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Anticyclone persistant : une situation préoccupante en ce mois de février
Le temps sec se prolonge sur la France et cette situation devrait persister jusqu’à la fin du mois. La faute à des anticyclones tenaces qui entraînent une sécheresse hivernale préoccupante. Il s’agit d’une tendance de fond qui s’accentue depuis les années 2000, parallèlement à l’accélération du réchauffement climatique.
Précipitations déficitaires sur l’ensemble de l’hexagone, quasi-absence de chutes de neige fraîche en montagne, la persistance des hautes pressions depuis le début février entraîne un temps sec. Certes, cette évolution réjouit les vacanciers qui bénéficient d’un bel ensoleillement, surtout en montagne. Mais le déficit pluviométrique s’annonce d’ores-et-déjà remarquable au vu des prévisions pessimistes jusqu’à la fin du mois.
Février, le mois statistiquement le plus sec de l’année
Les faibles précipitations en février ne sont pas étonnantes. En France, il s’agit généralement du mois le plus sec de l’année avec septembre. On note par exemple, une moyenne de 52 mm à Paris, 37 mm à Toulouse, 18,7 mm à Clermont-Ferrand et 34 mm à Strasbourg. Mais cette année, les précipitations tombées en cette première quinzaine de février sont souvent situées entre 0 et 4 mm, hormis sur le Roussillon avec 18,7 mm à Perpignan. Ce déficit remarquable fait suite à un mois de janvier qui avait déjà été légèrement déficitaire de 5% à l’échelle du pays. Mais, bien que le mois de février soit l'un des mois les plus secs de l’année, on note une accentuation de cette tendance anticyclonique depuis les années 1990, et surtout depuis 2015.
Des hautes pressions de plus en plus fréquentes sur l’Europe de l’ouest
La pression atmosphérique traduit la présence d’anticyclones (hautes pressions) ou de dépressions (basses pressions). À l’échelle de l’Europe de l’Ouest, on constate une évolution flagrante de la récurrence de hautes pressions à l’échelle annuelle (graphique). Pour les mois de février, la tendance est moins visible avec des variations, bien que 2023 soit la 3ème année consécutive marquée par un mois de février majoritairement anticyclonique et déficitaire en précipitations. Ces hautes pressions sont souvent d’origine subtropicale, remontant des Açores vers les hautes latitudes, ce que l’on observe généralement en été. C’était surtout le cas l’année dernière où février avait terminé à +2,4°C au-dessus des moyennes. Cette année, la première décade de février s’est caractérisée par un anticyclone situé sur l’Europe centrale, véhiculant de l’air assez froid sur notre pays. Mais à ce jour, avec l’orientation du flux au sud, les températures entament une remontée, et février 2023 terminera possiblement autour de +1,5°C.
Une sécheresse qui s’installe dans la durée
La tendance annuelle à la récurrence anticyclonique se traduit par des déficits pluviométriques chroniques, sans recharge significative hivernale, et par une succession d’étés caniculaires et très secs. Cette tendance anticyclonique connait une véritable accélération depuis 2015. Cela limite la durée des flux perturbés et creuse un déficit hydrique chronique. Lorsque cela survient en hiver, ce déficit est lourd de conséquence car il ne permet pas la recharge suffisante des nappes phréatiques. Pourtant, l’analyse des données ne montre pas de diminution de la pluviométrie annuelle en France entre la période 1981-2010 et la période 1991-2020, qui est de 934,7 mm par an. Mais, au sein de cette apparente stabilité, la répartition saisonnière et géographique change : le printemps devient plus sec, et les régions de l’est sont celles qui s’assèchent davantage. A contrario, le nord-ouest et le sud-ouest ont tendance à être plus humides. Pour les mois de février, l’écart à la normale depuis 20 ans (notre graphique) montre une tendance à l’assèchement de 8%, avec 13 mois de février sur 20 plus secs que la normale sur cette période. Ce mois de février 2023 pourrait battre des records avec possiblement 80 % de déficit hydrique.
Un mois de février sec pris isolément n’est pas incohérent avec le climat de la France, ceux de 1921, 1932, 1959 ou encore 1998 et 2012 ayant été aussi secs que l’actuel. Mais, si la variabilité reste marquée d’un mois de février à l’autre, on constate une tendance globale à l’assèchement des fins d’hiver et des printemps, tandis que les étés sont devenus plus secs et plus chauds. C’est ce contexte global qui est préoccupant car la recharge des nappes phréatiques en hiver n’est pas assez régulière pour faire face à nos étés devenus trop chauds et trop secs.