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Climat d'avril : les premières chaleurs estivales
Chaque début de mois, La Chaîne Météo vous présente les principales caractéristiques climatiques qui règnent à cette époque de l'année en France métropolitaine. A l’instar du mois de mars, le mois d'avril est marqué par de fortes amplitudes thermiques et il n’est pas rare de voir des flocons en début du mois comme de dépasser les 25°C sur toute la France après Pâques. Ces premiers coups de chaud de l’été qui se profilent sont la caractéristique notable des mois d’avril. Voici ce que peuvent vous réserver les mois d’avril en France.
Le mois d’avril confirme l’avancée dans la saison printanière, avec une végétation qui commence à s’éveiller et les premières couleurs vert tendre qui égayent les arbustes. Les cerisiers en fleurs déposent des flopées de pétales roses dans nos jardins. Il n’est pas rare aussi que la neige tardive recouvre cette végétation naissante d’un blanc manteau éphémère. Avril est le mois où l’on vérifiera la véracité du dicton « Pâques aux tisons ». C’est aussi celui où les premières chaleurs estivales peuvent envahir tout l’hexagone, alors qu’en mars elles restaient plutôt cantonnées dans le sud.
Températures d’avril : de l’hiver à l’été
Tout comme en mars, les températures d’avril connaissent de très fortes amplitudes thermiques sur le mois mais également sur une journée. On peut parfois relever des écarts de plus de 20°C entre le froid matinal et la douceur de l’après-midi, pour peu que les conditions météorologiques soient propices (ciel dégagé et rayonnement nocturne).
Les premiers coups de chaud peuvent faire monter les températures entre 25°C et 30°C en quelques jours lorsque les vents tournent au sud : à Paris, par exemple, l’écart des extrêmes dans le mois peut varier de –2°C à 28°C en avril, contre 2°C à 30°C en mai. A Mont-de-Marsan, ce même écart varie de –5.4°C à 32°C en avril.
En avril, les températures gagnent en moyenne 3°C entre le début et la fin du mois à l’échelle de l’hexagone avec une transition de températures encore parfois hivernales en première décade à des chaleurs souvent estivales en fin du mois...d’où le célèbre dicton « en Avril, ne te découvre pas d’un fil ».
Au cœur du printemps, les gelées sont encore fréquentes dans les terres mais disparaissent sur les bords de mer. Du massif Central au nord-est, on compte par exemple en moyenne 5 à 9 jours de gel en avril. C’est aussi le premier mois de l’année où le seuil de chaleur des 25°C est possiblement atteint sur l’ensemble du territoire ainsi que celui de forte chaleur de 30°C sur les deux tiers de l’hexagone, selon les années. A Paris, les premiers 30°C de l’année sont rares et surviennent davantage en moyenne le 4 mai. On observe cependant, depuis les années 2000, une tendance à l’avancée de ces premiers 30°C sur la dernière décade d’avril. A titre d’exemple, la vague de chaleur précoce d’avril 2018 a atteint 28°C à Paris et 29°C à Strasbourg.
Quant aux températures extrêmes, on a observé jusqu'à -19°C à Mouthe (Doubs), -8,5°C à Charleville-Mézières (Ardennes) pour monter à 33,2°C à Cazaux (Gironde).
Une tendance au réchauffement très nette depuis les années 2000
Le mois d’avril est le mois de l’année qui a subi le réchauffement climatique le plus net en France métropolitaine. Auparavant, au cours du 20 ème siècle des variations cycliques ont déjà donné lieu à une série de mois d’avril très chauds entre 1942 et 1948, puis en 1960 et 1989 mais hormis ces cas, les mois d’avril restaient majoritairement froids avec des températures inférieures aux moyennes saisonnières. Mais depuis 2002, les mois d'avril sont passés quasiment tous largement au-dessus des moyennes de saison, avec les quatre mois d'avril les plus chauds observés depuis 1900 en 2007, 2011, 2020 puis 2018. Cette tendance qui a engendré de très beaux printemps a par contre eu l’inconvénient d’accélérer la floraison des fruitiers devenus ainsi plus vulnérables aux gelées tardives.
Ensoleillement en avril : des jours de plus en plus longs
L’allongement de la durée du jour se poursuit allégrement en avril avec plus d’1h30 de soleil entre le début et la fin du mois. Le passage à l’heure d’été, qui s’effectue fin mars, accroît cette impression de journées de plus en plus longues, surtout en période de beau temps chaud où les soirées sont parfois estivales. Le nombre d’heures d’ensoleillement par rapport aux jours de grisaille devient assez homogène sur l’hexagone, gommant un peu le dégradé nord-sud des mois précédents. Le maximum de soleil est cependnant observé autour de la Méditerranée puis en Nouvelle-Aquitaine, mais l’écart avec le nord du pays se réduit par rapport aux mois d’hiver. Toulon détient le meilleur ensoleillement avec 246 heures en avril.
Précipitations : dernières neiges et premiers orages
Les fortes perturbations hivernales se raréfient en avril. Parfois présentes en début du mois, elles peuvent provoquer des chutes de neige en plaine statistiquement jusqu’au 10 avril pour les plus tardives (Hauts de France, Ile de France, Normandie). Ensuite, les précipitations prennent davantage un caractère d’averses, tombant de façon hétérogène sur le territoire. On peut encore parler de giboulées dans la mesure où elles tombent parfois sous forme solide (grésil, neige fondante) sous des ciels très changeant où bourgeonnent les « nuages choux fleurs », les gros cumulus et les cumulonimbus(nuages d'orages). Ces derniers provoquent souvent les premiers orages mais généralement peu violents. Tout comme pour l’ensoleillement, les moyennes des précipitations deviennent assez homogènes sur l’hexagone. La plaine d’Alsace reste néanmoins la région la plus sèche de France. Il pleut également autant autour de la Méditerranée qu’à Lille.
Les extrêmes relevés en avril depuis 1900
Nous l'avons rappelé, les variations de température sont souvent remarquables en avril. Tout comme pour mars, c’est encore un peu le mois des extrêmes. Nous reviendrons donc sur les gelées tardives et les premières vagues de chaleur. Ces variations de température occasionnent aussi selon les années des chutes de neige tardives, parfois notables en première décade jusqu’en plaine. Contrairement à mars, cette neige n’accroche plus véritablement sur les chaussées car les températures restent généralement légèrement positives. A l'opposé la saison orageuse peur parfois débutée comme en 2016 et en 2019, où la chaleur et les conflits de masses d'air ont provoqué une activité orageuse marquée et précoce en avril, sans atteindre cependant la violence qui se met en place ensuite au mois de mai.
Valeurs extrêmes principales relevées en avril
Températures minimales Températures maximales
-19,2°C, 6 avril 1970 à Mouthe (25) 33,2°C, 30 avril 2005 à Cazaux (33)
-14°C, 6 avril 1911 au Mont Aigoual (30) 32,7°C, 30 avril 2005 à Dax (40)
-10,2°C, 8 avril 2003 au Puy (43) 32,5°C, 20 avril 1949 à Béziers (34)
- 8,5°C, 8 avril 2003 à Charleville (08) 31,3°C, 16 avril 1949 à Clermont-Fd (63)
- 7,5°C, 9 avril 2003 à Nevers (58) 30,3°C, 17 avril 1945 au Mans (72)
Principales vagues de froid et de neige en avril depuis 1900
1911 : du 3 au 10 avril, une vague de froid a provoqué des chutes de neige sur toute la France. De fortes gelées ont engendré des dégâts aux arbres fruitiers dans le sud de la France. Il faisait -7°C à Clermont-Ferrand (63), -3°C à Marseille (13) et -2°C à Perpignan (66) où il a neigé le 7 avril.
1917 : ce mois d'avril a été le plus froid depuis 1837. La moitié nord de la France fut recouverte de neige au début du mois. Les conditions météorologiques étaient infernales les 16 et 17 avril (pluie glaciale et neige) pour la bataille stratégique du « chemin des Dames » (Aisne), où les pertes furent très lourdes dans les deux camps (France et Allemagne).
1945 : au sein d’un printemps chaud, et après une vague de chaleur où il avait fait 28°C à Paris, les températures marquaient une baisse spectaculaire le 27 avril. La neige tombait sur presque tout le pays le 30 avril et 1er mai, à une semaine de l’Armistice. On a relève 10 cm de neige en banlieue parisienne. La végétation, très avance, a été très abimée par les fortes gelées.
1986 : ce fut le mois d’avril le plus froid avec 1917. Du 9 au 13, on a enregistré -5°C à Nevers (58) et -7°C à Langres, alors que des chutes de neige se produisaient sur presque tout le pays.
1989 : le 4 avril il neigeait toute la journée de la Bretagne au bassin parisien et jusqu'en Belgique, avec 4 cm de neige en Ile-de-France et cela après un hiver exceptionnellement doux.
1991 : au cours de ce mois d'avril s'est produit l’épisode neigeux le plus remarquable survenu en avril. Au sein d’un printemps remarquablement frais, une offensive neigeuse a touché la France vers le 20 avril. Des routes de campagne furent bloquées en Seine et Marne. Du 20 au 22 avril, il neigeait à Bastia tandis que le gel brulait les vignes en Provence. On enregistrait jusqu’à -11°C dans les vallées d’Auvergne (Limagne).
2003 : l’année de la canicule estivale a été marquée par des coups de gel tardif en avril et en mai. De nombreux records de froid datent d'ailleurs de ce mois d’avril avec par exemple -8°C à Grenoble (38), -8,5°C à Charleville-Mézières (08) et -10°C au Puy en Velay (43) entre le 8 et le 10 avril. Il s’agissait alors d’un froid sec en raison de nuits dégagées.
2008 : un important épisode de neige tardive concernait les Hauts de France et l’Ile de France du 8 au 10 avril. On relèvait jusqu’à 30 cm de neige sur le Boulonnais et 10 cm sur le nord de la région parisienne.
2016 : le mois d’avril fut très contrasté entre l’air froid qui persistait sur la moitié nord et une certaine chaleur au sud. Des orages en ont résulté, parfois accompagnés de chutes de neige. Les flocons tombaient en région parisienne le 26 avril, ce qui était très tardif puis le gel (jusqu’à -4°C) endommagea des vignobles en Bourgogne, Touraine et dans l’Aude.
2021 : la semaine du 5 au 8 avril est remarquablement froide. Des dizaines de records mensuels sont battus, légèrement plus intenses que ceux de 2003. Il s'agit d'une configuration de nuits dégagées après une coulée d'air polaire. Il fait jusqu'à -6,7° à Beauvais (60), -7,4°C à St-Etienne (42) et -25°C dans les Alpes en haute montagne. Les dégâts aux cultures et fruitiers sont énormes car la végétation était en avance après une vague de chaleur précoce historique fin mars.
2022 : les 4 premiers jours d'avril sont les plus froids en France depuis 1970. Des dizaines de records mensuel sont battus, dont ceux de 1986, avec la plus basse température nationale enregistrée aux Pontets (Doubs) avec -21,5°C. Il fait -6°C dans les Landes et dans le Centre. Les épaisseurs de neige sont remarquables au centre-est (Auvergne-Rhône-Alpes), jusqu'à 1 m dans le Vercors. Les dégâts aux fruitiers sont considérables après un mois de mars très doux.
Principaux épisodes pluvieux et orageux en avril depuis 1900
En avril, les orages succèdent aux giboulées de mars en raison du réchauffement des masses d’air. On compte ainsi en moyenne de 1 à 3 jours d’orages sur l’hexagone (c’est-à-dire : jour où on entend le tonnerre). C’est en fin de mois que les véritables dégradations orageuses estivales se déclenchent.
1952 : du 20 au 24 avril, la Côte d’Azur subissait un déluge, avec 200 à 300 mm sur le littoral. Le 24 avril, un important glissement de terrain provoqua la mort de 11 personnes à Menton (06).
1983 : du 5 au 9 avril, un déluge s’abattait sur le nord-est avec jusqu’à 300 mm sur les hauteurs des Vosges. Nancy fut inondée.
2005 : du 14 au 18 avril, des pluies exceptionnelles (jusqu’à 100 mm) conjuguées à la fonte des neiges entraînaient des crues du Rhin, de la Saône, du Rhône et de la Drôme.
2012 : des pluies exceptionnelles, d’une durée de retour plus que centennale, ont touché le Finistère avec 70 à 90 mm en 24h.
2015 : deux vagues d’orages balayaient le sud-ouest de la France, notamment le 26 avril où il est tomée jusqu’à 90 mm dans le Tarn.
2016 : avril fut remarquable en termes d’activité orageuse sur la France. Des orages d’air froid se sont produits sur la moitié nord du pays avec des giboulées de neige, tandis que des orages de chaleur éclataient au sud-ouest. Ainsi du 1er au 5 avril, de très fortes pluies s’abattaient sur les Cévennes avec jusqu’à 230 mm à Villefort (48). Dans la même période, des orages de grêle éclataient dans l’ouest de la France provoquant des accidents de la route. La foudre s’est abbatue sur des habitations du pays nantais. Le 16 avril, une puissante ligne d’orages s’étirera du sud-ouest au centre-est avec des rafales de vent atteignant localement 110 km/h et des chutes de grosse grêle en Haute-Garonne.
2018 : il s’agit d’un mois d’avril record en termes d’orages et de niveau de foudroiement en France. Plusieurs vagues orageuses dignes du plein été ont traversent le pays, notamment le 3 avril avec des rafales de vent atteignant 100 à 110 km/h sur les régions s’étendant du sud-ouest au Centre (105 km/h à Orléans dans le Loiret). Le 29 avril, une vague orageuse sévère traversera le Grand Est : près de 67000 éclairs ont été détectés ce jour par notre partenaire Météorage tandis qu’une tornade s’était formée dans les environs de Vitry-le-François dans la Marne.
2022 : le 8 avril, une perturbation ondulante provoque des pluies soutenues et régulières tout au long de la journée sur l'Ile-de-France, avec un nouveau record de 39,5 mm à Paris-Montsouris en 24 h, battant le précédent record de 29 mm le 30 avril 1993.
Principales inondations survenues en avril
Les inondations surviennent occasionnellement en avril, en particulier dans le sud-est en raison d’épisodes méditerranéens qui se produisent à la faveur de conflits de masses d’air. De fortes pluies s’accrochent aux reliefs du centre-est et provoquent des inondations.
2001 : après 12 mois de précipitations exceptionnelles, les nappes phréatiques étaient saturées et l’eau remontait vers la surface, inondant durablement des plaines et vallées du nord de la France. La vallée de la Somme restera sous les eaux entre mars et avril. Abbeville et sa région seront sinistrées et plus d’un millier de personnes évacuées.
Principales tempêtes survenues en avril depuis 1900
Les tempêtes deviennent rares en avril en raison de la diminution du flux océanique. Seules des dépressions méditerranéennes peuvent engendrer des vents tempétueux sur les régions du sud-est. Les plus fortes rafales sont donc la plupart du temps relevées au passage des orages, ce qui devient la caractéristique des vents forts en saison chaude sur notre pays.
2019 : La tempête Queenie en Méditerranée 28 et 29 avril : une dépression est remontée d’Espagne en direction du sud-est de la France puis jusqu’en Rhône-Alpes et a généré un épisode de vent Marin et de vent d'Autan tempétueux. On a relevé des rafales à 113 km/h à Saint-Etienne (42), 122 km/h à Millau (12) et 170 km/h au sommet du Mont Aigoual.
2018 : La tempête Pearl a elle provoqué de fortes rafales de vent en Bretagne le 27 avril, atteignant 130 à 140 km/h sur les caps exposés du Finistère. Dans les terres, les valeurs ont été beaucoup plus faibles.
2022 : La tempête Diego du 8 avril est très atypique car elle balaie les régions situées au sud de la Loire, battant de nombreux records de vent pour un mois d'avril surtout dans l'intérieur des terres, avec, par exemple, 129 km/h à Clermont-Ferrand (63), 113 km/h à Bourges (18) et 110 km/h à Chateauroux (36). C'est l'une des plus fortes tempêtes d'avril depuis, bien souvent, celle du 1er avril 1994 sur ces régions centrales.