois des Canaries, du Sahara et de Méditerranée centrale. Elle sera liée à la proximité de dépressions circulant entre le proche atlantique et l’Afrique du nord, et des hautes pressions très étendues sur l’Europe du nord et l’Europe centrale.
Comment situer cette canicule de fin juin 2019 par rapport à celle qui fait référence, celle de 2003 ?
Pascal Scaviner : Celle de 2003 fut un événement climatique exceptionnel et majeur de par son intensité, son extension géographique et sa durée sur deux semaines entre le 1er et 15 août. Au niveau météorologique, elle s’explique par la mise en place d’une situation dite « de blocage » avec des hautes pressions persistantes, et axées de l’Afrique du nord jusqu’à des latitudes très nord au-delà des îles Britanniques. Cette configuration faisait barrage aux dépressions et ramenait de l’air très chaud et sec, au sol comme en altitude, en provenance de la Méditerranée. Celle de la semaine prochaine sera de durée nettement plus courte, de 3 à 5 jours et un peu moins étendue. Elle présentera néanmoins quelques similitudes avec celle de 2003, au regard de l’air très chaud présent en altitude et surface.
En quoi cette canicule est-elle différente d’une canicule « classique » ?
Pascal Scaviner : Elle l’est par la différence de la masse d’air qui la caractérise. Dans une situation classique, l’air est très sec alors que dans celle de la semaine prochaine, l’humidité sera élevée en rapport avec la situation assez atypique des centres d’action.
En quoi la présence d’humidité rendra-t-elle la situation difficilement supportable ?
Pascal Scaviner : Cela renvoie à la notion de température ressentie, en fonction de l’humidité. Il est ainsi plus difficile de supporter une température de 32°C dans une atmosphère humide que 38°C dans un air sec. Quand l’air est humide, et surtout très humide (lorsque le taux d'humidité atteint 90%), l’évaporation de la sueur du corps humain devient beaucoup plus difficile. Au lieu de s’évacuer par les pores de la peau, la sueur colle à la peau et ne permet pas à l’organisme de se refroidir par évaporation. La sensation de chaleur devient dès lors insupportable, surtout dans les grandes agglomérations où l’air circule peu ; et les lieux confinés comme les transports en commun.
Toutes les régions de France vont-elle être concernées par de fortes chaleurs et des zones peu habituées comme la Bretagne seront-elles touchées ?
Pascal Scaviner : Les trois quarts de l’hexagone seront touchés par cette vague de chaleur, et potentiellement la moitié des départements par la canicule. La Bretagne restera en marge de cette canicule, mais subira des vagues orageuses tout au long de la première partie de semaine. La situation sera quasi-tropicale sur l’est de la région avec des températures de 26 à 32°C tandis que les températures seront beaucoup plus supportables sur le Finistère, entre 20 et 25°C.
On a vu que la prévision des orages est parfois difficile, est-ce que la prévision des températures élevées est plus fiable ?
Pascal Scaviner : Elle est moins difficile. Le caractère local est mieux appréhendé par les modèles météo et les différences de températures présentent des écarts moins significatifs que pour les orages. Ces écarts ont surtout des conséquences plus importantes lors des orages. Les variations d’intensité sur la force des rafales et les quantités de pluies sont plus dommageables qu’une erreur de 3°C sur les températures les plus élevées.
Y-a-t-il un risque que la situation de la semaine prochaine change, qu’il n’y ait plus de vague de chaleur et canicule en vue ?
Pascal Scaviner : Non. Il y a juste une incertitude sur la durée précise de cette canicule, entre 3 et 5 jours.