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Pourquoi la sécheresse va s'aggraver avec l'arrivée de la chaleur

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

L'arrivée de la chaleur sur la France dès lundi prochain est une très mauvaise nouvelle sur le front de la sécheresse. En effet, les sols vont s'assécher encore davantage en raison de l'évaporation. Le déficit hydrique actuel, déjà notable, va se creuser rapidement, d'autant plus qu'il n'y a pas de réelles précipitations en prévision.

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Sécheresse en France ce printemps © La Chaîne Météo

Ce début d'année est le 4ᵉ plus sec en France depuis 1959, avec un déficit hydrique qui s'est installé depuis le mois de janvier. Ce déficit se creuse désormais surtout sur la moitié nord et au centre-est, alors qu'au sud, des orages freinent cette évolution. Jusqu'à présent, cette situation de sécheresse qui dure depuis cet hiver n'était pas accompagnée de chaleur, limitant ainsi l'évaporation des sols et de la végétation. Mais avec l'arrivée prévue de températures estivales la semaine prochaine, conjuguée à la saison végétative en pleine activité, le phénomène d'évaporation va s'accentuer, amplifiant l'assèchement des sols superficiels.

Une évaporation accentuant l'assèchement des sols

évapotranspiration © La Chaîne Météo

Une sécheresse hivernale et printanière présente l'inconvénient majeur de ne pas remplir les nappes phréatiques, dans le sous-sol, mais n'a pas trop d'impact sur la végétation en dormance. En revanche, lorsque la végétation se réveille, elle pompe l'humidité des sols pour sa croissance. C'est ce qui se produit depuis le mois d'avril. À partir de ce moment, la sécheresse agricole commence à s'accentuer, même s'il ne fait pas particulièrement chaud.

Mais à partir de la semaine prochaine, la chaleur estivale arrive sur la France, surtout au sud de la Loire où elle sera durable. Même si les températures prévues resteront assez loin des records pour un mois de mai, cette évolution constitue une très mauvaise nouvelle sur le front de la sécheresse. En effet, survenant dans un contexte de déficit hydrique déjà marqué sur la moitié nord du pays, cela va accentuer l'assèchement des sols en raison d'une augmentation de l'évaporation. Les plantes et la végétation vont puiser davantage dans les réserves d'humidité des sols, transpirant elles-mêmes sous l'effet de la chaleur et de l'ensoleillement. On parle alors d'évapotranspiration. Ce double phénomène (évaporation des sols et évapotranspiration) accentuera l'assèchement des sols et puisera dans les nappes phréatiques (eau souterraine), qui sont déjà en baisse depuis ce printemps.

Une situation préoccupante si tôt dans la saison

aggravation de la sécheresse © La Chaîne Météo

Une telle situation est fréquente à la fin de l'été, mais nous ne sommes qu'en mai. Cette évolution conduira donc à un stress hydrique précoce. En effet, la végétation est déjà vulnérable alors que la saison chaude ne fait que commencer. Autant dire que les prochains mois s'annoncent critiques pour le milieu agricole, surtout si l'été est sec et chaud sur la durée, ce que laissent envisager nos prévisions saisonnières, qui seront actualisées mardi prochain. La dernière année aussi sèche au printemps est 2011, mais l'été qui s'ensuivit fut assez maussade et pluvieux, limitant les dégâts de la sécheresse. En revanche, certaines années présentant une évolution printanière similaire ont été catastrophiques, notamment en 1976, année de la "grande sécheresse" historique qui fait référence. À cette époque de l'année, les cultures les plus vulnérables sont celles qui ont été semées au printemps (betteraves, maïs, tournesols...), qui n'ont pas assez d'eau pour leur croissance, ainsi que les blés, qui, en l'absence de pluie en mai, risque de présenter des petits grains avec un risque de faible rendement lors des moissons de cet été.

En conclusion, si la perspective d'une semaine prochaine estivale réjouira les acteurs du tourisme, elle sème l'inquiétude dans le monde agricole déjà fragilisé après un printemps sec et parfois gélif. Ces chaleurs vont dynamiser l'évaporation, ce qui accentuera l'assèchement des sols. Cette situation pourrait s'avérer lourde de conséquences si des pluies estivales ne se produisent pas dans les prochaines semaines. À ce jour, même si la chaleur s'annonce fluctuante, il semble assez certain que la sécheresse se poursuivra, car aucune pluie significative n'est prévue dans les 10 jours à venir au moins.

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