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Bilan de l'été 2022 : un été exceptionnel, le plus chaud depuis 2003
L’été météorologique 2022 (juin-juillet-août) qui vient de se terminer a été historique à plus d’un titre : vagues de chaleur à répétition, orages violents en juin suivi d’une sécheresse record en juillet, restrictions d’eau généralisées, multiples incendies de forêts, recul important des glaciers…revue de détails des principales caractéristiques de ce qui pourrait devenir un standard pour nos futurs étés.
2ème été le plus chaud après 2003
Avec une température moyenne de 22,7°C et un excédent de +2,3°C à la normale 1991-2020, cet été 2022 se classe au 2ème rang des étés les plus chauds jamais enregistrés depuis 1900, derrière 2003 (+2,7°C) et devant les étés 2018 et 2019 qui avaient été également très chauds.
Si les pics de chaleur de cet été ont atteint un niveau un peu moins élevé qu’en 2019 (42,7°C à Paris et jusqu’à 46°C en Languedoc) et 2003 (44°C à Conqueyrac dans le Gard), c’est surtout la durée des épisodes de chaleur et de forte chaleur qui a été remarquable cette année. Cela s’explique par une situation de blocage liée à un anticyclone stationnaire positionné sur l'ouest de l'Europe, alimenté en air très chaud et sec remontant du Maghreb et d'Espagne.
Pour définir une vague de chaleur, l'indicateur thermique doit dépasser le seuil de 25,3 °C durant au moins un jour, rester supérieur à 23,4 °C pendant au moins trois jours et ne pas descendre une seule fois sous 22,4 °C. On à dénombré 33 jours de vague de chaleur cet été (contre 22 en 2003).
Trois vagues de chaleur en juin, juillet et août
Phénomène exceptionnel, durant cet été, trois vagues de chaleur se sont produites successivement en juin, juillet et août. Elles ont plus particulièrement affecté les régions méditerranéennes, ainsi que l’ouest et le sud-ouest de la France. La première vague de chaleur qui a sévi du 14 au 19 juin s’est caractérisée par la canicule la plus précoce jamais enregistrée.
Elle a été très intense : la température la plus élevée de cet été a atteint 43,4°C à Pissos (Landes) et 42,9°C à Biarritz le 18 juin, ce qui constitue un record absolu de température.
Du 12 au 25 juillet, une deuxième canicule a touché le pays, et notamment les régions de l'ouest avec un maximum de 42,7°C à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire) le 18 juillet. Le lendemain la température atteint 39,6°C à Brest, pulvérisant de +4°C l’ancien record du 12 juillet 1949 (35,2°C). On a également observé 40,5°C à Paris (le seuil des 40°C n’avait été franchi que deux fois jusqu’à ce jour).
La troisième vague de chaleur s'est déroulée du 31 juillet au 14 août avec un maximum de 41,8°C à Durban-Corbières (Aude) le 12 août.
Cette succession de vague de chaleur s’est aussi accompagnée d’une série parfois record de nuits tropicales (températures supérieures à 20°C la nuit) dans les agglomérations proches de la Méditerranée, en raison d’une mer surchauffée dont la température exceptionnelle a atteint par endroits 28°C à 30°C.
Sécheresse record en juillet, se poursuivant en août sur de nombreuses régions
Après un mois de juin très orageux et marqué par un excédent de précipitations de l’ordre de +42%, le mois de juillet 2022 a été marqué par la quasi-absence de pluie sur le pays. Le responsable de cette situation : un blocage anticyclonique durable sur l'Europe de l'ouest et la France.
Avec un déficit pluviométrique de -85% en moyenne sur la France et un cumul moyen de 9,7 mm, il s’agit même du 2ème mois le plus sec jamais enregistré en France, tous mois confondus après le mois de mars 1961 (7,8 mm). Août a été un peu plus arrosé mais de nombreuses régions sont restées concernées par un déficit pluviométrique important. Des pluies orageuses copieuses ont pu circuler par endroits comme en Auvergne-Rhône-Alpes et localement dans l’arrière-pays méditerranéen.
Sur l’ensemble de l’été 2022, le déficit pluviométrique est proche de -30% ce qui place cet été 2022 dans le top 10 des étés les plus secs jamais enregistrés.
Une sécheresse des sols record et des cours d'eau très bas au cœur de l’été
L’absence de précipitations pendant plusieurs semaines et la succession des épisodes de forte chaleur ont entrainé une sécheresse des sols record entre la mi-juillet et la mi-août. Cette sécheresse a été beaucoup plus étendue qu’en 1976, où elle n’avait concerné que la moitié nord de la France.
Elle s’est également traduite par des niveaux de cours d’eau très bas, parmi lesquels la Loire et la Garonne. Leurs niveaux respectifs étaient particulièrement bas au début du mois d’août, suite à plusieurs semaines de temps sec. À Orléans et Toulouse, ces fleuves n’étaient plus que des filets d'eau serpentant entre les bancs de sable. Il faut remonter à 1976 et 2003 pour retrouver une telle situation.
La montagne n’a pas non plus été épargnée. Cet été particulièrement chaud en haute montagne survient après un hiver assez peu enneigé. Ainsi, le manque de neige hivernal conjugué à un été très chaud a mis à mal les neiges "éternelles" et les glaciers, multipliant les éboulements et les chutes de séracs.
Des incendies de végétation, jusqu'en Bretagne
La sécheresse et les températures élevées ont également été à l'origine de nombreux incendies de forêt. Au 26 août, près de 62.000 hectares de végétation détruits, soit la superficie de Paris et sa petite couronne. La forêt landaise a payé le plus lourd tribut à cette sécheresse avec 30.000 hectares partis en fumée. Plus au nord, des feux se sont déclarés dans des régions peu habituées aux incendies, comme ce fut le cas pour les monts d’Arrée dans le centre de la Bretagne.
De violents orages en juin
Paradoxalement, cet été 2022, a également connu des périodes de fortes intempéries. En juin, le week-end de la Pentecôte a été marqué par une météo très instable et orageuse, avec d'importants cumuls de pluie entre le sud de la Normandie et de l'Ile-de-France au Massif-Central, ainsi que localement de la grêle et de fortes rafales de vent. Du 20 au 26 juin, plusieurs salves orageuses ont circulé sur un axe allant de la Nouvelle-Aquitaine aux frontières de l'est. De gros grêlons et des pluies très abondantes se sont produites, engendrant des dégâts importants dans les secteurs de Poitiers, Châteauroux ou Vichy.
Un orage d’une violence historique en Corse à la mi-août
Le 18 août, la Corse subit des intempéries sous la forme d'une puissante ligne d'orages qui a balayé toute l'île d'ouest en est, occasionnant des rafales à plus de 200 km/h, dignes des vents qui soufflent dans les cyclones tropicaux des îles des Antilles. La Méditerranée avec des températures de 4 à 5°C supérieures à la normale, a pu contribuer à renforcer la puissance de cette dégradation orageuse. La violence exceptionnelle de cet épisode s’est soldée par un bilan humain très lourd avec 5 victimes à déplorer.
Cet été, avec ses excès de températures et sa faible pluviométrie, nous fait pleinement prendre conscience du changement climatique qui s’opère sous nos yeux, comme annoncé depuis plusieurs décennies par les travaux du GIEC. Il nous rappelle que des étés de cet acabit surviendront en moyenne au moins une fois sur deux en 2050.