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Arrivée de l'hiver : comment s'annonce votre mois de décembre ?

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Alors que la France connaît actuellement l’arrivée d’un temps assez froid pour cette fin novembre, vous êtes nombreux à vous demander si cette tendance va persister ces prochaines semaines. Alors que le mois de décembre l’année dernière avait été doux, celui de cette année sera-t-il froid ? Faut-il s’attendre à de la neige en plaine, et en montagne ?

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Décembre 2020 avait été caractérisé par un temps très perturbé mais doux, avec une anomalie de +1,3°C à l’échelle de l’hexagone. Un refroidissement s’était mis en place pour les fêtes de fin d’année, permettant à d’abondantes chutes de neige de recouvrir nos montagnes à basse altitude. Hélas, la fermeture des remontées mécaniques pour raisons sanitaires n’avait pas permis aux skieurs de profiter de l’or blanc. En plaine, ce mois de décembre s’était caractérisé par des pluies fréquentes et par un temps devenant plus froid pour les fêtes de fin d’année. À quoi faut-il s’attendre en ce mois de décembre 2021 en France ?

Des indicateurs météo qui peuvent changer la donne

Nos prévisions saisonnières indiquaient, dans le bulletin du 10 novembre, la perspective d’un mois de décembre assez proche des normales, et plutôt sec. À ce jour, il n’y a pas de changement significatif.

Nous avons également analysé plusieurs indicateurs climatiques à grande échelle :

- la Nina, qui est actuellement en cours dans l’océan Pacifique et dont les effets refroidissent le climat à l’échelle de la planète, ce qui est le cas cette année. (*) Cette configuration peut occasionner des hivers plus froids à l’échelle de l’Europe, comme ce fut déjà un peu le cas l’hiver dernier en Europe centrale surtout en février. Cette configuration pourrait donc se reproduire cet hiver.

- l’oscillation Nord Atlantique (NAO), qui présente actuellement une phase négative. Ce type de phase est propice au froid en Europe de l’ouest et pourrait concerner une partie du mois de décembre.

- la MJO (oscillation de Madden Julian), qui est une modification des vents et de la pluviométrie sur la zone intertropicale. Les variations cycliques de la MJO peuvent modifier les centres d’action en Europe, entraînant par exemple des flux souvent orientés au nord, ce qui pourrait être le cas en décembre.

- l’extension des surfaces enneigées dans l’hémisphère nord. Cette extension a commencé de façon précoce cet automne, présentant à ce jour une superficie supérieure à la moyenne sur l’Eurasie. Ces vastes étendues de neige favorisent le refroidissement du continent et peuvent faciliter la formation de vagues de froid.

Ces indices sont dans l’ensemble assez propices au froid en Europe tandis que les modèles envisagent un mois de décembre avec des températures assez proches de la normale en France. On peut en déduire que, dans ce contexte où les modèles sont assez neutres, une tendance au froid pourrait prévaloir mais sans excès notable.

Vers un mois de décembre assez froid ?

Rappelons tout d’abord quelles sont les normales en décembre, en France. La moyenne des températures s’échelonne de 5°C à Strasbourg l’après-midi, 7°C à Paris et 12°C à Marseille. Les records de froid sont extrêmement bas, tels les -21°C relevés à Angers le 29 décembre 1964.

Cette année, on ne devrait pas trop s’écarter des normales. S’il y a un écart, il ne devrait pas être supérieur à -0,5°C, ce qui en ferait malgré tout le mois de décembre le plus froid depuis 2010. Il faut remonter à l’année 2010 pour trouver un mois de décembre froid, avec une anomalie remarquable de -3°C. Ce mois était d’ailleurs le plus froid depuis 1969. Depuis, certains mois de décembre ont été assez proches de la moyenne (2016 et 2017), tandis que les autres ont été plus doux.

Dans ce contexte, la possibilité de subir une vague de froid ne semble pas d’actualité. Le pays pourrait connaitre un temps durablement froid, sans période de grande douceur prolongée, ce qui contrastera avec les années précédentes. Une anomalie de température voisine de -0,5°C nous semble possible, ce qui reste une anomalie assez faible.

Au vu des températures et du flux souvent orienté au secteur nord-ouest, le risque de neige en plaine pourrait concerner les régions de l’est mais semble faible sur les autres régions de plaine. En revanche, c’est de bon augure pour nos montagnes, qui seront bien enneigées en début du mois. Par la suite, même si les précipitations s’annoncent déficitaires, la neige se maintiendra en montagne et l’enneigement devrait être correct pour les vacances scolaires de Noël car aucun redoux marqué n’est pour l’heure envisagé en montagne.

Une alternance de froid humide, de passages pluvieux et de temps sec

Dans ce contexte global, on s’attend à un mois de décembre jouant l’alternance entre des coulées d’air polaire maritime, générant un temps modérément froid et humide, des périodes calmes anticycloniques et des périodes de redoux pluvieux.

Le début décembre sera assurément froid et humide, mais un redoux océanique reviendra rapidement. Puis, une période de temps sec avec des températures de saison pourrait s’installer autour du 8 avec des brouillards et des gelées matinales. Un temps pluvieux et possiblement un peu plus doux que les normales pourrait s’installer autour de la mi-décembre, avant l’arrivée d’une nouvelle descente d’air froid vers le 20, avec de la neige à basse altitude.

Pour la suite, c’est-à-dire la période des fêtes, la fiabilité de l’évolution reste à préciser, mais il semble qu’on se dirige vers un temps plutôt perturbé sur la France.

En conclusion, ce mois de décembre sera probablement assez proche des moyennes de saison ou légèrement inférieur. Les précipitations pourraient rester un peu déficitaires, avec moins de pluie en plaine et moins de neige en montagne. Mais en raison du maintien du froid ambiant, cette neige devrait se maintenir sans trop de problème jusqu’aux vacances de Noël, ce qui est une bonne nouvelle pour les amateurs de sports d’hiver.

Notes :

Au sujet de la MJO

Au sujet de l’extension des neiges dans l’hémisphère nord

Au sujet de la Nina : voir la NOAA et notre article

(*) À ce sujet, l’année 2021 sera probablement la plus fraîche à l’échelle planétaire depuis 2014, tandis que pour la France, ce serait depuis 2013, avec 7 mois inférieurs aux moyennes de saison jusqu’à présent.

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