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Canicule : quels risques pour cet été ?
Alors que la France vient de connaître son 2e printemps le plus chaud depuis 1900, vous êtes nombreux à nous poser la question du risque de canicule cet été : allons-nous retrouver des chaleurs caniculaires telles que l’année dernière ? Face à ce risque, La Chaîne Météo a analysé les modèles numériques les plus puissants et les statistiques pour vous apporter quelques éléments de réponse.
Alors que nous sortons d'un printemps 2020 qui fut un cru exceptionnel, la France connaît une fin juin très chaude avec une vague de chaleur. L'été météorologique qui a débuté le 1er juin s'accompagne d'interrogations légitimes nombreuses quand à l'intensité des températures, après un été 2019 où les 46°C avaient été atteints à Vérargues, dans l'Hérault ainsi que 45,9°C à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard. Pour commencer à répondre à cette question il faut se pencher sur l'analyse de plusieurs modèles météorologiques.
Première étape : l'analyse des modèles numériques
Les modèles que nous avons analysés sont les modèles européen (ECMWF) et américain (GFS), figurant parmi les plus performants au monde.
Concernant les températures, les deux modèles indiquaient des prévisions de températures "proches des moyennes saisonnières ", voire légèrement supérieures, même si leurs résultats étaient quelque peu divergents. Ce contexte global serait donc propice à un été assez standard, parfois assez chaud, donc avec des journées de fortes chaleurs inévitables. A noter que depuis peu, ces deux modèles ont tendance à réviser leurs prévisions de température à la baisse par rapport à leurs calculs initiaux, sauf pour le mois d'août.
Concernant les précipitations, pour le modèle européen, le déficit pluviométrique serait marqué, durable et généralisé, tandis que le modèle américain envisage la poursuite de la tendance observée ce printemps avec des précipitations surtout présentes sur la moitié sud. Sachant qu’un environnement sec est plus favorable à la survenue de canicules qu’un environnement humide, cette différence a son importance. En effet, lorsque les sols superficiels sont humides sur de vastes étendues, en particulier sur les pays du pourtour méditerranéen, cela réduit significativement le risque de canicule. Cependant, cette théorie a trouvé ses limites puisque les étés 2016 et 2018 ont été secs et chauds, faisant pourtant suite à des printemps très pluvieux. Ainsi, les prévisions « sèches » du modèle européen penchent plus en faveur du déclenchement éventuel de canicules.
L'arbitrage entre les deux modèles est délicat à effectuer bien qu'à ce jour, on constate une relative constance dans les tendances saisonnières du modèle américain alors que les calculs du modèle européen changent depuis quelques semaines.
Que disent les statistiques ?
Après 2 mois et demi de temps souvent estival en France, qui sont finalement tombés à point nommé pour aider à supporter le confinement, le temps change en ce mois de juin. Les premiers éléments statistiques que nous avons analysés démontrent qu’une période de temps perturbé sévi majoritairement en première décade de juin, ce qui a d’ailleurs été nommé « la mousson de juin » pour désigner le retour de pluies parfois abondantes en cette période.
Ensuite, nous avons étudié les statistiques concernant la typologie des étés qui suivent un printemps comme celui que nous venons de connaître : dans les ¾ des cas, ils ont été plutôt maussades, au mieux « standards », c'est à-dire sans anomalie particulière.
Les exemples les plus marquants furent les années 2007 et 2011, dont les printemps figurent parmi les plus chauds. Les étés suivants ont en effet été maussades, pluvieux et peu ensoleillés, avec des températures dépassant rarement les moyennes. Les années 2002 et 1992 ont également connu de beaux printemps et les étés furent changeants avec des pics de chaleur passagers, mais pas de canicule au sens strict du terme.
Les autres paramètres climatiques à prendre en compte
Pour analyser le risque de canicule cet été, de multiples autres paramètres rentrent en compte, telles que les anomalies de température des eaux des océans (El Nino, La Nina) et l’inversion des vents de haute altitude dans la zone intertropicale (appelée index QBO). L'analyse de ces paramètres indique qu'ils pourraient contribuer à dégrader dans une certaine mesure notre été 2020, c'est-à-dire atténuer l'ensoleillement et la chaleur et donc limiter le risque de canicule. La fiabilité concernant l'analyse de ces paramètres est plutôt aléatoire car le fonctionnement de la "machine climatique" et des interactions entre tous ces paramètres est encore mal connu.
Canicule : le risque semble faible pour cet été
L’analyse des différents modèles, des statistiques et de la prise en compte des autres facteurs nous laisse penser que l’été 2020 pourrait être moins beau et chaud que les 5 précédents avec un risque de canicule qui semble assez faible pour juillet et peut-être plus modéré, à ce jour, pour le mois d'août. Et bien que le contexte actuel de réchauffement climatique engendre des anomalies chaudes nettement prédominantes par rapport aux anomalies fraîches, le risque de canicule pour cet été nous semble donc plus limité que l’année dernière.