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Tempête Ciaran : s'annonce-t-elle aussi violente que les tempêtes de 1999 ?
À l'approche de la tempête Ciaran, qui pourrait apporter des vents de 150 km/h sur nos côtes et 100-120 km/h dans les terres, il nous a semblé intéressant de la mettre en parallèle avec les célèbres tempêtes Lothar et Martin de 1999, qui ont marqué la météorologie française. Décryptage.
Afin de mieux appréhender l’intensité du phénomène qui s'apprête à secouer le pays, nous avons comparé ce dernier aux tempêtes Lothar et Martin. Ces dernières, survenues en décembre 1999, furent les catastrophes naturelles les plus meurtrières et coûteuses qu'ait connues la France métropolitaine. Tempête Ciaran contre tempêtes de 1999 : un match en trois rounds.
Premier round : un cocktail météo plus explosif en 1999
Le courant-jet, ou "jet stream", est un courant d’air rapide circulant à haute altitude au-dessus de nos latitudes. En brassant les masses d’air, il joue un rôle prépondérant dans la formation et le renforcement des dépressions et tempêtes. Les vitesses habituelles du jet stream avoisinent généralement les 100 km/h.
Toutefois, le 26 décembre 1999, une vitesse record de 529 km/h a été enregistrée à 8138 mètres d'altitude au-dessus de Brest. Cette performance exceptionnelle témoigne du dynamisme d’altitude de l'époque et est l'un des facteurs ayant contribué à l'intensité remarquable des tempêtes Lothar et Martin.
Pour le milieu de cette semaine, le courant jet devrait atteindre des vitesses de 250 à 350 km/h au-dessus de l’Atlantique Nord tout en s’affaiblissant en s’approchant de l’Europe. Son intensité sera donc moindre que celle observée en 1999.
Néanmoins, les conditions seront propices en plein océan Atlantique à un développement explosif de la dépression Ciaran. En perdant 30 hPa en 24 heures, elle pourra être qualifiée de “bombe météorologique”, tout comme Lothar en 1999, ou Xynthia en février 2010. Sa phase de développement maximale pourrait cependant intervenir avant son impact sur le continent européen, ce qui la rendrait potentiellement moins violente que les tempêtes de décembre 1999, où la cyclogenèse explosive s'était produite directement au-dessus de la France, représentant ainsi un danger accru.
Deuxième round : une portée géographique moins étendue qu’en 1999
En poursuivant notre comparaison des caractéristiques du courant jet, on note qu’il avait une trajectoire particulièrement rectiligne en 1999, traversant l’océan Atlantique Nord puis l’Europe en ligne droite. Les tempêtes Lothar et Martin ont ainsi été catapultées à vive allure, d’ouest en est, avec une étendue des zones impactées par les vents violents particulièrement large, et n’épargnant aucune région.
Cette semaine, le courant jet sera plus ondulant. Le creux dépressionnaire, autour duquel les vents seront les plus forts, pourrait effleurer les côtes de la Manche avant d’être repoussé vers la mer du Nord. Ainsi, l’étendue géographique de cette tempête pourrait donc s’avérer moins vaste qu’en 1999, en se limitant essentiellement au quart nord-ouest du territoire.
Troisième round : une tempête plus précoce qu’en 1999
Suite à un début d’automne exceptionnellement doux et ensoleillé, les arbres ont conservé davantage de feuilles par rapport à décembre 1999. Cette densité foliaire augmentera leur prise au vent, constituant ainsi un facteur de risque supplémentaire. Les conséquences pourraient être notables, avec des arbres susceptibles de tomber sur les routes, les voies ferrées ou les infrastructures électriques.
Enfin, le développement explosif de la dépression sur l’océan pourrait soulever une houle et engendrer une surcote considérable lors de son impact sur tous nos littoraux. Des vagues pouvant approcher les 12 à 13 mètres sont modélisées entre jeudi et samedi sur les côtes Atlantique et de la Manche. À titre de comparaison, les tempêtes de 1999 avaient engendré des vagues un peu moins importantes, approchant les 8 mètres de hauteur.
La tempête Ciaran prévue ce jeudi devrait donc être moins intense que les tempêtes Lothar et Martin de 1999, qualifiées de "tempête du siècle" en raison de leur période de retour estimée entre 200 et 300 ans. Mais pour l'heure, la comparaison repose sur des anticipations et non des observations, et les modélisations peuvent parfois donner quelques surprises. Le bilan devra donc être tiré après l'évènement. Le rendez-vous est d'ores et déjà pris.