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Intempéries : pourquoi des orages parfois violents éclatent au sud tous les jours ?
Depuis une dizaine de jours, le temps semble bloqué sur la France : le beau temps s'est durablement installé sur la moitié nord alors que les orages, parfois violents, éclatent tous les jours au sud. Comment expliquer cette situation, et cela va-t-il durer encore longtemps ?
Ce mois de mai est finalement assez atypique sur la France. Depuis la mi-mai, un puissant anticyclone s'est scotché au voisinage des îles britanniques, tandis que les dépressions sont descendues vers le sud, sur le bassin méditerranéen. La France se trouve à la zone de contact de ces deux influences avec un déclenchement répétitif d'orages dont les causes sont multifactorielles.
Des centres d'action "inversés" qui ont déjà provoqué de gros dégâts
À l'échelle de l'Europe, les centres d'action habituels sont inversés avec un temps durablement perturbé de l'Espagne au Maghreb et à l'Italie, jusqu'aux Balkans, où les inondations ont provoqué de lourds bilans humains et matériels. La France est également concernée par cette configuration atypique, où le temps reste stable et sec sur la moitié nord et orageux au sud. La pression atmosphérique reste élevée au nord de la Loire, entre 1015 et 1025 hPa (hautes pressions), tandis qu'au sud, elle est légèrement dépressionnaire (entre 1012 et 1015 hPa). Un creux de basse pression sépare ces deux influences des Açores jusqu'aux Balkans en passant par le sud de la France.
Le "marais barométrique" : de faibles différences de pression sur une zone étendue
Alors que les différentiels de pression sont plus importants au nord (ce que l'on appelle le gradient de pression, qui explique la formation du vent), ils sont nettement moins marqués au sud où la pression est plus homogène. Résultat, il y fait plus lourd en raison de l'absence de vent, d'où l'appellation imagée de "marais barométrique", où rien ne bouge. Cette situation est propice au développement des orages, car l'absence de vents horizontaux favorise les courants ascendants (la convection), générateurs des nuages d'orage. En altitude, la présence d'air froid venant d'Europe centrale accentue le contraste vertical de températures, avec de l'air chaud au sol et des gouttes froides dans la haute atmosphère.
Convergence des vents et creux dépressionnaires
Ces termes techniques signifient que le vent soufflant du nord-est s'arrête au milieu de la France, globalement des Charentes au Jura, là où cesse l'influence de l'anticyclone britannique, ce qui a pour effet de former une ligne où convergent les vents. Cette ligne correspond à un creux de basses pressions peu mobile, qui s'étire en réalité du large du Portugal aux Balkans en passant par l'Espagne et le sud de la France, une situation propice à la formation des courants ascendants, et donc des orages.
Les montagnes : le "booster" des orages
Enfin, cette situation trouve son détonateur dans la présence des reliefs. Les montagnes sont un facteur qui accélère les courants ascendants : l'air chaud est forcé de s'élever le long des pentes, ce que l'on appelle le "forçage orographique". En s'élevant, la masse d'air se refroidit avec l'altitude et selon le principe de condensation, les nuages peuvent alors se former, gonfler et générer des orages qui, en l'absence de flux, sont peu mobiles et déversent des pluies torrentielles au même endroit : on parle alors "d'orages orographiques".
Cette situation est donc à la fois simple à expliquer, et délicate dans l'élaboration d'une prévision locale, les orages pouvant se manifester de façon ponctuelle. Tant que le contexte météorologique sera ainsi bloqué, avec la persistance de l'anticyclone nordique, il n'y aura pas d'évolution. Selon nos prévisions, il ne faut pas attendre de changement avant le courant de la semaine prochaine.