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Doit-on craindre une sécheresse au printemps ?
Notre hiver 2021-2022 n'a pas été assez arrosé avec une sécheresse qui a été remarquable en Méditerranée. Le dernier épisode de pluie actif en Languedoc-Roussillon offre-t-il un vrai répit à l'arrivée du printemps ? Ce mois de mars peu arrosé au nord doit-il faire craindre un printemps sec ? Voici quelques éléments de réponses...
Rappelons tout d'abord qu'il existe 2 types de sécheresse :
- une sécheresse météorologique qui correspond à une absence prolongée de précipitations en un lieu donné. Elle conduit à une sécheresse de surface dite "sécheresse agricole" et correspond à un déficit hydrique dans la couche superficielle du sol. Elle est redoutée des jardiniers et agriculteurs.
- une sécheresse hydrologique qui survient lorsque les réserves hydrologiques (lacs, rivières et nappes phréatiques) présentent un déficit important de leur niveau d'eau. Elle survient principalement après des hivers secs où la recharge en eau des nappes souterraines n'a pu se faire correctement. Les arrêtés préfectoraux concernant les restrictions d'eau sont décidés après constatation de cette sécheresse hydrologique.
Un hiver 2021-2022 trop sec
En raison de la prédominance des conditions anticycloniques l'hiver météorologique 2021-2022 (décembre à février) a été sec avec un déficit de précipitations de 25% en moyenne sur la France. Après un mois de décembre légèrement plus arrosé que la normale (+12%), les mois de janvier et février ont été très secs avec un déficit de pluie de 45% en janvier et 40% en février, en moyenne sur la France. Les régions du sud-est ont connu une sécheresse hivernale remarquable. Le déficit de précipitations a été proche de 60% sur l'ensemble de l'hiver météorologique (décembre, janvier, février) entre le Languedoc-Roussillon et la région PACA. Il atteint même 75% en Corse. Les mois de janvier et février ont été exceptionnellement sec avec à 1 mm à Sète (34), 5 mm à Montpellier (34), 6 mm à Béziers (34), 11 mm à Nîmes (30), 13 mm à Alistro (2B) ou encore 19 mm à Orange (84).
Les précipitations tombées au cours de ces derniers jours ont été bénéfiques en Languedoc-Roussillon mais trop faibles en PACA et Corse où la sécheresse reste d'actualité. Sur les autres régions, les quelques passages pluvieux n'ont pas été très actifs mais permettent d'éviter une sécheresse agricole à une période où les températures ne sont pas encore trop élevées et où la végétation démarre depuis peu.
63% des nappes phréatiques déficitaires au 1er mars
A la sortie de l'hiver, près des deux tiers des nappes phréatiques présentent un niveau déficitaire alors que la situation était inversée l'année dernière. Après un hiver 2020-2021 bien arrosé, une majorité des nappes souterraines présentaient un niveau excédentaire à l'arrivée du printemps. Si cette situation n'est pas encore problématique, elle pourrait le devenir si les précipitations venaient à rester déficitaires ces prochains mois et si des épisodes de chaleur précoces se produisaient.
Autre signal inquiétant, plus de la moitié des nappes phréatiques voyaient leur niveau baisser au 1er mars. Habituellement, la plupart des nappes n'ont pas terminé leur recharge à cette période de l'année. Or à partir d'avril, les eaux de précipitations servent surtout à la végétation et peu à remplir les nappes phréatiques.
La sécheresse pourrait-elle rapidement s'installer au printemps ?
Au cours des prochaines semaines, les précipitations s'annoncent rares dans le nord et le nord-est mais plus fréquentes du sud-ouest à la Méditerranée avec des conditions hydrologiques qui devraient continuer de s'améliorer. Par la suite, notre tendance saisonnière évoque le retour d'un temps plus instable et perturbé sur une large moitié nord en avril et mai. Si cette tendance se confirme, on éviterait une sécheresse de printemps. Dans le sud-est, le retour d'un temps plus sec en avril-mai pourrait poser problème avec la hausse des températures et les besoins en eau croissants des plantes.
La situation météo est donc à surveiller de près sur la partie sud-est du pays (PACA et Corse notamment, étant donné le déficit pluviométrique important et les perspectives d'un printemps sec. Les Alpes Maritimes sont d'ailleurs concernés par un premier niveau de vigilance qui incite les particuliers et professionnels à économiser l'eau, sans restrictions d'eau pour le moment.