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Le 16 octobre 1987 : la plus violente tempête du siècle frappait la Bretagne et la Normandie
Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987, une des plus fortes, si ce n’est la plus violente tempête qu’ait connue la France, frappait la Bretagne et la Basse-Normandie, faisant des dégâts hors normes. À tel point qu’on parle aujourd’hui de "l’ouragan de 1987", même s'il ne s'agissait pas d'un ancien ouragan, comme c'est parfois le cas. Retour sur cet épisode météorologique majeur.
220 km/h, c’est la rafale maximale enregistrée à Granville dans la Manche dans la nuit du 16 au 17 octobre 1987. Mais le vent pourrait même avoir été beaucoup plus fort : l'anémomètre de la pointe du Roc s'est bloqué (la mesure atteinte n'a jamais été réellement connue). Ce chiffre exprime à lui tout seul la violence de ce phénomène ayant une fréquence de retour supérieure à 100 ans, ce qui en fait un épisode absolument exceptionnel. Pour les régions du nord-ouest de la France, ce fut véritablement la "tempête du siècle", plus forte que celle de décembre 1999.
Une tempête exceptionnelle
Tout commence par une première tempête touchant la Bretagne dans la soirée du 16 octobre qui fit très peu de dégâts. En revanche, dans la continuité, une autre dépression se forme très rapidement dans le golfe de Gascogne, en raison de l’apport d’une masse d’air très froid sur des eaux anormalement chaudes pour la saison, en conjonction avec un fort courant jet en altitude. Cette dépression se creuse alors de façon explosive (on parle de "bombe météorologique") tout en se dirigeant vers la Bretagne qu’elle atteint dans le milieu de nuit du 16 au 17 octobre, avec une pression record de seulement 948 hPa. Elle remonte ensuite vers l’Angleterre puis la mer du Nord avec une puissance constante. La tempête fit d’ailleurs aussi d’énormes dégâts en Angleterre : pour ce pays, ce fut la catastrophe climatique la plus coûteuse de tous les temps.
Les vents au passage de cette tempête sont alors redoutables (vents moyens de force 12).
On relève par exemple 165 km/h à Cherbourg, 187 km/h à Quimper, 200 km/h à Ouessant, et donc jusqu’à 220 km/h dans le département de la Manche à Granville. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un réel phénomène cyclonique, mais bien d’une dépression des latitudes moyennes, la force des vents lui a valu le nom d "ouragan de 1987". Les coefficients de marée furent faibles (coef 30), mais les vagues atteignirent 16 m à Ouessant ou encore à Belle-Île. La surcôte associée atteignit 1,60 m à Brest, en ayant peu d'impacts compte-tenu de ce faible coefficient de marée.
Des dégâts colossaux
Bien que peu de régions furent concernées (Bretagne, Normandie), les dégâts liés à cette tempête furent extrêmes. L’ouragan provoqua le décès de 15 personnes en France, et 19 en Angleterre, alors que des milliers d’autres furent privés d’électricité. En France, les dégâts ont été estimés à environ 23 milliards de Francs à l'époque, soit 3,5 milliards d’euros. Des forêts entières furent ravagées, quasiment le quart de la surface des bois de Bretagne ne résistèrent pas à ces vents surpuissants. Les rafales, cantonnées à un petit quart nord-ouest de la France, frôlèrent le Calvados avec des pointes dépassant 140 km/h à Caen, faisant s'écrouler l'un des clochetons de l'Abbatiale Saint-Etienne.
En plein jour, le passage de cette tempête colossale aurait été sans doute encore nettement plus lourde de conséquences.
Le paysage le matin du 17 octobre 1987 a totalement changé, certains habitants parlent à l’époque de champs de ruine, en comparant le paysage avec celui de Verdun lors de la Grande Guerre. L’agriculture, aussi, subit gravement ces intempéries, de nombreux hangars ayant été détruits, emportant les cheptels d’animaux avec, alors que les arbres fruitiers furent ravagés.
Sur les côtes, ce sont les ports de pêche et de plaisance qui sont, eux aussi, pulvérisés. À Cherbourg par exemple, environ 700 bateaux sont détruits, soit 90% des navires du port. Le constat est le même dans le golfe du Morbihan.
Stupeur face à l'ampleur du désastre
La tempête n'ayant concerné que ce quart nord-ouest, le pays et les médias ne prirent véritablement conscience de l'ampleur du désastre que 48 heures plus tard, laissant dans la pénombre plus d'un million d'habitants. La majeure partie des départements touchés par cet ouragan furent par la suite placés en état de catastrophe naturelle.