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Froid et gelées ces prochains jours : évolution et conséquences pour la végétation
Après une seconde quinzaine de février exceptionnellement douce sur la France avec des températures dignes d'un début mai (20°C à Paris, 22°C à Lyon, 23°C à Colmar et 24°C à Biarritz), la végétation a démarré précocement et certaines vignes ou arbres fruitiers risquent de subir des dégâts en raison des gelées qui se produisent actuellement.
Pourquoi fait-il si froid ?
La France se situe entre un anticyclone sur le nord de l'Europe et des dépressions qui circulent d’Europe centrale vers la Méditerranée, d'où un effet de canalisation de l'air froid sur notre pays. Cet air continental, froid et sec concerne les ¾ du pays. Samedi matin, avec un ciel qui a été souvent dégagé pendant la nuit, les gelées ont été observées sur les 3/4 du pays. C'est dans le centre et l’est du pays que les gelées ont été les plus marquées (-5°C à Luxeuil et -4°C à Nancy et Romorantin). Il a également gelé dans le sud-ouest avec -1°C à Toulouse et également près de la Méditerranée avec 0°C à Cannes et Béziers.
Dimanche, si le retour d'un ciel plus nuageux par le nord-ouest a empéché le gel sur ces régions, les gelées sont resteés fréquentes ailleurs. Comme le vent de nord-est a faibli, elles ont dans l'ensemble été un peu plus marquées (entre -1 et -3°C).
Après les périodes de douceur de ces dernières semaines, la végétation est en éveil, faut-il craindre des dégâts ?
Après la période de grande de douceur de la deuxième quinzaine de février se prolongeant jusqu’aux premiers jours du mois de mars, la végétation a démarré précocement cette année, même si les températures plus fraîches de ces derniers jours ont mis un frein à cette avance végétative. On constate en moyenne une avance de 5 à 10 jours sur la moitié nord du pays et de 10 à 15 jours du sud-ouest au centre-est. Ainsi certains arbres fruitiers (abricotiers, pêchers, pruniers...) sont déjà en fleurs et la vigne a entamé son débourrement dans certaines régions du sud de la France.
Lors du débourrement de la vigne, les bourgeons et les rameaux mesurant quelques cm brunissent et se dessèchent. Si la gelée est intense, il peut y avoir destruction totale de la végétation qui brunit après le dégel et prend un aspect de salade cuite, avant de se dessécher. Si la gelée est faible, seuls les feuilles hautes et l'apex (extrémité de la tige) sont affectés.
Le risque de gel destructeur au printemps est-il plus important avec le réchauffement climatique ?
Si les conditions météo sont très variables d'une année à l'autre, on constate que les périodes de grande douceur sont de plus en plus fréquentes au cours de l'hiver et au début du printemps. On observe donc une végétation qui tend à démarrer de plus en plus précocement. Comme cela n'exclut pas des descentes d'air polaire au cours du printemps, le risque de gelées destructrices est d'autant plus important sur une végétation qui a démarré de bonne heure.
L'année dernière, après un hiver 2019-2020, le plus doux jamais enregistré, de fortes gelées se sont produites à la fin du mois de mars entraînant de lourds dommages dans les vignes et sur les arbres fruitiers, notamment dans le sud-est. En 2019, des gelées tardives (début mai) avaient été très dommageables sur les fruitiers et vignobles du nord de la France.
Quels sont les moyens de lutter contre le gel ?
- Dans votre jardin n'hésitez pas à protéger les plantes, arbustes ou cultures les plus gelives en les recouvrant de bâches plastiques, d'un voile d'hivernage ou en paillant les cultures situées au ras du sol.
- L'aspersion ou la vaporisation d'eau à très faible débit peut empêcher les dégâts du gel car un air saturé en humidité libère de la chaleur et la baisse de la température s'en trouve donc limitée. Une carapace de glace peut se former à la surface de la plante, mais celle-ci conserve une température positive.
- Le chauffage : les vignerons utilisent beaucoup le système de chaufferettes placées entre les plants de vigne. Celles-ci permettent de maintenir une couche d'air doux à proximité du sol et maintiennent la température au-dessus de 0°C.
- Le brassage de l'air à l'aide de souffleuses ou d'éoliennes limite la baisse des températures en évitant la stagnation de l'air le plus froid à proximité du sol.
Fréquentes gelées la semaine prochaine en plaine
Jusqu’à mercredi, le vent restera orienté au Nord-est sur la France avec la persistance d’un air froid en altitude mais aussi dans les basses couches de l’atmosphère. La nuit, en raison d’un ciel souvent dégagé, le rayonnement sera important et les gelées fréquentes et assez généralisées
Lundi matin, les gelées seront de moindre intensité que ce week-end (0°C) mais elles seront nombreuses du nord-est au centre du pays.
Mardi matin, suite à une nuit étoilée, les gelées seront à nouveau plus marquées et étendues aux ¾ du pays, des frontières de l’Est au sud-ouest avec -5°C dans les vallées d’Auvergne et jurassiennes.
Mercredi matin, les gelées seront moins généralisées mais toujours présentes du Grand Est à l’Auvergne-Rhône-Alpes en passant par le Massif central avec 0 à -2°C.
Jeudi matin, les dernières gelées pourront encore s’observer du Grand Est aux vallées d’Auvergne et alpines, mais il s’agira le plus souvent de gelées blanches.
Les gelées actuelles n'ont rien d'exceptionnel !
En effet, les dates des gelées les plus tardives se situent entre la fin avril et début juin sur la France. Les gelées que nous connaissons actuellement ne revêtent aucun caractère exceptionnel. C'est leur survenue, sur plusieurs jours et après un mois de février et un début de mois de mars très doux qui les rendent surprenantes.