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Températures caniculaires : l'Espagne et le Maroc en surchauffe, des records de chaleur pulvérisés

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Depuis mardi, de nombreux records de chaleur ont été battus pour un mois d'avril en Espagne et au Maroc. Ce jeudi, c'est même un record national de chaleur qui est tombé en Espagne avec 38,8°C à Cordoue. Au Maroc, un nouveau record de chaleur a été battu à Marrakech avec 41,3°C ! Le pic de canicule se maintient ce vendredi, avant de baisser d'un cran ce week-end. D'une façon générale, la tendance chaude et surtout extrêmement sèche persistera encore toute la semaine prochaine au moins.

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Canicule en Espagne, jusqu'à 40°C © La Chaîne Météo

La canicule bat son plein sur le Maroc, l'Espagne et le sud du Portugal. Ce jeudi, un record national de chaleur pour un mois d'avril a été battu en Espagne avec 38,8°C. Si cette chaleur exceptionnelle pour la saison va régresser un peu à partir du week-end, cette situation est extrêmement problématique sur le front de la sécheresse et des conséquences qui en découleront : réduction des rendements des récoltes, flambée prévisible des prix et restrictions drastiques de l'usage de l'eau.

Températures prévues et records © La Chaîne Météo

Des températures proches de 40°C, dignes d'une fin juin

Même si les Espagnols indiquent parfois qu'ils ont l'habitude des 40°C à l'ombre, rappelons que c'est moin d'être la normalité en avril. Certes, des périodes de forte chaleur se sont déjà produites par le passé (2017 et 2011 notamment, qui détient à ce jour le record de chaleur européen pour un mois d'avril avec 39°C le 9 avril 2011 à Orihuela, dans la province d'Alicante). Cette valeur pourra être battu ce vendredi. Avec des températures de 12 à 16°C supérieures aux moyennes, cette vague de chaleur précoce restera dans les annales de la météo.

Pour le Maghreb, les très fortes chaleurs sont également exceptionnelles puisque des records pour un mois d'avril sont tombés mardi et mercredi, y compris près du littoral atlantique, à l'aéroport de Casablanca avec 39°C. Tanger, pourtant d'ordinaire venté en bord de mer, a relevé 34,7°C mercredi après-midi. Toutes ces températures constitueraient déjà une forte vague de chaleur en plein été. En avril, c'est donc particulièrement impressionnant.

Records de chaleur jeudi 27 avril © La Chaîne Météo

Ce jeudi, le jour le plus chaud avec de nombreux records

Ce jeudi, les températures dans l'après-midi ont gagné encore un à deux degrés supplémentaires par rapport à la veille. De nouveaux records ont été relevés sur les mêmes zones, avec 37,1°C à Séville et 38,8°C à Cordoue. La barre des 39°C a donc été frôlée en Espagne, tout près du record d'avril 2011.

L'évolution pour ce vendredi reste marquée par de très fortes chaleurs, mais qui ne s'élèveront pas davantage. Sur le nord de l'Espagne, on devrait perdre un à deux degrés, ce qui reste de toute façon extrêmement élevée, proche de 35°C. Pour le Maroc et l'ouest de l'Algérie, les températures baisseront également pendant le week-end à la faveur d'un air venant de l'océan, mais la vague de chaleur se décalera plus franchement sur le centre de l'Algérie, où les 40°C seront aussi approchés.

La sécheresse exceptionnelle va se maintenir malgré la baisse des températures

Bien que les températures soient amenées à baisser à partir du week-end et à rester plus raisonnables la semaine prochaine sur la péninsule ibérique et l'Afrique du Nord, le problème le plus crucial reste la sécheresse. En effet, cette canicule précoce fait suite à une saison hivernale pendant laquelle il est tombé moins de la moitié des pluies habituelles sur le centre-est de l'Espagne. Au Portugal, la situation est moins critique car l'hiver a été plus arrosé. Au Maghreb, des épisodes pluvieux et neigeux en montagne avaient permis de remplir partiellement les barrages en Algérie et au Maroc, alors que la Tunisie a connu, a son tour, un hiver extrêmement sec. Mais, pour l'Afrique du Nord, ces dernières semaines sèches et chaudes ont fait perdre le bénéfice de ces précipitations hivernales qui étaient, de toute façon, insuffisantes.

À ce jour, la situation est particulièrement critique. En Espagne, les sols sont aussi secs qu'au cœur de l'été, avec un indice d'humidité équivalente à celle du Sahara. Les lacs réservoirs ne sont remplis qu'à 25%, et il semblerait que près de 60% des récoltes soient déjà perdus. Face à ce constat, les conséquences économiques risquent d'être lourdes ces prochains mois pour le pays. Flambée des prix des fruits et légumes, hausse des prix des céréales, baisse prévisible de la fréquentation touristique cet été ? L'Espagne, mais aussi indirectement les pays européens, risquent d'être confrontés ces prochains mois à de vives préoccupations environnementales et économiques.

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