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De l'hiver au printemps en 24h : pourquoi fait-il aussi doux ?
Les températures ont fait un bond d'une vingtaine de degrés sur les deux tiers de la France entre dimanche et lundi ! Ce grand redoux se généralise à l'Europe de l'Ouest. Pour la France, il va se prolonger jusqu'à Noël, voire jusqu'en début janvier. Comment peut-on expliquer une telle variation de température et jusqu'à quand cette douceur va-t-elle persister ?
La France baigne désormais dans une ambiance remarquablement douce pour la saison. Ce grand redoux est d'autant plus spectaculaire qu'il fait suite à quinze jours de temps froid sur notre pays. Comment expliquer cette situation, et quelle sera l'évolution pour la fin de l'année ? Nous répondons à quelques questions que vous nous avez posées.
Le froid très vif que nous avons connu il y a quelques jours a laissé place à une douceur impressionnante. Comment expliquez-vous ce changement de températures ?
Après la période froide que nous avons connue pendant la première quinzaine de décembre, le contexte météo a brutalement changé entre ce week-end glacial sur les deux tiers de la France, où l'on était 5°C sous les moyennes, et ce début de semaine où les températures ont grimpé à +5°C au-dessus de ces moyennes. L'anticyclone situé jusqu'à présent sur l'Europe centrale avec de l'air très froid a reculé rapidement vers la Russie, tandis que de l'air d'origine subtropical est remonté jusqu'en France sous l'impulsion des dépressions atlantiques. Cette masse d'air nous arrive directement des Canaries et du Maroc, où il faisait 25 °C ce mardi après-midi. On relevait également 24 °C en France, au pied des Pyrénées, et 14 °C à Troyes (Aube), alors qu'il y faisait encore -9 °C dimanche matin.
Vous parlez d'une douceur remarquable. Qu'est-ce qui rend cette situation si exceptionnelle ?
La douceur actuelle est remarquable au regard des valeurs atteintes aussi bien au petit matin (record quotidien à Lyon avec 13,7 °C de température minimale ce mardi) que dans l'après-midi, avec par exemple 18,3 °C à Clermont-Ferrand (record quotidien). D'autres records quotidiens sont probables vendredi, qui sera la journée la plus douce de la série. Cependant, les records mensuels ne sont pas menacés, et nous resterons globalement 3 °C sous ces records (qui sont de 17°C à Paris et de 22°C à Clermont-Ferrand par exemple). La brutalité de ce redoux, qui fait suite à du gel sévère et généralisé ce week-end, exacerbe ce caractère remarquable.
A-t-on déjà connu de tels épisodes par le passé ?
La douceur actuelle, bien que notable, est donc surtout remarquée par sa rapidité, en 24 heures, faisant suite à quinze jours pendant lesquels les températures étaient de 2 à 5 °C sous les moyennes. Cependant, hormis quelques records quotidiens localisés, cet épisode n'atteindra pas les niveaux des records mensuels ni décadaires pour un mois de décembre. L'année dernière, à la même époque, nous connaissions une vague de douceur pendant laquelle il avait fait 15,5 °C à Paris le 22 décembre. Mais elle ne faisait pas suite à de grands froids, et le redoux n'avait pas été aussi brutal. En cela, le redoux actuel est particulièrement spectaculaire.
Est-ce que cela ressemble aux futurs hivers que nous allons connaître ?
La brutalité du redoux que nous venons de connaître ne s'inscrit pas, à priori, dans la modélisation des hivers du futur avec le réchauffement climatique. Au contraire, la tendance récente et les projections montrent plutôt de longues périodes de douceur entrecoupées de quelques épisodes proches des moyennes de saison. Les vagues de froid seraient de plus en plus rares et de plus en plus courtes. Or, dans le cas présent, nous avons assisté à une très forte amplitude de température, ce qui est atypique. Nous pouvons, en revanche, observer que ces dernières années ont été propices à des températures extrêmes concernant la chaleur, ce qui s'explique par des ondulations marquées du jet stream, ce vent qui circule à 10 000 m d'altitude. Lorsqu'il remonte du sud, comme majoritairement cette année, il favorise la présence d'air très chaud. Mais lorsqu'il descend du pôle, il est capable de provoquer une période froide marquée comme celle que nous venons de connaître. Il faudra attendre plusieurs années pour voir si ce type de schéma devient récurrent.
Cette douceur va-t-elle se maintenir ou prévoyez-vous le retour du froid ?
À ce jour, nos prévisions confirment la persistance de cette grande douceur jusqu'à Noël, qui sera "au balcon". Pour la fin de l'année, il y avait une possibilité de refroidissement passager pour la Saint-Sylvestre, mais ce scénario est de plus en plus ténu (25 % de risque). Les températures resteraient donc supérieures aux moyennes de saison jusqu'au début janvier 2023. De quoi faciliter la sobriété énergétique en cette période hivernale compliquée.