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Pourquoi les giboulées de neige sont-elles si difficiles à prévoir ?

Par Cyril BONNEFOY, météorologue
mis à jour le

Cette semaine les averses de neige en ont surpris plus d’un. Capables de blanchir les sols en quelques minutes et faisant baisser la température en l’espace d’1 à 2 heures, ces averses sont difficilement prévisibles dans leur localisation et leur intensité. On vous explique pourquoi.

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L’agglomération de Bordeaux sous 2 à 3 cm de neige, Orléans sous 4 cm et des avions déroutés d’Orly en raison de la neige, voilà des scènes qui en ont étonné plus d’un cette semaine. Le risque était bien prévu pour ces régions, mais les alertes météo n’ont pas été systématiques. Une question légitime est : pourquoi ?

Des minimums dépressionnaires difficiles à prévoir dans leur localisation

Les giboulées de neige peuvent être un véritable casse-tête pour les prévisionnistes. Le risque reste facile à appréhender, mais il est ensuite beaucoup plus difficile de prévoir où tomberont ces averses et avec quelle intensité. Comme ce jeudi en Île-de-France, des minimums dépressionnaires (petites dépressions) se forment au-dessus du pays, de manière très aléatoire. Chaque modèle météo y va de sa prévision et ne voit pas forcément ces dépressions aux mêmes endroits et au même moment. Si la situation générale était plutôt bien cernée ce jeudi, il était quasiment impossible de savoir dans le détail où ces averses tomberaient. La communication de nos services météo doit donc être orientée sur le risque, afin de vous préparer à une situation potentiellement impactante. Dans le cas où ce risque est suffisamment étendu et avec une bonne fiabilité, une alerte météo est émise. Ce n’était pas le cas sur l’Île-de-France et d’ailleurs les ¾ de la région n’ont pas eu de neige.

Le rôle de l’isothermie et la tenue au sol

Ces dépressions sont souvent accompagnées d’air froid en altitude, ce qui déstabilise encore plus la masse d’air. De gros cumulus voire cumulo-nimbus se forment et provoquent des averses soudaines et parfois fortes. Une forte intensité de ces averses peut provoquer une chute rapide de la température. Cela a notamment été le cas sur Bordeaux avec une baisse de 6°C à 0°C en seulement 3h. Ce phénomène météo est appelé isothermie. La température étant un facteur clé pour les chutes de neige et leur tenue au sol, leur prévision devient alors délicate et les modèles s’y perdent. Ainsi, sous l’averse, la température peut chuter autour de 0°C et la neige tenir, alors qu’à quelques kilomètres de là, la température se maintient à 6°C sous un temps sec. Si vous circulez dans cette configuration, vous vous rendrez compte que vous pouvez passer de paysages totalement blancs à d’autres complètement dépourvus de neige.

Quel risque ces prochains jours ?

Risque de neige ce week-end © La Chaîne Météo

Hier soir, un nouveau minimum dépressionnaire s'est creusé sur le Benelux. Il est descendu en direction du nord-est puis le centre-est du pays. Étant associée à de l’air froid en altitude, la masse d’air s'est déstabilisée avec de fortes averses de neige du nord de la Lorraine et de l'Alsace à l’ensemble du Massif central.

Importantes chutes de #neige dans la Meurthe-et-Moselle. Localement, la couche atteint plus de 10 cm. Cette neige va s'estomper ce matin, mais attention au chaussées qui resteront glissantes toute la journée, avec la présence de #verglas ! https://t.co/4zPRSQLXHx

— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) January 21, 2023

Dans ces zones, les cumuls au sol ont été très variables, avec certaines zones qui ont échappé aux averses et d’autres, comme l'Alsace Bossue, qui ont cumulé plusieurs centimètres ce samedi matin, jusqu'à 20 cm dans le secteur de Bitche. Ce risque reste marqué ce week-end et en début de semaine prochaine du nord-est au centre-est en raison de la persistance de retours d’est. En effet, une dépression stagne en Méditerranée, du côté de l’Italie, et ramène des nuages et des averses neigeuses sur ces régions.

Si la météo s’améliore ces prochains jours avec le retour d’un temps plus sec à l’échelle nationale, les régions du nord-est au centre-est restent exposées à un risque de chute de neige en raison des retours d’est. Nos services étudieront la mise en place potentielle de communiqués spéciaux le cas échéant. En effet, la persistance de chutes de neige, même faibles, peut dans cette configuration apporter des cumuls significatifs dans ces régions, comme ce samedi matin en Lorraine et sur le nord de l'Alsace.

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