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Canicule marine : pourquoi les températures de la mer sont-elles élevées ?
Depuis le début juin, les températures de l'Océan Atlantique nord sont plus élevées que les normales de saison. Cela se ressent notamment sur les plages du sud de la Bretagne où l'eau est 2 à 3°C plus tiède que d'habitude pour cette époque de l'année. Voici les explications de cette canicule marine.
Depuis le début du mois de juin, les températures océaniques de l'Atlantique Nord et de la Méditerranée sont de 2 à 4°C supérieures aux moyennes de saison, et localement jusqu'à +5°C comme dans le golfe de Gascogne actuellement. Mais, d'une façon globale, les températures océaniques planétaires sont plus élevées que la normale. Le terme de "vague de chaleur marine" a été utilisé pour mettre en exergue ce phénomène, "lorsque la température de surface de la mer est plus élevée que 90% du temps pendant plus de cinq jours", selon Raphaël Seguin, biologiste marin à l'UMR Marbec de l'Université de Montpellier.
L'absence de vent et l'ensoleillement responsables de cette vague de chaleur marine
La hausse des températures de surface des mers et océans a plusieurs causes. La plus connue s'observe dans le Pacifique, lorsque se produit le phénomène El Nino de façon cyclique, ce qui est actuellement le cas depuis la fin du mois de mars. L'océan Pacifique enregistre ainsi des températures de 1,5 à +2°C au-dessus de la moyenne.
Une autre cause du réchauffement des mers et océans est d'origine météorologique. Lorsque des conditions de temps durablement calme et ensoleillé prédominent, les eaux de surface se réchauffent davantage. C'est ce qui se produit en Atlantique Nord et en Méditerranée depuis le début du mois de juin.
Les centres d'action (anticyclones et dépressions) n'étaient pas situés dans leur position habituelle ces dernières semaines. En effet, un anticyclone s'est installé dans les parages des îles britanniques pendant plus d'un mois, s'étendant de l'ouest de l'Irlande jusqu'en mer du Nord. Cette configuration a entrainé la persistance d'un temps bien ensoleillé sur ces zones, tout comme sur le nord de la France où la chaleur a été durable.
En conséquence, un temps calme s'est maintenu sur ces zones marines, avec du vent faible et un très bon ensoleillement. L'absence de vent n'a pas permis le brassage des eaux de surface avec les eaux froides profondes, conduisant à une hausse rapide de la température de la mer. C'est donc une grande partie de nos littoraux qui est concernée par des eaux anormalement chaudes en ce début d'été.
Des températures de l'eau dignes d'un mois de juillet
Dans ce contexte, les températures de l'eau avoisinent parfois 20 à 23°C dans le golfe de Gascogne, même au large, et de 17 à 18°C au sud de l'Irlande et sur les Cornouailles anglaises. La mer du Nord affiche aussi, par endroit, des valeurs proches de 17°C. Sur les plages du sud de la Bretagne, la mer atteint déjà 20°C.
Ce même principe d'un temps calme, chaud et sans vent s'est observé aussi en Méditerranée ces dernières semaines, conduisant à une hausse significative des températures de l'eau, atteignant 23 à 25°C localement.
Toutes ces températures sont dignes d'une mi-juillet. Cela dit, l'évolution ultérieure dépendra grandement des conditions météo à venir. En Méditerranée par exemple, il suffira de 3 jours de mistral et de tramontane pour faire baisser ces températures de 2 à 3°C, ce qui se produit chaque été. Pour l'Atlantique Nord, l'arrivée de dépressions sur les îles britanniques va rompre le processus de réchauffement lié au calme anticyclonique, et le vent va brasser les eaux et accentuer le transfert de chaleur dans l'atmosphère. Il faut s'attendre à une baisse progressive des températures sur ces zones. En revanche, plus au sud, entre les côtes marocaines et les Antilles, sur l'océan intertropical, les températures élevées actuellement devraient persister, notamment en raison d'alizés plus faibles que d'habitude.