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Ciaran, Lothar, et l'Ouragan de 1987 : comparaison des tempêtes qui ont marqué la France
La tempête Ciaran peut être qualifiée d'historique en Bretagne et dans le Cotentin avec des rafales extrêmement puissantes. Les experts de la Chaine Météo l'ont comparée aux tempêtes historiques d'octobre 1987 et de décembre 1999.
Dès le mardi 31 octobre, nos services météorologiques avaient placé le Finistère et la Manche en alerte rouge pour des vents extrêmement violents en raison de la tempête Ciaran. L'alerte a été étendue aux Côtes-d'Armor le mercredi 1er novembre, présageant un phénomène hors norme. Et les prévisions ne se sont pas trompées : Ciaran a ébranlé ces départements avec une fureur inégalée. Quelle ont été ses caractéristiques par rapport aux autres tempêtes historiques que le pays a connu ?
L'Ouragan de 1987 : un phénomène historique
Il faut remonter à plus de quatre décennies, dans la nuit du 16 au 17 octobre 1987, pour trouver un précédent d'une telle violence : une rafale à 220 km/h fut enregistrée à Granville dans la Manche, mais le potentiel réel de ce phénomène reste un mystère, car ce jour-là, l'anémomètre de la pointe du Roc s'est bloqué. Ce chiffre exprime à lui seul la violence de ce phénomène, dont la fréquence de retour, supérieure à 100 ans, en fait un épisode tempétueux absolument exceptionnel.
Outre les 220 km/h, les autres valeurs de vent au passage de cette tempête ont été redoutables (vents moyens de force 12) : on a relevé 165 km/h à Cherbourg, 187 km/h à Quimper, 200 km/h à Ouessant. Cette tempête, bien qu'étant une dépression des latitudes moyennes, a reçu le surnom d'"Ouragan Breton" en raison de sa force dévastatrice, avec des vagues atteignant 16 mètres, et une surcote de 1,60 m à Brest, mais qui eu peu d'impacts en raison des faibles coefficients de marées (30).
Le coût des dommages s'est élevé à 23 milliards de Francs (3,5Mds€), une somme astronomique pour l'époque, avec une incidence majeure sur les forêts bretonnes dont le quart ne résista pas à ces vents surpuissants. Quinze victimes furent recensées en France, et 19 en Angleterre, alors que plus d'un million de personnes furent privées d’électricité.
Tempêtes de 1999 : exceptionnelles, mais moins extrêmes
Les tempêtes Lothar et Martin, survenues juste après Noël 1999, ont balayé la France. La première a traversé le nord et la seconde a circulé sur la partie sud. Malgré les dégâts importants, notamment en Bretagne, les rafales maximales enregistrées (record à Saint-Brieuc avec 173 km/h) n'ont pas dépassé celles de l'ouragan de 1987.
La tempête Lothar, véritable bombe météorologique, a été particulièrement rapide, traversant le pays dans la nuit du 25 au 26 décembre en 15 heures et faisant 92 victimes en France. Si la tempête de 1999 a été historique pour certaines régions telles que le Bassin parisien et le nord-est, elle l'est moins pour la Bretagne et le Cotentin.
À noter que ces événements de 1999 ont conduit à la création des alertes météorologiques, révélant ainsi l'importance cruciale de la prévision et de la préparation face aux catastrophes naturelles.
Ciaran : des similitudes avec l'ouragan de 1987
L'ampleur des dégâts de la tempête Ciaran est encore en cours d'évaluation, mais ses similitudes avec l'événement de 1987 sont frappantes, tant par sa trajectoire que par l'intensité des vents.
Bien que la rafale maximale (207 km/h) observée à la pointe du Raz soit restée inférieure à celle enregistrée au même endroit en octobre 1987 (216 km/h), des records ont été battus. À Brest, le vent a atteint 156 km/h, surpassant les deux tempêtes précédentes (148 km/h en 1987, et 123 km/h en 1999). Même constat à Ploumanac'h qui a enregistré 166 km/h (contre 162 km/h en 1987 et 148 km/h en 1999). (retrouvez plus de détails dans notre bilan sur l'évènement).
Ciaran s'est concentrée sur un périmètre similaire à celui de 1987, contrastant avec la portée plus étendue de celle de 1999. 1,2 million de foyers ont été privés d'électricité.
Ciaran restera gravée dans l'histoire comme une tempête majeure entre Bretagne et Normandie, se positionnant aux côtés de l'ouragan de 1987 et surpassant Lothar et Martin de 1999 dans cette région.
Ces événements soulignent l'impératif d'adaptation face à la recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes, dans un contexte climatique en pleine mutation. Les leçons tirées de ces catastrophes doivent servir à renforcer les systèmes d'alerte et à préparer les populations à faire face à de tels défis avec plus de résilience.