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Bilan du passage de Kirk : 113 km/h de vent à Lyon, plus d'un mois de pluie à Paris, crues et inondations
La dépression Kirk qui a traversé la France de la Vendée à la Lorraine entre mercredi 16h et jeudi 3h a provoqué des dégâts importants liés aux pluies plus qu'au vent. Cet ancien ouragan des latitudes tropicales a eu une trajectoire atypique, remontant en direction du golfe de Gascogne et la France. A son atterrissage sur notre hexagone, un épisode de pluie exceptionnel provoque crues et inondations des Pays de la Loire au Bassin parisien. Des vents forts ont balayé le sud et l'est du pays.
Des pluies records des Pays de la Loire au Bassin parisien : pourquoi une telle pluviométrie ?
Le caractère très pluvieux de la perturbation qui a circulé pendant près de 24 heures sur un axe allant des Pays de la Loire à la Belgique en passant par le Bassin parisien s'explique par l'origine de la dépression Kirk qui a survolé les latitudes tropicales de l'Atlantique avec une masse d'air qui s'est gorgée d'humidité. La plupart des perturbations océaniques qui arrivent en France se forment au large de Terre-Neuve et circulent au-dessus de mers plus fraîches, avec moins d'eau précipitable. La dépression extra-tropicale Kirk a conservé un « cœur chaud » jusqu'à son arrivée sur la France, ce qui a amplifié les précipitations. Au contact de l'air plus frais descendant des Iles Britanniques, un axe très précipitant est venu se bloquer pendant plusieurs heures au même endroit.
Les cumuls de pluie ont atteint l'équivalent d'un mois de pluie. A Paris, avec 70 millimètres, on dépasse même largement le cumul moyen d'octobre qui est de 55 mm. Il faut remonter à plus d'un siècle (17 octobre 1920 avec 74 mm) pour retrouver une pluie journalière d'une telle ampleur dans la capitale.
Des crues et inondations : une alerte rouge pour le Grand Morin en Seine-et-Marne
Cet épisode de pluie durable n'est pas sans conséquences sur le réseau hydrologique. Les sols étant saturés suite aux pluies de ces dernières semaines, les précipitations ne s'infiltrent plus beaucoup dans les sols. Elles s'écoulent vers les cours d'eau ou stagnent dans les fonds de vallées et plaines agricoles qui voient de véritables lacs se former au sein des parcelles. La Seine-et-Marne, après un épisode de pluie déjà exceptionnel le 27 septembre dernier (jusqu'à 100 mm dans le secteur de Coulommiers), a vu de nouveau l'équivalent d'un mois de pluie tomber dans la journée du mercredi 9 octobre (50 à 70 mm). Le Grand Morin a donc été placé dans l'après-midi de mercredi en alerte rouge par l'organisme Vigicrues en prévision d'une crue exceptionnelle. Ce jeudi 10 octobre, le pic de crue du Grand Morin est record puisque le niveau d'eau dépasse la crue de référence de juin 2016.
Les inondations sont généralisées dans la vallée du Grand Morin, au cœur du grand plateau agricole de la Brie. Le centre-ville de Coulommiers se retrouve les pieds dans l'eau.
Un épisode de vent fort qui a surtout touché le sud-ouest et le centre-est
C'est à l'arrivée du centre dépressionnaire Kirk que les vents se sont nettement renforcés mercredi après-midi sur la côte aquitaine et les crêtes pyrénéennes. Les rafales ont atteint 109 km/h au Cap Ferret en Gironde, 120 km/h à Ciboure sur la côte basque. Dans les terres, il a été relevé 111 km/h à Pau ainsi qu'une violente rafale à 138 km/h à Peyrusse-Grande dans le Gers. Dans les Pyrénées, à la station météo très exposée au vent de sud d'Iraty (1400 m), une très violente rafale à 211 km/h a été observée. Dans la soirée, c'est au tour du centre-est de subir de violentes rafales de vent de sud avec 104 km/h au Puy-en-Velay, 107 km/h à Lons-le-Saunier et 113 km/h à Lyon-Bron. Dans la nuit, les vents les plus forts sont remontés vers le nord-est avec jusqu'à 113 km/h à Mulhouse. Ces vents forts ont occasionné des chutes d'arbres et des dégâts aux toitures dans les secteurs les plus exposés au vent.
Une forte houle en Atlantique et en Méditerranée
Le vent de sud à sud-est a levé de fortes vagues de sud sur le golfe du Lion. Au large de Marseillan dans l'Hérault, 3 bateaux ont chaviré, faisant une victime et un blessé grave. En Atlantique, les conditions de mer étaient particulièrement dégradées sur la partie sud du golfe de Gascogne avec une forte houle de 3 à 4 m d'ouest-sud-ouest venant se croiser à la mer du vent de sud, levant des vagues de 2 à 3 mètres.
La dépression Kirk s'est rapidement évacuée vers l'Allemagne en fin de nuit de mercredi à jeudi. Pour autant, le temps restait instable au nord avec un régime d'averses. L'ouest et le sud-est du pays retrouvaient un temps plus sec. Avec toutes les pluies tombées, les crues et inondations restent sous haute surveillance. De nombreux cours d'eau sont sous vigilance par l'organisme Vigicrues.