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Energie : pourquoi nous devrions éviter les coupures d'électricité cet hiver
Alors que la France connait actuellement un grand redoux, propice aux économies de chauffage, RTE a indiqué ce mardi que les perspectives du système électrique pour l'hiver étaient plus favorables que prévu initialement. Voici pourquoi notre pays devrait éviter les coupures de courant, et les facteurs de risque éventuels.
RTE (Réseau de Transport d'Électricité) a fait part, dans une conférence de presse ce mardi, des perspectives du système électrique pour le reste de l'hiver en France. Relayées par la Première Ministre Elisabeth Borne, ces premières estimations pour l'hiver sont plus optimistes que prévu initialement "grâce au bon comportement des Français". Ces prévisions ne dépendent pas que des facteurs météorologiques, mais la période froide que nous venons de connaître en première quinzaine de ce mois de décembre a prouvé que le système était capable de supporter une hausse de la consommation d'électricité liée au chauffage.
Continuité des approvisionnements, disponibilité du parc nucléaire et bon fonctionnement des interconnexions entre pays de l'UE : un bilan positif
Selon RTE, les paramètres météorologiques ne sont pas les seuls à moduler l'offre et la demande en électricité, qui est multifactorielle. Ainsi, la situation est plus favorable, mieux préparée, avec davantage d'efforts de sobriété que prévu, et une diminution de consommation significative. D'autre part, le potentiel de production est renforcé (hydraulique, et nucléaire qui fonctionne aux deux tiers de sa capacité). Enfin, le fonctionnement des échanges entre pays (Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Angleterre notamment) est satisfaisant.
En conséquence, il ne devrait pas y avoir de signal rouge Ecowatt jusqu'à début janvier. Ensuite, le risque d'alerte rouge est abaissé par rapport aux estimations élaborées en novembre, passant de "élevé" (4/5) à "moyen" (3/5). Surtout si les conditions météo restent dans les normales, ce qui est prévu à ce jour par nos prévisions à long terme.
Des perspectives optimistes pour la suite de l'hiver
Se basant sur un début d'hiver satisfaisant, RTE se montre confiant pour les prochains mois, en tout cas pour janvier dans un premier temps. En effet, la consommation a diminué de 9 % sur la dernière période glissante de quatre semaines (12 % pour le secteur industriel et 7 % pour le résidentiel et tertiaire).
Le nucléaire voit une remontée de la disponibilité (tout en restant inférieure à l'historique) : 40 gigawatts sont disponibles (des pics de consommation ponctuels à 80 GW seraient soutenables, comme celui du lundi 12 décembre). Les scénarios de "faible disponibilité" sont écartés malgré les interventions d'EDF sur certains réacteurs. L'arrêt de certains nouveaux réacteurs EDF ne change pas les prévisions de RTE pour cet hiver (pas d'impact direct sur la production globale), car ces facteurs étaient déjà pris en compte dans les premières estimations.
La part de l'hydraulique (barrages) a bien remonté grâce aux pluies de l'automne et à une gestion économe : 16,5 GW sont disponibles en ce mois de décembre, ce qui est historiquement haut. C'est un point très positif. Le recours à l'éolien a été bénéfique ponctuellement, notamment pour soutenir le pic de consommation du 12 décembre.
Concernant le gaz, le niveau de remplissage des stocks a atteint un niveau record avec 95 % pour l'Europe et 100 % pour la France (niveaux supérieurs à l'historique).
Le froid de décembre n'a pas eu de conséquences critiques
Le froid de décembre a entrainé une consommation plus forte que lors de l'hiver froid de référence 2012/2013, tout en restant soutenable grâce à l'ensemble des mesures prises en amont. Les échanges transfrontaliers ont joué un rôle essentiel pour passer cette période.
Le comportement des Français et de l'industrie a permis de supporter la demande en électricité, mais a mis en évidence le lien entre l'évolution de la température du 1 au 18 décembre et la consommation. On remarque que le pic du froid du lundi 12 décembre a coïncidé avec celui de consommation, mais à l'inverse, la hausse postérieure des températures les 13 et 14 n'a pas entraîné une baisse très marquée de la consommation. Elle est restée à des niveaux supérieurs à celle du début du mois, à températures comparables. Le redoux actuel, perceptible et durable, a fait redescendre progressivement la demande. Ce type de haut plateau faisant suite à un pic de froid est un signal à surveiller lors de prochains épisodes froids.
Enfin, indiquons que les "signaux Ecowatt" tiennent compte de paramètres multifactoriels. Seules 0 à 3 "alertes rouges" semblent envisagées pour cet hiver, alors que les premiers calculs indiquaient plutôt un risque de 3 à 5.
Quel contexte météorologique à l'échelle de l'Europe serait critique pour la consommation ?
On le voit, les conditions météorologiques influent sur la consommation d'électricité, mais ne constituent pas le seul paramètre. Le pic du 12 décembre l'a démontré. D'autre part, RTE communique sur un bon niveau de confiance pour l'absence de vague de froid jusqu'au 15 janvier environ, permettant de passer les fêtes de fin d'année sans crainte. Cette fiabilité est en cohérence avec nos prévisions saisonnières qui font état d'un mois de janvier doux en France, malgré un risque de retrouver des températures à nouveau plus basses en dernière décade. Ce sera un point à surveiller.
La période froide que nous avons connue en première décade de décembre permet de tirer des enseignements : le froid concernait l'Europe du Nord, tandis qu'une grande douceur se maintenait sur les pays du bassin méditerranéen. La consommation européenne n'était donc pas uniforme. Le "scénario du pire" serait la présence d'un vaste anticyclone avec du froid marqué et une absence de vent sur toute l'Europe de l'Ouest, ce qui serait exceptionnel et qui n'est pas, à ce jour, prévu. Les différences de températures à l'échelle européenne ont été un des éléments facilitant le pilotage des échanges d'énergie entre pays.
En conclusion, il faut souligner la confiance de RTE pour les semaines à venir en France. De nombreux paramètres jouent en notre faveur. Les conditions météorologiques clémentes font partie de ces paramètres favorables, mais pas seulement. L'arrêt de certains réacteurs EDF ne change pas les prévisions pour cet hiver. RTE souligne d'ailleurs que le prochain hiver 2024 devrait être "plus favorable" pour l'électricité, avec la remise en service de certains de ces réacteurs nucléaires. "Nous avons les moyens d'éviter les coupures cet hiver", conclue RTE à l'issue de sa conférence de presse.