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Chaleur et canicule : à quand la fin?
Alors que la France connait une vague de chaleur depuis le début de la semaine dernière, et qu'un pic de canicule intense vient de toucher l'ouest lundi, certaines régions bénéficient désormais d'une baisse appréciable des températures. À l'inverse, les fortes chaleurs se prolongeront une semaine supplémentaire au sud-est et s’étendront à partir de jeudi sur l’Occitanie. Peut-on envisager une fin de ces conditions très chaudes ou au contraire, va-t-on basculer dans une nouvelle canicule ?
Le contexte météorologique de ce mois de juillet est durablement chaud et surtout extrêmement sec sur la France. La vague de chaleur a débuté le 11 juillet. Si elle marque le pas actuellement dans l'ouest de la France, elle restera tenace au sud-est. Pire, de nouveaux pics de chaleur sont envisagés dès à présent sur certaines régions en fin de semaine. Éléments de précisions avec Régis Crépet, météorologue à La Chaîne Météo.
La Chaîne Météo - Est-ce que la canicule actuelle peut-être qualifiée d’historique ?
Régis Crépet - Il convient tout d'abord de rappeler ce qui différencie une vague de chaleur d'une canicule. La différence réside dans la moyenne quotidienne des températures à l'échelle nationale appelée "indicateur thermique national". On parle de vague de chaleur à partir de 25,3°C, mais il faut que cet indicateur reste supérieur à 23,4°C pendant au moins trois jours, et qu’il ne redescende pas une seule fois sous 22,4°C les jours suivants. La canicule correspond à des seuils départementaux de températures encore plus élevées, et qui doivent rester au-dessus d’un certain seuil durant la nuit et la journée, durant au moins trois jours consécutifs.
Si l’on regarde ces critères, la vague de chaleur a débuté le 11 juillet sur la France. Dans ce contexte très chaud, un bref, mais très intense épisode caniculaire a touché l'ouest de la France lundi, avec une centaine de records mensuels et absolus battus. 90 % des stations en Bretagne ont ainsi battu leurs records absolus. Ce mardi, les températures baissent près de l'arc atlantique, mais la canicule va se prolonger encore jusqu'à mercredi sur la moitié est. La canicule en elle-même est courte, s'étalant entre un jour et demi et deux jours et demi sur la moitié nord du pays. Au sud-ouest, les seuils de canicule sont atteints depuis le week-end dernier. Quant au sud-est, en particulier en Provence et basse vallée du Rhône, ces seuils sont parfois atteints depuis cinq jours.
Cette canicule peut donc être qualifiée d'historique par son intensité régionale, mais elle reste courte par rapport aux grandes canicules de 2003 et de 2006, par exemple, où la France avait connu entre 5 et 11 jours avec des températures supérieures à 40°C. Quant à la vague de chaleur, elle s’annonce durable surtout sur le sud, car elle a démarré il y a déjà huit jours et qu'elle est amenée à se prolonger.
L'arc atlantique est sorti de la canicule, à quand pour les autres régions ?
Les températures baissent lentement ce mardi par l’ouest grâce au vent qui vient désormais de l'Atlantique. En revanche, la canicule va persister jusqu'à mercredi matin du Centre au bassin parisien, à la Normandie et aux hauts-de-France. Après une nuit encore tropicale, ce mercredi marque une baisse assez générale des températures avec des orages. Seul le quart sud-est et le Languedoc-Roussillon conserveront des températures caniculaires. Ensuite, une nouvelle hausse des températures est attendue jeudi, et nous frôlerons à nouveau les seuils de canicule pour une journée, mais sans commune mesure avec l'épisode de ce début de semaine.
Sous l'effet de nouveaux orages, ce pic de chaleur pourrait ensuite être repoussé sur l'est vendredi. La journée de samedi s’annonce encore chaude, mais à priori sans excès, avant une nouvelle flambée du thermomètre et un nouveau pic de chaleur assez généralisée dimanche et lundi. Cette évolution ultérieure est fiable, mais dépendra étroitement de la circulation des "gouttes froides" qui aspirent l'air chaud vers notre pays. Le contexte global restera chaud, avec un indicateur thermique qui campe au-dessus des 23,4°C définissant une vague de chaleur.
Après être sorties de la canicule, des régions pourraient-elles à nouveau être concernées en fin de semaine ?
Selon nos prévisions, la vague de chaleur va se prolonger, mais sans forcément atteindre les seuils de canicule, excepté au sud-est où elle se maintient durablement et de façon plus temporaire à l’approche du week-end dans le sud-ouest. La France devrait ainsi plutôt connaître des pics de fortes chaleurs entre les orages, comme jeudi et vendredi prochains.
À partir du week-end, un pic temporaire de un à deux jours de températures caniculaires pourrait se mettre en place sur l'ouest et le sud-ouest. L’évolution ultérieure est moins certaine, même si la chaleur persistera avec des températures en moyennes de 2 à 3 degrés supérieures aux normales.
Comment pourrait se classer ce mois concernant les températures ?
Sur la base de l’indicateur thermique observé depuis le 1er juillet, et de nos prévisions jusqu’à la fin du mois, la probabilité est élevée pour que ce mois de juillet 2022 se place au 2ᵉ rang des mois de juillet les plus chauds après celui de 2006, où l’indicateur thermique était de 24,42°C.
Quel est d’après vous le risque que nous connaissions d’autres canicules cet été ?
Même si la canicule de référence est celle d’août 2003, celles-ci sont moins fréquentes et moins intenses en août. Nos prévisions saisonnières et notre tendance à quatre semaines indiquent un risque non négligeable au cours de la première décade. Ensuite, les autres décades devraient voir la chaleur encore dominer, de même que la sécheresse. Cet été 2022, régulièrement chaud, pourraient ainsi s’inscrire dans les étés plus chauds depuis 70 ans. Les plus chauds restent celui de 2003 avec un indicateur thermique de 23,18°C, celui de l’été 2018 avec 21,94°C, et l’été 1947 en 4e position.