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Orages, grêle, yo-yo des températures : la météo est-elle détraquée ?
Cette première quinzaine de mars est marquée par des changements de temps brutaux. Températures qui font le grand écart, orages dignes d'un mois de juin, le temps est-il détraqué ? Les causes de ce grand chambardement sont à chercher en outre dans la haute atmosphère, au niveau du jet stream.
Si les températures moyennes de cette première quinzaine de mars sont proches des normales, cela masque de très fortes amplitudes parfois quotidiennes entre des coups de douceur et des journées bien fraîches. Conséquence de ces changements brutaux de masses d'air : le déclenchement d'orages avec de la grêle, comme en plein mois de mai ou de juin. Cette situation trouve en partie son explication dans les ondulations parfois extrêmes du jet stream.
Un jet stream qui ondule entre l'Amérique et l'Europe
Le jet stream, ou "courant jet", désigne les vents qui circulent autour de la planète d'ouest en est, en haute altitude, vers 7000 à 10 000 mètres. Véritable moteur du climat de l'hémisphère nord, il se forme par la différence entre les deux masses d'air principales qui s'opposent : l'air polaire et l'air subtropical. À noter qu'il existe également un "jet stream" polaire, uniquement en hiver, mais dont les conséquences sont moindres sous nos climats tempérés.
En configuration habituelle, le jet stream adopte une circulation assez linéaire, responsable des vents dominants d'ouest à sud-ouest. Mais, par périodes, il se met à onduler en formant des méandres plus ou moins forts. Sa vitesse ralentit et entraine des situations de blocage. Si cet hiver a été marqué par un jet stream très affaibli, permettant à de puissants anticyclones d'apporter un temps calme, stable et surtout très sec, on a pu observer des situations atypiques. Ce fut le cas notamment lorsqu'un méandre est descendu ou remonté sur l'hexagone et a propulsé des masses d'air de températures très contrastées, chaudes et froides. À la zone de conflit, de fortes perturbations se sont formées et générées des coups de vent et de violents orages.
Des contrastes de températures littéralement "explosifs"
Pendant l'hiver, les contrastes de température sont moindres que durant les intersaisons. Cependant, cet hiver a été également caractérisé par une étonnante alternance de quinzaines froides et de quinzaines très douces en raison de ces ondulations du jet stream. Mais lorsque le printemps arrive, les conflits de masse d'air se renforcent naturellement entre l'air froid qui résiste encore et les premières bouffées d'air doux remontant du sud. Lorsqu'un méandre du jet stream plonge sur l'Europe de l'Ouest, comme c'est le cas de façon récurrente depuis ce début mars, nous subissons alors de forts contrastes thermiques, eux-mêmes déclencheurs d'intempéries, comme la tempête Larisa et les orages de ce début de semaine. En effet, ce sont les conflits de masses d'air qui dynamisent la formation des dépressions et des fronts qui les accompagnent, en particulier les puissants front froids générateurs d'orages.
Des orages remarquables pour cette époque de l'année
Conséquence directe de ces fortes ondulations du jet stream qui touchent l'Europe du nord-ouest dont la France : le retour des perturbations et des pluies. Après des semaines de sécheresse hivernale, les pluies sont revenues. Mais, au lieu de tomber de manière habituelle en circulant d'ouest en est, elles suivent les vents d'altitude, qui tournent au nord-ouest puis au sud-ouest au gré des perturbations. Ce comportement n'est pas anormal aux intersaisons, périodes de tous les contrastes, mais est particulièrement marqué en ce mois de mars 2023. Les températures gagnent ou perdent de 8 à 15°C en 24 heures, tandis que des orages dignes d'un mois de juin se sont produits jeudi dernier (avec la formation de tornades, comme dans la Creuse par exemple) et ce lundi. La formation de grosse grêle est également atypique en mars, plutôt réputé pour ses giboulées (grésil, neige fondue et petite grêle). Plus les conflits de masses d'air sont importants, plus les orages sont violents et plus les grêlons peuvent être gros, à l'image de ce qui se produit en Amérique du Nord.
Des orages en mars : quelle évolution ces prochains mois ?
Des orages en mars ne sont pas inédits, mais, cette fois-ci, l'ampleur de la dégradation de ce lundi a très nettement dépassé les précédentes depuis le début des relevés des impacts de foudre par Météorage en 1989. Le mois de mars 2018 avaient été par exemple très orageux, avec des orages pratiquement tous les jours, faisant suite à un hiver froid et perturbé. Auparavant, les mois de mars 2006, 2010 et 2001 étaient les plus foudroyés jusqu'à présent. Désormais, ce mois de mars 2023 sera en tête du classement. Il est intéressant de constater que ces mois de mars orageux faisaient suite à des hivers froids, ce qui n'est pas le cas cette année. Il n'y a donc pas de corrélation automatique. D'autre part, ces années-là étaient placées sous le signe d'un épisode La Nina se terminant (anomalie froide des eaux de l'océan Pacifique), ce qui est le cas actuellement. On peut en déduire, de façon statistique, en observant ce qui s'était passé ces années-là, que les prochains mois et l'été seraient très orageux, mais également chauds.
Ce mois de mars 2023 est désormais le plus foudroyé depuis le début des observations de Météorage en 1989. Cette variabilité climatique est possiblement renforcée par le réchauffement climatique, lequel influence le comportement du jet stream et accentue les remontées d'air chaud subtropical, de même la fonte des glaces de l'Arctique. À la lecture de ce qui s'était passé lors d'années, où les mois de mars avaient été très orageux, on peut en déduire que les mois à venir resteraient orageux et chauds, notamment pendant l'été.