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La sécheresse s'installe déjà : la pluie va t-elle revenir ?
Après un automne et un hiver bien arrosés, la situation météo a radicalement changé depuis la mi-mars avec l'installation de conditions anticycloniques avec un temps durablement sec et ensoleillé. On peut parler d'une sécheresse de surface dite agricole mais on n'observe pas de sécheresse hydrologique en tant que telle car les nappes phréatiques restent excédentaires sur une large partie du pays.
Alors que l'automne et l'hiver ont été bien arrosés sur une large partie du pays, ce début de printemps 2020 se caractérise par de très faibles précipitations, un ensoleillement très généreux et des températures élevées.
L'un des débuts de printemps les plus secs jamais observés
C'est même le début de printemps le plus sec jamais observé sur certaines régions, notamment en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. Du 15 mars au 15 avril, il est tombé 1 mm à Lyon, 2 mm à Dijon et Mâcon, 3 mm à Grenoble alors qu'il tombe en moyenne une soixantaine de millimètres à cette époque de l'année sur ces villes.
Les épisodes de vent fréquents avec la bise de nord-est au nord et l'autan dans le sud-ouest ont contribué à accélérer le desséchement des sols. À cela s'ajoutent des températures élevées les après-midi et un ensoleillement important qui entrainent une forte évaporation des sols. Enfin, la végétation qui a déjà bien démarré voit ses besoins en eau s'accroître rapidement. Tous ces facteurs ont aggravé une situation déjà critique liée à l'absence de précipitations. Dans le nord-est et le centre-est, des records de faible humidité superficielle des sols sont battus par endroits, notamment en Franche-Comté.
Des nappes phréatiques qui se sont bien remplies cet hiver
Si les sols sont très secs en surface, on observe encore des sols humides en profondeur après un automne et un hiver bien arrosés. Les nappes phréatiques se sont d'ailleurs bien remplies entre octobre et le début du mois de mars, et sont excédentaires sur les 2/3 du pays au 1er avril. Elles sont conformes à la moyenne dans 20% des cas, et restent déficitaires sur 13% du territoire (partie centre-est du pays).
Ces bonnes réserves en eau souterraines permettront de passer l'été plus sereinement avec des restrictions d'eau sans doutes moins sévères que l'année dernière, sauf si les précipitations devaient rester déficitaires pendant plusieurs mois.
Peut-on s'attendre à un vrai retour de la pluie ces prochaines semaines ?
La sécheresse de surface devrait s'atténuer ces prochains jours sur la partie ouest et sud du pays avec le retour d'un temps plus perturbé avec de la pluie ou des averses. Reste à savoir si les cumuls de pluie seront suffisants pour apporter un répit durable. D'ici la fin de la semaine prochaine, les cumuls de pluie les plus importants devraient concerner l'Aquitaine et le Languedoc-Roussillon, et dans une moindre mesure les régions situées entre la Normandie et la Limousin.
Les cumuls de pluie s'annoncent encore faibles sur les régions allant du Grand Est à la Bourgogne-Franche-Comté avec une sécheresse qui est bien partie pour durer encore quelques jours sur ces régions.
Des périodes de temps sec assez fréquentes au nord en mars-avril
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les périodes de temps sec durable sont assez fréquentes sur la partie nord de la France en raison de situations de blocage anticyclonique sur l'Europe du Nord ou l'Europe centrale. A Paris, depuis l'an 2000, on compte pas moins de 9 périodes de temps sec durable au printemps (moins de 10 mm sur une période de 30 jours). Ces périodes de temps sec se produisent d'ailleurs de plus en plus fréquemment au fil des années. Il y a tout juste un an le printemps 2019 avait connu une période sèche entre le 18 mars et le 23 avril avec seulement 8 mm (pour une moyenne de 50 mm). C'est en 2007 qu'on a observé la période de temps sec la plus durable à Paris avec seulement 5 mm entre le 1er avril et le 3 mai.
Sur la moitié sud du pays, les sécheresses de printemps sont moins fréquentes. À Lyon, on compte quand même 5 périodes de temps sec d'au moins un mois depuis 2000, soit une année sur 5 en moyenne. A Toulouse, les longues périodes de temps sec sont rares et la dernière enregistrée remonte à 2003 avec seulement 9 mm relevés du 6 mars au 10 avril.