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Températures les plus basses de l'année : pourquoi nous pourrions connaître un pic consommation électrique ces prochains jours
Cela ne vous a sans doute pas échappé, l'ambiance est depuis quelques jours devenue plus hivernale sur le pays avec du froid, de la neige, des giboulées. Le mercure n'a pas fini de descendre et nous pourrions connaître le froid le plus important depuis un an dans les jours qui viennent. Eléments de précision avec Pascal Scaviner, chef du service prévisions de La Chaîne Météo/ Meteo Consult.
La Chaîne Météo : Vous annoncez des giboulées et les températures les plus basses de l'année pour lundi et mardi. À quoi faut-il s'attendre ?
Pascal Scaviner : À partir de samedi, le froid actuel va s’accentuer et se généraliser à la moitié sud. La température moyenne sur l’hexagone, caractérisée par l’indicateur thermique (IT), passera ainsi de 4,2 °C samedi à 2,8 °C dimanche, soit une chute de 1,4 °C en 24 h. Sur le sud-est, le vent va accroître cette sensation de froid qui deviendra même glacial avec le violent mistral : la température ressentie pourrait descendre jusqu’à -6 °C dimanche matin à Marseille. Lundi et mardi, avec l’extension des gelées aux deux tiers du pays, la moyenne des températures pourrait avoisiner 1 °C (avec une marge d’erreur d’environ 0,5 °C liée aux doutes sur l’évolution précise des centres d’action qui pilotent ce refroidissement). Dans ce contexte de froid accentué, on ne peut exclure d’avoir en effet les journées les plus froides depuis plus d’un an.
Ce changement, à partir de samedi, est lié à l'arrivée par les îles britanniques d'un air encore plus froid que l'actuel et surtout, par la formation d'une dépression qui générera un temps plus perturbé et instable ce week-end sur un tiers nord. Dans ce contexte de plus en plus froid, des averses de neige se déclencheront principalement des côtes normandes aux Hauts-de-France et de manière plus localisée entre le bassin parisien et un quart nord-est. Les Français qui circuleront dans ces zones sont d'ores et déjà appelés à la prudence, car ces averses de neige peuvent toujours surprendre et enneiger les chaussées en cas de fortes intensités.
Cette situation météo est-elle de nature à entraîner des pics de consommation électrique durables ?
Avec le froid depuis le 30 novembre, la consommation électrique a augmenté progressivement jusqu’à ce jeudi et ce sera encore le cas ce vendredi. Pour le week-end, malgré un froid accentué, la consommation devrait redescendre avec la baisse de l’activité économique, avant de remonter lundi, journée possiblement la plus froide. À partir de mardi, les températures commenceront à remonter, mais le froid se maintiendra avec des valeurs 2 à 4 °C inférieures aux moyennes de saison.
Le froid durable actuel va donc persister la semaine prochaine, mais on ne parlera pas de vague de froid. La consommation atteindra certes un pic en début de semaine et un niveau de consommation plus élevé qu’actuellement (70 000 à 75 000 mégawatts), mais la probabilité est faible d’atteindre les niveaux de janvier 2022 et son pic du 15 janvier à 86 497 mégawatts (MW). Il n'est toutefois pas totalement impensable d'imaginer que les premières alertes de niveau orange soient émises via le dispositif EcoWatt.
Il est également intéressant de mettre ces données de consommation en perspective et de comparer la consommation actuelle par rapport aux pics de consommation de ces dix dernières années. Pour l'instant cette année, le pic de consommation électrique a été de 86 497 MW le 15 janvier (avec un indicateur thermique de 1,62 °C). En 2021, le pic a atteint 88 075 MW le 13 février (avec un indicateur thermique de 0,8 °C). Sur les 10 dernières années, le pic est monté à 92 187 MW du 16 au 18 janvier et du 22 au 24 février 2013, avec un IT inférieur à 0,9 °C. Il a dépassé les 100 000 MW lors du dernier hiver le plus froid (2010), avec plus précisément un pic à 100 014 MW qui s'était produit entre le 1er et le 13 février. Durant cette période glaciale de 13 jours consécutifs, l'IT avait été inférieur à 0 °C et était même descendu à -4,92 °C en moyenne le 11 février.
Est-ce que cela présage d'un hiver très froid ?
Il est vrai que cette période froide pourrait durer plus longtemps qu’initialement prévu, ce qui reporterait d’autant le redoux envisagé. Malgré tout, ce redoux ne devrait pas empêcher le froid d'être, à l'échelle du mois de décembre, le plus important depuis 2010. Rappelons que durant le mois de décembre de cette année-là, l'indicateur thermique avait atteint 2,88 °C. Il est pour le moment de 5 °C pour ce début décembre, mais devrait chuter autour de 3,6 °C pour la première quinzaine de ce mois. Quant à la tendance pour la suite de l'hiver, nous restons globalement en ligne avec nos prévisions saisonnières, dont l'actualisation interviendra cette fin de semaine. Je vous invite à y revenir dès le 10 décembre.
Que répondre aux personnes qui surfent sur ces situations pour essayer de mettre à mal le réchauffement climatique ?
Minimiser, voire nier le réchauffement climatique sous prétexte que nous connaissons épisodiquement des périodes très froides est une attitude assez simpliste et un raccourci souvent observé. En effet, dans une tendance longue au réchauffement climatique, la variabilité du temps dans une même saison est parfois forte. Il faut cependant replacer ces épiphénomènes, parfois extrêmes, dans un contexte plus général. Des périodes froides anormales s’observeront encore ces prochaines années, mais elles seront moins fréquentes.