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Voici pourquoi cet épisode cévenol dépasse en ampleur les prévisions des modèles météo

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

L'épisode cévenol en cours dépasse largement les prévisions des modèles météo et figurera parmi les plus importants depuis une dizaine d'années. Cette situation conduit à une gestion assez complexe de l'évènement avec des alertes météo très évolutives.

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Notre Ardèche à Labégude © meteorologist

Alors que cet épisode cévenol devait être classique pour cette époque de l'année, avec des cumuls qui étaient estimés autour de 300 mm par les modèles météorologiques, la situation a présenté une évolution nettement plus grave avec déjà le double de ce qui était prévu sur les hauteurs cévenoles ainsi que sur les Alpes-Maritimes.

Le double de précipitations par rapport à ce qui était prévu

Les prévisions météorologiques sont réalisées sur la base des résultats délivrés par les supercalculateurs, puis affinées par les météorologues. Le contexte météorologique était propice au déclenchement d'un épisode cévenol et méditerranéen (avec une extension géographique plus vaste) "classique" pour la saison. Les cumuls envisagés devaient atteindre 300 mm sur les Cévennes en 48 heures;

Mais, depuis la nuit dernière, les précipitations se sont renforcées et les nouveaux résultats des modèles révisaient à la hausse les cumuls attendus. De ce fait, les alertes météo ont été étendues, donnant l'impression de courir après l'évènement qui, quelque part, échappait aux calculateurs.

Avec de tels cumuls, les crues ont pris de l'ampleur atteignant les valeurs records que l'on constate. Même si l'on s'attendait tout de même à un épisode de vaste ampleur géographique, l'intensité des pluies a surpris.

Un concours de circonstances de facteurs aggravants

Comment les modèles numériques ont-ils pu sous-estimer cet épisode ?

A cette heure, les cumuls sont le double de ce qui était prévu deux jours auparavant pour les Cévennes et les Alpes-Maritimes. Même si les actualisations de ces modèles révisaient sans cesse à la hausse ces pluies, on peut dire que l'épisode présente des cumuls de plus du double de ce qui était prévu par endroit. Avec du recul, on peut penser que l'air chaud et humide remontant de Méditerranée contient davantage de vapeur d'eau avec un potentiel "d'eau précipitable" plus important que modélisé. On peut y voir un effet concret du réchauffement climatique.

Autre facteur : l'arrivée d'un front froid par l'Aquitaine ce jeudi. Progressant vers les Cévennes, ce front froid provoque un forçage et accroit l'instabilité avec de violents orages qui provoquent des intensités horaires très importantes. Dans ce contexte, les cumuls de pluie augmentent rapidement pendant des heures. C'est cette perspective qui a justifié le passage en alerte rouge des Alpes-Maritimes, en raison des sols déjà saturés et des nouveaux cumuls attendus. Le potentiel d'inondations historiques est présent.

Cet évènement figurera parmi les plus intenses de ces 10 dernières années. Des précédents existent, tels 2002, 2008, 2001 et 2014, où des épisodes meurtriers s'étaient produits entre l'Aude et les Cévennes, pas forcément sur les mêmes départements qu'aujourd'hui, mais dans des contextes similaires. Les valeurs que l'on risque de mesurer cette fois, avec probablement jusqu'à 800 mm localement sur les hauteurs cévenoles, s'inscriront donc dans cette liste d'épisodes exceptionnels.

Nous insistons sur la plus grande prudence à avoir face à ces intempéries. Le comportement responsable de tout à chacun pourra éviter, nous l'espérons, que des victimes soient à déplorer.

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