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Climat de mai : entre gelées tardives et premières vagues de chaleur
Chaque début de mois, La Chaîne Météo vous présente les principales caractéristiques climatiques qui règnent à cette époque de l'année en France métropolitaine. En mai, le pays commence à rentrer progressivement en été avec les premières vagues de chaleur estivales possibles. Mais le froid n’est pas terminé, et les gelées tardives sont redoutées. Voici ce que peuvent vous réserver les mois de mai en France.
La météo en mai revêt une grande importance. C’est le mois des « ponts », des Saints de Glace, appréhendés par les jardiniers, c'est aussi le mois de la floraison des fruitiers, des gelées tardives et des orages de grêle, qui peuvent mettre à mal la vigne. "En mai, faites ce qu’il vous plait", durant ce mois météo qui n’est pas de tout repos.
Températures de mai : un mois de contrastes
En mai, les premiers coups de chaud durant la journée deviennent plus estivaux. La France atteint la barre des 30°C, statistiquement entre le 4 et le 9 mai, et les vagues de chaleur sont déjà possibles, à l'instar de mai 1922, marqué par 7 jours consécutifs à 30°C à Paris et Bordeaux. Mais les nuits sont encore assez fraîches, ce qui permet de rester à l'abri des canicules, avec même des gelées tardives qui peuvent se produire à la faveur de nuits dégagées.
Enfin, cette prolongation du froid est matérialisée par la période du 11 au 13 mai, bien connue par les jardiniers sous le nom des Saints de Glace. Selon cette croyance, il peut geler jusqu’à cette période, bien que les statistiques ne le démontrent pas vraiment. Mais cela n’enlève rien à la possibilité de gelées tardives qui peuvent se produire jusqu’aux alentours du 20 mai en plaine. Les températures présentent donc de fortes amplitudes, aussi bien au sein d’une même journée, entre la fraîcheur matinale et la chaleur diurne, tandis que les records de froid et de chaleur s’étagent de -9,8°C à Mouthe (Jura) le 1er mai 1960 à 36,2°C à Dax (Landes) le 30 mai 1996.
Les extrêmes relevés en mai depuis 1900
Températures minimales Températures maximales
-9,8°C à Mouthe (Jura) le 1er mai 1960 36,2°C à Dax (40) le 30 mai 1996
-5,6°C à Epinal (88) le 11 mai 1949 35,1°C à Biscarrosse (40) le 16 mai 2002
-4,4°C à Charleville (08), 18 mai 1991 34,8°C à Paris le 29 mai 1944
-4,4°C au Puy (43) le 15 mai 1995 34,6°C à Strasbourg le 20 mai 2021
-4,2°C à Romorantin (41) le 7 mai 1957 29,6°C à Landivisiau (29), 28 mai 2017
Principales vagues de chaleur en mai depuis 1900
- 1922 : une vague de chaleur débute le 23 mai avec des records de chaleur et, parfois, plus de 7 jours supérieurs à 30°C (Paris, Bordeaux). On a relevé jusqu’à 34°C à Valencienne (Nord) et 36°C à Paris.
- 1943 : vague de chaleur à la mi-mai, avec 32°C à Lille et 34°C à Chartres.
- 1944 : mois de mai chaud et très sec. On relève à la fin du mois 34°C à Lille et 36°C à Chartres.
- 1945 : vague de chaleur du 12 au 17 mai, avec jusqu’à 36°C à Montpellier et 32°C à Paris.
- 1947 : la fin mai devient très chaude, à l’aube d’un des étés les plus chauds jamais enregistrés en France. On relève 33°C à Paris et 35°C à Reims (51).
- 1990 : le mois de mai est exceptionnellement chaud et sec. Dès le début du mois, la barre des 25°C est dépassée sur l’hexagone, et on atteint les 30°C en Bretagne.
- 1992 : du 14 au 17 mai, un pic de chaleur atteint 34°C à Bordeaux.
- 1999 : le mois est chaud et orageux. On atteint 30,7°C à Colmar le 27.
- 2000 : un mois estival. On atteint 29,6°C à Strasbourg le 11.
- 2011 : avec un écart de + 2,4°C à la normale, il s’agit du mois de mai le plus chaud depuis 1900.
- 2017 : du 25 au 28 mai, de nombreux records de chaleur sont battus, les plus anciens datant du début du siècle : 32,8°C à Nantes (44), 32,9°C à Auxerre (89) et 33,5°C à Vichy (03).
- 2022 : l'une des plus fortes vagues de chaleur pour un mois de mai se produit du 15 au 22, comparable à celle de 1945. Des records absolus sont battus en Alsace (34,6° à Strasbourg) et dans le sud (35,4° à Albi et 34,1° à Tarbes).
Principales vagues de froid et de gel tardif en mai depuis 1900
- 1902 : neige en région parisienne
- 1910 : neige en plaine du 9 au 12. Des flocons tombent jusqu’à Toulouse.
- 1923 : la neige tombe dans l’extrême nord et en Belgique le 10 alors qu'il avait fait 33°C à Strasbourg le 5.
- 1935 : chutes de neige remarquables en France et en Angleterre. A Paris, la neige du 18 mai (4 cm) est la plus tardive jamais observée.
- 1941 : le gel du début mai (jusqu’à -3°C) détruit de nombreuses récoltes maraîchères.
- 1945 : il neige presque partout : Brest, Bordeaux, Pau, Montélimar. A Paris, il tombe 6 cm de neige (10 cm en banlieue) le 1er mai. Le gel abime la végétation qui était en avance, et les arbres perdent parfois leurs feuilles.
- 1949 : il fait froid jusqu’au 12 mai avec des gelées généralisées et parfois fortes, jusqu’à -5,6°C à Epinal (Vosges).
- 1953 : du 8 au 13 mai, de fortes gelées se produisent, avec jusqu’à -7°C dans la plaine du Forez, dans la Loire. Le gel cause des dégâts considérables aux vignobles, notamment le Beaujolais.
- 1955 et 1957 : les mois de mai sont froids avec des épisodes de gel jusqu’au 20 mai, comme le 23 mai 1955 où il fait jusqu’à -2,4°C à Metz.
- 1960 : le début du mois est froid avec du gel à la faveur du ciel nocturne dégagé. On relève -9,8°C à Mouthe (Jura), et -3,4°C à Vichy, -2,6°C au Mans (72).
- 1961 : la fin du mois est froide avec du gel jusqu’à -2°C à Nevers, -1°C à Caen, et localement -8°C dans le Limousin.
- 1967 : neige jusque sur la plage du Touquet et -2°C à Lille.
- 1979 : du 1er au 9 mai, il fait froid avec du gel, de la neige et des pluies verglaçantes. On relève entre 0°C et -2°C sur plus de la moitié du territoire (-2°C à Nancy, -1°C à Evreux).
- 1985 et 1987 : la neige tombe sur le Massif Central en 1985 (12 cm de neige à Millau dans l’Aveyron) puis sur la moitié nord de la France du 3 au 5 mai 1987.
- 1997 : les 7 et 8 mai, après la chaleur du début du mois, la neige tombe à gros flocons en Normandie et en Touraine (5 cm à Tours) avec du gel de 0° à -2°C.
- 2010 : les 4 et 5 mai, le froid envahit la France, jusqu’à Carcassonne. Les Pyrénées sont très enneigées. Il neige sur le Limousin le 5 mai.
- 2013 : la 2ème quinzaine de mai est froide avec un week-end de la Pentecôte épouvantable. On observe de la neige plus ou moins fondue le 23 mai au nord de la Seine (Rouen). Les gelées entre 0°C et -1°C sont fréquentes, jusqu’en Bretagne.
- 2019 : un mois de mai très frais avec des records datant de 1979 le 6 mai avec -0,2°C à Brest (record), -2,4°C à Beauvais (60) et -7,4°C à Barcelonnette (04).
Les mois de mai ont gagné + 3°C depuis les années 1990
Pour les mois de mai, le réchauffement climatique contemporain que connaît la France depuis le milieu du 20ème siècle s’est surtout manifesté depuis la décennie 1990, avant de se stabiliser. Si la hausse a été rapide et durable dès 1988, il est intéressant de noter à quel point les mois de mai étaient frais et humides avant, et à quel point ils sont devenus chauds et estivaux ensuite.
Enfin, si l'on s'intéresse aux printemps (mars, avril et mai), notons qu'ils ont été majoritairement plus froids que la moyenne jusqu’aux années 2000, puis se sont considérablement réchauffés par la suite, avec un gain d'environ +3°C entre les printemps des années 1980 et ceux des années 1990.
Paradoxalement, ce phénomène s’est accompagné d’un risque de dégâts liés aux gelées tardives plus marqué, car la végétation prenant de l’avance devient plus sensible aux coups de froid qui continuent de se produire sporadiquement.
Ensoleillement : un soleil bientôt au zénith
En mai, le soleil cogne déjà fort. Il est aussi haut dans le ciel que début août, et les premiers coups de soleil et insolations peuvent être dangereux. Les jours s'allongent encore d’environ 1h30 mais ce rythme commence à ralentir à l’approche du mois de juin et du solstice d’été. Le dégradé nord-sud devient également plus net, entre les régions au nord de la Loire, plus affectées par les débordements nuageux issus de la Manche, et les régions méditerranéennes, qui commencent à entrer dans l’été. Les heures d’ensoleillement sont assez homogènes, et en dehors du quart sud-est, la différence nord-sud reste modeste. Les nuages orageux, qui se développent surtout les après-midi et le soir, et principalement en montagne, affectent peu la durée d’insolation sur l’hexagone, même s'il est à noter une nuance qui se creuse entre les littoraux, plus ensoleillés, et les arrière-pays montagneux, ou s'accrochent les nuages.
Précipitations : premières offensives orageuses
Les orages montent en puissance en mai, dynamisés par l’accentuation de la chaleur au niveau du sol et le froid dans la haute atmosphère, ce qui entraîne une forte instabilité. Ces différences de températures provoquent aussi de fortes chutes de grêle. Ces orages font du mois de mai souvent le mois le plus arrosé sur notre pays. Même si le nombre de jours avec des précipitations reste dans la moyenne annuelle (9 jours), les cumuls sont souvent importants.
Ce rebond des précipitations est particulièrement net sur les régions continentales : plaine d’Alsace, plaine de Limagne ou encore le lyonnais. A Strasbourg et Clermont-Ferrand, les précipitations atteignent le double de ce qu’il tombe en février, avec environ 80 mm mensuels. En revanche, pour les régions au climat océanique (de la Bretagne à l’Aquitaine), les différences avec les mois précédents ne sont pas très marquées. Enfin, dans le sud-est, les précipitations s'atténuent et la région se prépare à la sécheresse estivale.
Principaux épisodes pluvieux et orageux en mai depuis 1900
- 1856 : le Rhône connaît une crue majeure, qui reste encore une référence de nos jours.
- 1922 : le 13 mai Montpellier est recouvert de 10 à 30 cm de grêle en raison d'un puissant orage.
- 1982 : le 17 mai, l’île de France subit des coulées de boue et le 31 mai
- 1992 : dans la nuit du 31 mai au 1er juin, un orage d’une rare violence se produit sur Paris, déversant jusqu’à 192 mm en 6 heures dans la Capitale.
- 1999 : le 30 mai, un orage extrême traverse l’Ile de France avec des rafales de vent à 120 km/h et de la grêle. On déplore 3 morts et de nombreux blessés.
- 2000 : le 10 mai, un orage stationnaire lâche plus de 150 mm d'eau entre Barentin et Fécamp et fait une victime. Cet orage fait suite à une série d’années meurtrières en Haute-Normandie : le secteur de Fécamp avait déjà subi un orage exceptionnel entraînant des « crues éclairs » en mai 1998.
- 2001 : le 4 mai, des pluies diluviennes s’abattent sur le Pays Basque. La Nivelle dépasse sa côte d’alerte.
- 2003 : le 31 mai, un très violent orage de grêle paralyse le nord et l'est de Paris avec 50 cm de grêle dans les 18ème et 19ème arrondissements.
- 2005 : le 17 mai, des orages stationnaires provoquent des inondations brutales à Hyères (83), faisant 1 mort. On relève des intensités horaires exceptionnelles et des cumuls jusqu’à 188 mm
- 2008 : la fin du mois est marquée par deux épisodes orageux très actifs dans les Hautes-Alpes, avec des cumuls jusqu’à 220 mm. Plusieurs kayakistes sont noyés dans la Durance.
- 2012 : plusieurs épisodes orageux remarquables balaient la France avec des inondations à Rennes, dans le sud-est (120 mm à Marseille et 140 mm à Ajaccio), puis dans l’est, où Nancy est inondée avec de lourds dégâts (95 mm en 3 heures).
- 2013 : plus de 100 mm tombent du 1er au 6 mai en Bourgogne, avec de nombreuses inondations.
- 2016 : plusieurs vagues orageuses intenses frappent la France, d'ouest en est. Les orages, parfois très électriques, font aussi des victimes par la foudre.
- 2016 : du 28 au 31 mai, des inondations majeures se produisent en Île de France et dans les Hauts de France. Les cours d’eau réagissent rapidement, provoquant des crues centennales sur le Loing qui dépasse son niveau de crue de janvier 1910 à Montargis (45). L’onde de crue se propagera vers la Seine, qui connaîtra un pic historique en juin. En même temps, des pluies orageuses provoquent des cumuls de pluie remarquables dans les Hauts de France, avec jusqu’à l’équivalent de toute la pluviométrie mensuelle en l’espace de 2 jours.
- 2018 : le mois de mai est record en termes de foudroiement depuis le début des relevés de Météorage. De nombreuses vagues orageuses balaient la France. On retiendra les orages de grêle sur Paris, les inondations survenues dans l’ouest (notamment la Bretagne), le Jura et dans le sud-ouest, où la grêle cause de gros dégâts aux vignobles.
- 2021 : un front pluvio-orageux stationnaire au centre-est provoque des cumuls records en 24 h (100 à 110 mm en Rhône-Alpes), avec le record de pluie en 24 heures pour Lyon (105,9 mm). Ces pluies torrentielles, tombant de façon régulière, n'ont pas causé d'inondations malgré une crue du Rhône aval notable pour la saison.