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Douceur remarquable cette semaine : des températures printanières en plein hiver

Par Cyril BONNEFOY, météorologue
mis à jour le

Une période de douceur exceptionnelle s’installe cette semaine sur le pays avec des températures souvent dignes d’un mois d’avril. Des records seront ainsi battus pour une dernière décade de décembre.

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Les trois premières semaines de décembre ont connu des températures souvent proches des normales et des gelées parfois fortes la semaine dernière, notamment dans l’est. Un changement de situation a commencé à s’opérer depuis Noël avec un flux progressivement plus océanique et plus doux. Cette semaine, un anticyclone d’origine subtropicale remonte sur l’Europe de l’Ouest et les températures atteindront des niveaux printaniers.

Pourquoi une telle douceur en saison hivernale ?

© La Chaîne Météo

La météo en ce début de semaine reste encore assez perturbée avec un défilé de perturbation incessant en bordure d’un anticyclone en retrait sur la péninsule ibérique. Néanmoins, la douceur est déjà perceptible avec un flux de sud-ouest dominant et une anomalie de +5 à +7°C par rapport aux normales de saison malgré les nuages, le vent et la pluie. À partir de jeudi, cet anticyclone glissera en direction de notre pays, faisant remonter de l’air subtropical et sec en altitude. Les valeurs atteintes seront comparables à ce que l’on observe habituellement au cœur de l’été, avec plus de 15°C à 1500 m d’altitude sur une grande moitié sud, et localement jusqu’à 18°C.

Ce premier #weekend de l'année 2022 sera placé sous le signe d'une douceur printanière. Voici l'évolution de la masse d'air sur l'Europe, où l'on voit le pic de douceur qui remonte sur la France tandis que de l'air froid redescendra sur l'Europe de l'est. pic.twitter.com/M8T1vVDNyj

— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) December 28, 2021

Une douceur plus remarquable en montagne qu’en plaine

Si les températures atteignent des niveaux dignes d’une fin de printemps, voire d’un début d’été pour la montagne, ce ne sera pas aussi évident en plaine et dans les vallées. En effet, contrairement à l’anticyclone d’été, un anticyclone d’hiver a tendance à plaquer l’humidité au sol et par rayonnement, produire de l’air « froid » en basse couche. S’il y a peu de vent, la chute de la température est favorisée dans les basses couches alors que de l’air très doux en altitude surplombe ces lacs d’air froid. Les plaines et vallées restent ainsi dans le brouillard ou les nuages bas avec des températures qui plafonnent, quand la montagne émerge de ces nappes de grisailles avec des températures printanières. C’est ce qu’on appelle les inversions de températures, très fréquentes en hiver. Il faudra donc surveiller la présence ou non de ces grisailles durant la fin de semaine, puisque ces dernières pourraient jouer sur le niveau des températures dans certaines vallées comme en Val-de-Saône.

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Atteindrons-nous des niveaux records de température ?

A priori en plaine, même s’il fera très doux, il sera difficile d’atteindre les records mensuels de températures maximales qui restent à ce jour très élevés pour un mois de décembre (voir carte ci-dessous). La seule région qui risque de battre certains records pourrait être le Languedoc-Roussillon où les maximales devraient dépasser 20°C avec des pointes à 22-23°C. La douceur sera également remarquable ailleurs puisqu’on attend des valeurs souvent dignes d’un mois d’avril avec 13 à 15°C au nord de la Loire et de 14 à 20°C au sud.

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En montagne, les températures atteindront des niveaux rarement atteints en cette période de l’année, même si nous disposons de moins de recul sur les observations. Il est donc plus probable que des records de températures mensuels soient battus. Ce pourrait être le cas au Mont-Dore (Puy-de-Dôme) où la maximale devrait dépasser 15°C vendredi (le record s’établit à 16,2°C le 20 décembre 2015). La probabilité est encore plus élevée au Mont-Aigoual (Gard) et de manière encore plus surprenante au Mont Cenis (Savoie) pourtant à 2032 m et où on attend plus de 13°C cette fin de semaine.

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Un tel épisode de douceur est-il inédit et pourrait-on en connaître plus dans l’avenir ?

De tels épisodes de douceur se sont certes déjà produits dans le passé, mais restent rares. Le dernier mois de décembre particulièrement doux que nous ayons connu s’est produit en 2015. Ce fut le mois de décembre le plus doux jamais observé en France. Plus loin de nous, le mois de décembre 1983 a été également anormalement doux avec jusqu’à 26°C à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le 24 décembre, 20°C à Saint-Etienne (Loire), 18°C à Lyon et 15°C à Paris. Pour retrouver des températures records en Auvergne ou en Occitanie, il faut même remonter à décembre 1925, où Clermont-Ferrand avait enregistré une température de 21,9°C, Toulouse une température de 26,9°C et Perpignan 26,7°C.

Dans le cadre du changement climatique, les hivers seront de plus en plus doux. Cette tendance est déjà visible, en particulier sur les dix dernières années dont huit ont une anomalie positive de température. Les scénarios futurs de l’évolution du climat montrent une hausse constante des températures hivernales d'ici à 2100. Dans ce contexte, des épisodes de douceur comme celui que nous connaissons actuellement devraient devenir nettement plus fréquents dans notre pays.

Vous l’avez donc compris, cette fin d’année sera marquée par une grande douceur inhabituelle. Peut-être apprécierez-vous ces conditions clémentes, mais malheureusement ces conditions mettront à mal le manteau neigeux en moyenne montagne. Néanmoins, cette vague de douceur ne sera pas durable puisque dès dimanche, une baisse des températures accompagnera une nouvelle dégradation par le nord-ouest du pays. La semaine prochaine renouera ensuite avec des températures de saison et de la neige sur l’ensemble de nos massifs à relativement basse altitude.

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