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Canicule cet été en montagne : désastre pour les glaciers
Les Alpes et les Pyrénées ont connu un été aussi chaud qu'en 2003. Les glaciers ont beaucoup souffert. Bilan et analyse de La Chaîne Météo.
L'été 2022 devrait se classer au 1er ou 2ème rang des étés les plus chauds en France depuis 1950. En haute montagne, les températures ont été si élevées qu'il n'a quasiment plus neigé en haute altitude depuis début juin.
Les Alpes du Nord ont connu un réchauffement climatique plus rapide et plus intense que dans le reste de l'Europe depuis les années 1950, et surtout depuis 1998 avec 2°C de hausse (contre 1,3° en moyenne pour les plaines environnantes). Ce réchauffement s'est accompagné d'une diminution des chutes de neige - et même des précipitations en général, ce qui reste assez complexe à expliquer.
Au final, une diminution des cumuls de neige conjuguée à une fonte estivale plus marquée provoque une accélération de la fonte des glaciers et des névés : c'est la configuration la plus défavorable qui soit.
Alpes et Pyrénées : aussi chaud qu'en 2003
Ainsi, cet été 2022 a été aussi chaud que celui de 2003, période de la canicule exceptionnelle qui avait concerné toute la France. Au-dessus du col de l'Iseran, au poste de relevés météo à 2869 m d'altitude, il n'a plus gelé depuis le 10 juin, avec une maximale atteignant 17,6°C le 18 juillet dernier.
Cet été particulièrement chaud en haute montagne survient après un hiver assez peu enneigé. Ainsi, le manque de neige hivernal conjugué à un été chaud a mis à mal les neiges "éternelles" et les glaciers, multipliant les éboulements et les chutes de séracs. Que l'on se rassure, les neiges et glaciers alpins ne risquent pas de disparaître de sitôt, mais cette année 2022 s’inscrit dans une période globalement chaude et sèche depuis 2003.
À ce jour, les étés les plus néfastes aux glaciers furent 2003, 2006 et 2015, 2016, 1018, 2019 et 2022.
Une conjonction d'hivers secs et d'étés très chauds
Pour se maintenir, les glaciers doivent présenter chaque année un bilan positif entre l'alimentation (chutes de neige) et l'ablation (fonte estivale). Ce phénomène annuel connaît des variations cycliques : par exemple, il est admis que les glaciers alpins ont connu une diminution de surface et d'épaisseur depuis la fin du Petit Age Glaciaire (fin du 19 ème siècle), mais au sein de ce retrait, on a pu observer de petites crues glaciaires (c'est à dire : des reprises d'extension) à la faveur d'hivers très enneigés et d'étés frais et humide (années 1970 à 1980 notamment).
De même, à plus petite échelle, les glaciers et névés (plaques de neige subsistant tout l'été) se sont plutôt bien portés entre 2009 et 2013 ainsi qu'en 2021 à la faveur d'étés plus frais.
Été 2022 : désastre pour les glaciers alpins ?
Le terme est exagéré, mais les glaciers ont beaucoup souffert jusqu'à plus de 3500 mètres d'altitude. Ils ont perdu en épaisseur, ils se sont fissurés, provoquant des chutes de séracs (blocs de glace qui se détachent). Le permafrost (sols et roches qui restent gelés en permanence) a été fragilisé, provoquant des éboulements et mettant en danger des pylônes de téléphérique reposant sur ces socles rocheux.
Le refuge bivouac de la Fourche (3674 m) dans le massif du Mont Blanc a été victime de l'été caniculaire, la fonte du permafrost ayant entraîné l'effondrement du refuge ce 26 août.
❄️ Comparatif d'enneigement au niveau du pic Blanc au-dessus de l'Alpe d'Huez entre août 2022 et août 2021. La faiblesse des précipitations hivernales, puis la sécheresse et la chaleur actuelles ont des effets dévastateurs sur les névés et glaciers alpins. pic.twitter.com/yTDNCuypSu
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) August 27, 2022
Pour espérer une stabilisation de ce recul glaciaire accéléré, il faudrait un hiver particulièrement enneigé en montagne (afin de reconstituer les stocks de neige fraîche en amont) suivi en 2023 d'un printemps frais et humide et d'un été pourri. Il suffirait de quelques années maussades à la suite pour que nos glaciers regagnent ce qu'ils viennent de perdre. Mais avec la tendance au réchauffement, ce renversement de tendance ne semble pas pour demain, même si l'été 2021 a pu temporairement faire croire le contraire.