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Hiver 2020-2021 : bien arrosé, entre froid modéré et grande douceur
L'hiver météorologique s'achève ce 28 février 2021. Il est donc l'heure de dresser un bilan de cet hiver qui a été marqué par de fréquentes précipitations, quelques brefs épisodes de neige en plaine et des températures très fluctuantes.
L'hiver météorologique se termine le 28 février. Pouvez-vous tout d'abord nous rappeler les raisons de cette différence avec l'hiver calendaire, qui se termine 21 jours plus tard ?
Cyrille Duchesne : Si les saisons sur le calendrier débutent au moment des solstices (d’hiver et d’été) et des équinoxes (de printemps et d’automne), les saisons météorologiques sont décalées car elles tiennent compte de l’inertie de l’atmosphère. Si la durée d’ensoleillement est la plus faible au 21-22 décembre lors du solstice d’hiver, ce n’est qu’à la mi-janvier que la température moyenne la plus basse est observée. On considère donc que ce moment se situe au cœur de l’hiver. Par commodité, on a fixé l’hiver météorologique du 1er décembre au 28 février, ce qui facilite aussi le calcul de données statistiques sur 3 mois entiers.
Quels ont été les principaux marqueurs météo de cet hiver 2020-21 (plaine/ montagne) ?
CD : Cet hiver a été très arrosé en plaine avec la prédominance d’un flux océanique perturbé entre le mois de décembre et la mi-février. Avec un régime NAO (North Atlantic Oscillation), les dépressions ont circulé à des latitudes plus basses qu’habituellement. Les perturbations ont balayé la majeure partie du pays en étant très actives, notamment dans le sud-ouest avec d’importantes crues et inondations entre la fin du mois de janvier et le début du mois de février.
En montagne, l’enneigement a été abondant en décembre et janvier jusqu’à basse altitude. En février la situation s’est nettement dégradée avec des épisodes de pluie et une période de grande douceur à partir de la mi-février. Si l’enneigement est resté très correct dans les Alpes du Nord, il était généralement déficitaire sur les autres massifs.
Du point de vue des températures, on retiendra la courte vague de froid du 8 au 14 février qui a touché la moitié nord du pays et épargné les régions les plus au sud. Elle aura été suivie d'une douceur exceptionnelle à la fin du mois de février avec de nombreux records mensuels de douceur battus dans le nord et l'est.
Comment cet hiver se situe-t-il par rapport à la normale et comment calculez-vous cette norme ?
CD : Cet hiver a été doux avec un excédent de température de l’ordre de +1,2°C en moyenne à l’échelle nationale ce qui le place loin derrière l’hiver 2019-2020 qui avait été le plus chaud jamais enregistré avec un excédent de température de +2,7°C. L'hiver 2020/21 se situe en 10ème position des hivers les plus doux, à égalité avec l’hiver 2018-2019. Il faut remonter à 2012-2013 pour retrouver un hiver plus froid que la normale.
Concernant la norme à laquelle nous faisons référence, elle est calculée sur une période de 30 ans couvrant l'année 1981 à 2010.
Nous avons connu une vague de froid assez brève. Il y a 20-30 ans nos hivers étaient plus enneigés et nettement plus froids. Faut-il dire au revoir à nos "vrais" hivers rigoureux ?
CD : Précisons d'abord que cette vague de froid a été brève, et qu'elle n’a concerné que la moitié nord de la France; les régions du sud n’ont en effet pas connu de période "durable" (au moins trois jours) avec des températures plus de 5°C sous les normales.
Ce que l'on constate c'est que depuis quelques décennies les périodes de grand froid durant les hivers sont de plus en plus rares en France. On se souvient de la vague de froid notable au cours de l'hiver 2012-2013, mais les dernières grandes vagues de froid hivernales datent plus généralement des années 1980 (1985-1986-1987). Rien ne dit que des vagues de froid ne pourront plus se produire dans les prochaines années, mais dans ce contexte de changement climatique, il faut s'attendre à une baisse de leur fréquence.
La situation sur le front des précipitations permet-elle d'aborder le printemps et l'été avec des nappes à des niveaux rassurants ?
CD : Cet hiver bien arrosé sur la plupart de nos régions permet d'aborder les prochains mois de manière optimiste. Si l'on excepte le Languedoc-Roussillon, les nappes se sont bien rechargées. Les réserves en eau souterraines sont redevenues satisfaisantes. Néanmoins, il y a toujours à craindre une longue période de temps sec entre la fin du printemps et l'été, au moment où les besoins en eau sont importants. Si cela devait de produire, on ne sera pas à l'abri d'une sécheresse de surface, qui pourrait alors être aggravée si des périodes de forte chaleur venaient à être observées cet été.