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Sécheresse 2019 : atténuation de la sécheresse de surface
Après plusieurs semaines de temps sec et deux épisodes de canicule d'intensité inédite, les conditions météo ont radicalement changé depuis quelques jours avec le passage de perturbations pluvio-orageuses et des températures beaucoup moins élevées. Ainsi, la sécheresse de surface s'atténue nettement sur certaines régions tandis que sur d'autres, elle reste préoccupante.
Ce début de mois d'août a vu le retour d'un régime de sud-ouest perturbé sur une bonne partie du pays avec plusieurs passages pluvio-orageux sur notre pays. Les précipitations ont été hétérogènes avec des pluies copieuses sur un axe allant des Pyrénées à l'Alsace en passant par l'Auvergne-Rhône-Alpes. Par endroits, il est tombé l'équivalent de 3 semaines à un mois de pluie en quelques jours (62 mm à Strasbourg, 70 mm à Lyon) et même 114 mm à Saint-Etienne pour une moyenne mensuelle de 70 millimètres ! La sécheresse de surface qui était marquée sur ces régions au mois de juillet s'est donc très nettement atténuée avec l'arrivée de ces pluies bénéfiques pour la nature.
On a retrouvé aussi des passages pluvio-orageux actifs de l'Ile-de-France aux Ardennes avec 30 à 50 mm soit l'équivalent de 15 jours à 3 semaines de pluie. D'autres régions ont été beaucoup moins bien servies comme les régions s'étendant du centre-ouest à l'ouest de la Bourgogne et au sud de la Champagne avec des précipitations de 5 à 20 mm seulement, ce qui est bien insuffisant dans un contexte de sécheresse marquée. A noter aussi une zone encore déficitaire de l'intérieur de la Normandie jusqu'aux Flandres. Enfin les régions proches de la Méditerranée sont restées à l'écart des dégradation pluvio-orageuses avec une sécheresse très marquée depuis le début de l'été. Si la sécheresse fait partie intégrante du bassin méditerranéen, les épisodes de vent et les fortes températures n'ont fait qu'aggraver cette sécheresse des sols.
Un déficit pluviométrique chronique depuis l'été dernier
Les précipitations sont déficitaires sur la France depuis l'été dernier à quelques exceptions près. L'été 2018 a été particulièrement chaud et sec et la sécheresse s'est poursuivie jusqu'en octobre sur pas mal de régions. Si le mois de novembre a été correctement arrosé, cette situation n'a pas duré avec un hiver 2018-2019 pas assez pluvieux et un déficit pluviométrique de l'ordre de 21% sur la France.
Au printemps, on a observé un déficit de pluie de 16% à l'échelle de la France. Si le mois de mai a connu une pluviométrie proche de la normale avec des températures déficitaires, la situation hydrologique s'est nettement dégradée depuis la mi-juin avec un temps durablement sec et une période de canicule à la fin du mois de juin. Depuis le début de l'été météorologique (1er juin) le déficit de pluie approche 40% à l'échelle nationale.
Des nappes phréatiques en baisse rapide et déficitaires sur 60% du territoire
Les nappes phréatiques sont orientées à la baisse sur la majeure partie du pays ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'à cette époque de l'année, les précipitations ne servent pas à remplir les nappes mais sont utilisées par la végétation. Cette baisse du niveau des nappes est néanmoins très rapide car les précipitations sont très rares depuis quelques semaines d'où des besoins en eau accrus dans le domaine agricole mais auquel s'ajoute une pression en eau importante dans les régions touristiques.
Au 13 août pas moins de 83 départements sont concernés par des restrictions d'eau. La situation hydrologique est encore plus délicate qu'en 2018, d'autant que l'été n'est pas terminé.
Des conséquences déjà bien visibles en ce début d'été 2019
Les deux périodes de canicule exceptionnelle de juin et juillet et l'important déficit pluviométrique de pluies depuis la mi-juin sur de nombreuses régions ont des répercutions importantes dans le domaine agricole. On observe des baisses de rendements de l'ordre de 5 à 10% sur les récoltes en céréales. Chez les éleveurs, les prairies sont déssechées dans de nombreuses régions et il faut parfois puiser dans les fourrages d'hiver pour pallier au manque d'herbe fraîche.
Si la vigne résiste bien face aux fortes chaleur et à la sécheresse, la canicule de la fin juin 2019 a été particulièrement sévère. En Languedoc, les records de chaleurs ont été pulvérisés avec jusqu'à 46°C enregistré à Vérargues . Cet air brûlant associé au mistral a eu un effet de sèche-cheveu et des conséquences importantes sur les vignobles. Des feuilles et des raisins ont été littéralement carbonisés, ce qui n'avait jamais été vu de mémoire de viticulteurs dans la région. Selon la Chambre d'agriculture du Gard, 2500 ha ont été impactés de 20 à 80%. Dans l'est du département de l'Hérault, 7800 ha ont été impactés de 20 à 100% avec une projection à 10000 ha lorsque tous les sinistrés se seront fait connaître. La précocité de cette vague de chaleur après un printemps un peu frais explique aussi l'étendue des dégâts car les raisins étaient tout juste formés et plus fragiles qu'en plein été lorsqu'ils approchent de la maturité.
Autre conséquence de la sécheresse, le niveau des cours d'eau très bas sur certaines rivières, notamment sur le bassin de la Loire et de ses affluents. Dans l'Indre, un arrêté préfectoral a été pris pour interdire la pêche à la truite à partir du 22 juillet, sur l'ensemble des cours d'eau du département. Même dans le nord-est, les interdictions de pêcher commencent à tomber comme dans le département de la Meuse où la préfecture interdit la pêche sur les petits cours d'eau jusqu'au 18 septembre. Comme l'année dernière, certains tronçons du Doubs se retrouvent à sec et de nombreuses mesures d'interdictions de la pêche sont mises en places dans les secteurs où le niveau du cours d'eau est trop bas pour permettre cette activité.
Enfin, les sécheresses et les vagues de chaleur à répétition que nous connaissons depuis quelques années ont un impact important sur nos forêts. On observe sur les forêts de connifères des Vosges et du Jura des phénomène de rougeoiment et de déssechement lié au déficit hydrique important associé à des périodes de fortes chaleurs plus nombreuses. Dans le Haut-Rhin, pas moins de 100000 m3 de sapins ont dépéri au cours des derniers mois. Sur les arbres fragilisés, on assiste aussi à la prolifération d'insectes nuisibles tels que les scolytes, des coléoptères qui creusent des tunnels sous l'écorce des résineux et finit par entraîner la mort des résineux.